Voici un interview que jâai rĂ©alisĂ© rĂ©cemment pour le magazine SantĂ© IntĂ©grative », dâabord parce que jâaime la poĂ©sie de Rilke, adorant le feuilleter de temps en temps pour me mettre en des Ă©tats intĂ©rieurs entre rĂȘverie et rĂ©vĂ©lation spirituelle, ensuite parce quâen la personne de ce jeune acteur JĂ©rĂ©mie Sonntag, il y a une belle intĂ©gration entre la poĂ©sie, le théùtre et lâhypersensibilitĂ© vue sous lâangle venez de prĂ©senter un spectacle poĂ©tique consacrĂ© au grand poĂšte Rilke, au théùtre du Lucernaire Ă Paris, pouvez dâabord nous parler de ce spectacle et de Rilke ?Pendant deux mois avril et mai 2013, jâai prĂ©sentĂ© un solo poĂ©tique, consacrĂ© Ă Rilke, avec un montage de textes issus de toute son oeuvre, mĂ©langĂ© Ă de la video et de la musique. Câest comme une errance, un voyage pour se laisser aller et dĂ©couvrir Rilke et son oeuvre. Celui-ci est nĂ© Ă Prague en 1875, au milieu de lâempire austro-hongrois. Il a commencĂ© son oeuvre en allant Ă Paris, oĂč il devint le secrĂ©taire de Rodin, il a alors cotoyĂ© le monde artistique de lâĂ©poque, mais il a dĂ©cidĂ© de sâen extraire, car il lâapprĂ©hendait beaucoup trop, et il est parti voyager seul dans toute lâEurope, afin dâen ĂȘtre le spectateur et Ă©crire Ă son sujet. Il a dĂ©cidĂ© de ne rien avoir matĂ©riellement, pour voyager de mĂ©cĂšne en mĂ©cĂšne en se consacrant uniquement Ă lâĂ©criture. A la fin de sa vie, un mĂ©cĂšne lui a offert une petite maison en Suisse, oĂč il est mort Ă 51 ans de leucĂ©mie. Rilke est dâabord un poĂšte de lâhypersensibilitĂ© et de lâempathie. Il Ă©crivait souvent trĂšs vite, dâune seule traite, quelquefois en une seule nuit, comme La chanson dâamour et de mort du cornette Christophe Rilke » ; ensuite il a Ă©voluĂ© en essayant de construire un peu plus ses oeuvres. A la fin de sa vie, il a Ă©crit en français, en particulier les poĂšmes autour de la rose quâon a seulement retenus en France, au point de croire quâil Ă©tait mort dâune piqĂ»re de rose, mais cela est faux et nâest pas du tout reprĂ©sentatif de son oeuvre. En fait Rilke est trĂšs Ă©clectique, il a beaucoup mĂ©langĂ© les styles dâ avez-vous Ă©tĂ© attirĂ© par Rilke, au point de le mettre en scĂšne ? Depuis longtemps je caresse lâidĂ©e de me retrouver seul sur scĂšne Ă dire de la poĂ©sie, afin de faire une expĂ©rience de communion avec les spectateurs. Je pense, en effet, que nous avons besoin de plus en plus de poĂ©sie dans ce monde actuel qui sâaccĂ©lĂšre et qui est dans des modes dâĂȘtre trĂšs rĂ©actifs et trĂšs violents, en ayant perdu la libertĂ© de prendre du temps et de se laisser aller en connexion Ă soi-mĂȘme. Prendre un livre de poĂ©sie, câest prendre ce temps de se laisser-aller, pour se remplir de mots et dâimages. Je vois les gens, chaque soir au dĂ©but il leur est difficile de mettre de cĂŽtĂ© leur aspect rationnel, explicatif, afin de juste sâabandonner, se poser lĂ et laisser faire, sans rien rechercher, sans essayer de vouloir comprendre, pour se laisser rĂȘver, se laisser aller Ă une divagation de mots et dâimages. On se permet habituellement, juste le lĂącher-prise du divertissement par le rire. Jâai eu envie dâaller Ă contre-pied de cela, pour se remplir de sensations, de beautĂ© et de simplicitĂ©. Du coup, Rilke Ă©tait clairement le poĂšte avec lequel il fallait faire cela, parce que câest un poĂšte de la sensation et du sensible. Je voulais quâon arrĂȘte de rĂ©flĂ©chir, de se prendre la tĂȘte », afin de se laisser aller Ă soi et Ă la sensation. La poĂ©sie de Rilke, dĂšs quâon veut la saisir intellectuellement, la comprendre, elle vous Ă©chappe, il faut donc se laisser aller dans un Ă©tat de trĂšs grande ouverture, de trĂšs grande disponibilitĂ©. On peut alors la comprendre, mais dans le sens de prendre Ă soi dans la sensation, en un endroit intĂ©rieur trĂšs profond et trĂšs cela marche avec le public ? Cela marche trĂšs bien. Je sens la salle qui cherche Ă comprendre au dĂ©but, parce que dans la journĂ©e, au boulot, on nâarrĂȘte pas de chercher Ă comprendre, mais tout dâun coup ça lĂąche et je vois ces moments oĂč ça lĂąche, ces moments oĂč lâon sâabandonne, oĂč on se laisse bercer par la beautĂ©. Je ressens cela tous les soirs, Ă des moments diffĂ©rents, et tout mon travail est dâessayer dâamener le public Ă ce lĂącher, et ça quâil y a une autre raison plus personnelle de travailler sur Rilke ? Oui, en choisissant les textes de maniĂšre intuitive, je me suis aperçu quâils amenaient tous dans une mĂȘme direction câĂ©tait le rapport Ă la sensibilitĂ©, lâhypersensibilitĂ© et lâempathie. Au dĂ©but, jâai Ă©tĂ© surtout attirĂ© par Les Cahiers de Malte Laurids Brigge » parlant dâun jeune homme venant dâun pays Ă©tranger, qui se prend la grande ville en pleine figure, â câest au dĂ©but du 20e siĂ©cle, mais cela ressemble Ă lâimmersion dans les grandes mĂ©gapoles actuelles avec leur foule, leur misĂšre et leur violence. Ce jeune homme nâa pas de barriĂšre entre lui et le monde environnant et les sensations de ce monde pĂ©nĂštrent en lui jusquâĂ le terrifier. Souffrant moi-mĂȘme de spasmophilie et dâhypersensibilitĂ©, jâai toujours Ă©tĂ© trĂšs sensible Ă cette Ă©criture, et jâai appris en lisant la Correspondance de Rilke, que toute sa vie, il a eu des malaises, sans comprendre pourquoi. Les mĂ©decins de lâĂ©poque lui ont prescit des Ă©lectrochocs ou des sĂ©ances de psychanalyse. Il nâa pas voulu ni de lâun, ni de lâautre lâĂ©criture sans doute Ă©tait sa thĂ©rapie. A la fin de sa vie, un mĂ©decin lui a juste dit vous avez une maladie du grand nerf sympathique . Jâai pu moi-mĂȘme vĂ©rifier cela avec mon mĂ©decin traitant en Ă©prouvant tous les troubles de la spasmophilie. Ce mĂ©decin est mĂȘme allĂ© dans sa bibliothĂšque, chercher un petit livre, qui Ă©tait des poĂšmes de Rilke quâil aimait lire entre deux patients. Donc par rapport Ă ce que jâai vĂ©cu, jâai senti que jâavais besoin de dire quelque chose Ă cet endroit lĂ , parce que Rilke dĂ©crit trĂšs bien la perte de soi au monde et le monde qui se perd en soi, et comment sortir de cet Ă©tat lĂ . JâĂ©tais un trĂšs bon vecteur pour cette parole-lĂ . Comment sortir de cet Ă©tat là » est-ce que Rilke fournit des clĂ©s ? Oui, et câest le fil du spectacle dans une 1Ăšre partie, Rilke est confrontĂ© au monde et Ă ses sensation dĂ©sagrĂ©ables, ensuite vient un moment oĂč il en analyse pour ainsi dire les causes, avec des souvenirs des images dâenfance, â câest presque une psychanalyse personnelle. Enfin, cela lâamĂšne Ă se dire quelle chance jâai dâĂȘtre comme je suis ! », afin de juste tout accepter, en le transcendant et le dĂ©passant, pour en faire quelque chose. Le leitmotiv de Rilke câest de faire quelque chose avec lâangoisse. Toutes ces douleurs, câest le ferment, câest le terreau qui fait notre diffĂ©rence et quâil est bon de cultiver en commençant par lâaccepter pour en faire quelque chose, comme Rilke lâa fait avec lâĂ©criture en trouvant un nouveau rapport au monde. Donc, je peux dire que Rilke mâa fait vraiment du bien. Par exemple lors de transport en commun, oĂč la crise de spasmo » nâĂ©tait pas loin, il mâest arrivĂ© de mâapaiser en lisant du Rilke, car son Ă©criture est fonciĂšrement positive, lumineuse et va vers le beau. Le fait aussi de dire ces mots sur scĂšne peut mâapaiser de toutes mes sensations troublantes ou violentes. Ainsi, jâaime beaucoup ce texte tirĂ© de la dixiĂšme Ă©lĂ©gie de Duino » Nous gĂąchons nos douleurs. DĂ©sespĂ©rĂ©ment, nous cherchons Ă lâhorizon du temps Leur Ă©ventuelle fin, alors quâelles sont notre verdure en plein hiver, Notre noire pervenche, Lâune des saisons de notre annĂ©e mentale Et pas seulement saison ; Elles sont lieu, rĂ©sidence, base, sol, y a un texte aussi Ă la fin du spectacle, qui reprĂ©sente un apaisement ; il est issu dâune piĂšce de théùtre Ame dâhiver » se terminant par le monologue dâune femme aveugle qui raconte comment, depuis quâelle ne voit plus, elle voit dâune autre maniĂšre Puis vers mes yeux le chemin sâest fermĂ© Je ne le connais plus, Tout en moi maintenant, allant et venant, Tout est sĂ»r, tout est sans soucis ; les sentiments Vont ça et lĂ comme des convalescents prenant plaisir A circuler dans lâobscure maison de mon corps. Quelques uns font leur choix Parmi les souvenirs, Et les plus jeunes Regardent tous dehors ⊠Je nâai plus maintenant Ă me passer de rien Les couleurs sont toutes transcrites En bruit et senteur. Et retentissant dâune beautĂ© infinie en sonoritĂ©s⊠A quoi me servirait un livre ? Le vent feuillette Ă lâintĂ©rieur des arbres Et je sais ce que peuvent y ĂȘtre les mots Et je les rĂ©pĂšte souvent Ă voix basse. â Et la mort, qui cueille les regards comme des fleurs, ne trouve pas mes yeux⊠»La derniĂšre phrase pour les hypersensibles est importante, car elle Ă©voque le rapport Ă la mort imminente, trĂšs violente dans les crises et malaises, elle me fait du bien, elle ouvre vers quelque chose de quelle maniĂšre vous sentez-vous aussi diffĂ©rent de Rilke ? Il y a une grande diffĂ©rence Rilke, parce que son rapport au monde Ă©tait trop compliquĂ©, a choisi de sâenfuir, de vivre seul, dâĂ©crire en Ă©tant spectateur avec comme seule relation aux gens, le rapport Ă©pistolaire. Il y a une sorte de perte du contact avec le monde et les autres en une solution extrĂȘme, oĂč je ne me reconnais pas. Au contraire par le théùtre je provoque le contact, et le contact avec le public est trĂšs fort. Je sens Ă©normĂ©ment les gens â câest dâailleurs ce qui diffĂ©rencie le théùtre du cinĂ©ma â câest un vrai moment de partage, dâĂ©change et de communion. Tous les comĂ©diens se ressemblent pour cela, mais moi, Ă©tant hypersensible, câest peut-ĂȘtre plus fort, et avec un texte comme celui-ci, encore plus que le spectacle touche Ă sa fin, pouvez-vous en tirer un bilan ? Ce spectacle rencontre un trĂšs fort Ă©cho, dâabord par rapport Ă la poĂ©sie â les gens en ont besoin -, ensuite par rapport Ă Rilke et la sensation. Cela fait du bien de savoir que les gens ont besoin de se poser, de se laisser aller Ă rĂȘver, Ă divaguer, afin dâaller Ă la contemplation. CâĂ©tait un vĂ©ritable pari que de proposer un spectacle de poĂ©sie, Ă 18h 30, sur Rilke qui nâest pas trĂšs connu en France, hormis ses Lettres Ă un jeune poĂšte ». Le public est venu surtout par le bouche Ă oreille. Les gens Ă©taient nombreux et beaucoup nâarrivaient pas Ă quitter la salle aprĂšs la reprĂ©sentation, se sentant vraiment bien. Certains mâĂ©crivent des lettres pour me remercier ; lâautre jour Ă la fin dâune reprĂ©sentation je suis restĂ© avec un groupe de jeunes de 18 Ă 20 ans, je ne pensais pas quâils pouvaient ĂȘtre intĂ©ressĂ©s par Rilke ; en fait cela fut pour eux une vraie rĂ©vĂ©lation, quelque chose sâest passĂ©, peut-ĂȘtre parce quâil y a une partie dans le spectacle que lâon peut mettre en parallĂšle avec la sortie de lâadolescence et la confrontation au monde, peut-ĂȘtre parce que nous avons voulu dans la mise en scĂšne que le spectateur soit baignĂ© dans une atmosphĂšre visuelle et sonore en plus des textes, ce qui permet Ă certains, â puisque nous sommes dans une sociĂ©tĂ© de lâimage -, une autre porte dâaccĂšs aux mots. Jâai donc dĂ©couvert le bonheur que la poĂ©sie puisse ĂȘtre partagĂ©e et que cela puisse ĂȘtre trĂšs important pour les gens hypersensibles. Il y a beaucoup de gens hypersensibles, faisant par exemple des crises de spasmophilie, qui sont venus me voir pour me remercier, car le cheminement du spectacle leur a permis dâexplorer leur propre angoisse, en leur montrant quâils pouvaient aller au delĂ . Câest aussi une trĂšs belle porte dâentrĂ©e pour ma compagnie, que je viens de fonder avec Florian Goetz. Elle va continuer Ă porter ce spectacle avec une tournĂ©e en province et une prĂ©sentation en 2014 Ă Avignon. Câest aussi le point de dĂ©part de nouveaux spectacles tournĂ©s vers la poĂ©sie et la littĂ©rature, afin dâamener des textes dâauteurs, que lâon connait sans connaĂźtre, dans une mise en scĂšne contemporaine, pouvant permettre de changer lâimage de la poĂ©sie vieillie et poussiĂ©reuse », surtout auprĂšs des jeunes. Tout le but de ces spectacles sera de faire sortir le public de ses prĂ©jugĂ©s, de ses images prĂ©conçues. Des gens sont venus me dire je nâaime pas la poĂ©sie, mais lĂ merci ! Demain je vais aller acheter des livres et lire de la poĂ©sie . Cela câest le plus beau compliment, pour moi, câest rĂ©ussi, et les prochains projets iront dans ce sens comment donner une Ă©tincelle de vie Ă certaines oeuvres un peu que vous pouvez aussi nous parler de votre compagnie dans la variĂ©tĂ© de ses activitĂ©s ? La compagnie donne aussi beaucoup de formation et de pĂ©dagogie dans les Ă©coles, â câest surtout le travail de Florian Goetz â avec un pĂŽle de recherche pour les enfants dyslexiques, pour les enseignants afin de leur apprendre Ă ĂȘtre sur scĂšne, savoir placer leur voix, gĂ©rer une salle, prendre conscience du groupe et pour les enfants savoir Ă©couter et ĂȘtre ensemble. La compagnie sâoccupe aussi du 3e Ăąge, notamment dans son rapport Ă la mĂ©moire. Personnellement, en tant que comĂ©dien, je travaille aussi avec dâautres compagnies dans les prisons, ou pour faire du théùtre forum et citoyen ». Un spectacle dans une prison, ça fait du bien, ça fait revenir Ă lâessentiel, ça fait sortir le théùtre de lĂ oĂč il est habituellement. Jâai mis en scĂšne un spectacle pour enfants, je joue de la musique, je suis aussi chanteur⊠En ce moment, je pars pour un spectacle de rue sur les faits divers, les tueurs en sĂ©rie, pour prĂ©senter notre rapport Ă la peur, afin dâinterroger notre regard de voyeur ou dâidentification Ă la victime. Jâaime varier les univers pour les rassembler ensuite, pour ne pas les mettre dans des cases, pour transformer la vision traditionnelle du Les arpenteurs de lâinvisible interviews, poĂ©sie, psychothĂ©rapies Cette entrĂ©e a Ă©tĂ© publiĂ©e le dimanche 21 juillet 2013 Ă 21 h 17 min, et rangĂ©e dans Non classĂ©, poĂ©sie. Les commentaires et les pings sont pour le moment fermĂ©s.LapoĂ©sie, comme le voyage, est un emportement, et nul ne sait Ă l'avance le terme de la course. Entre poĂ©sie et voyage, le lien est originel, tant il est vrai que le dĂ©placement est la figure fondatrice de l'une et de l'autre. Transport du propre au figurĂ©, du concret Ă l'abstrait, telle est la mĂ©taphore.
Ă lâoccasion du Mois de la poĂ©sie, Le Devoir, avec la complicitĂ© du Bureau des affaires poĂ©tiques, donne Ă lire un poĂšme chaque semaine. TroisiĂšme de cinq. Sâaffronter ensemble En vrai, on vit sa vie, partout pas seul du tout. Qui est bien, qui a mal, qui nâeut rien, qui eut tout, On nâĂ©carte pas lâautre aussi loin quâon se semble, On se cĂŽtoie, moi, toi, Ă sâaffronter ensemble. ou gars dâshop, ses enfants, sa femme et Le vendeur infĂąme et lâacheteur affamĂ©, Quâexistent en nos mĆurs ces rĂŽles qui fourmillent, Tant dâactrices, dâacteurs, je vois quâune famille. Quâun persiste en contrĂŽle et lâautre ait peur ou prie, Tâsais, quand câest triste, on pleure, et quand câest drĂŽle, on rit, Quand câest chaud, on se brĂ»le, et si câest froid, on gĂšle, Pis ça fait toujours mal quand câque câest toi quâon gĂšle. La Terre est un village et pour ce quâon en sait, Partout, ça sait penser, manger, boire, danser, Et le gros bon sens, câest que la vie nous surprend, Partout on donne, on prend, et surtout on apprend. On a terre, eau, ciel, feu, et quâĂ cela ne tienne, Tu es nu Ă ma porte, et moi, nu Ă la tienne. Dans ce monde un peu fou, tu tây perds, tu tây trouves ; Tout est un, ça, câest sĂ»r ; nul nây perd, si tu tâouvres. MalgrĂ© lâSoi sacrĂ© roi et le Nous massacrĂ©, Câest pus lâtemps dâchialer ni dâsacrer, câest lâtemps quâça crĂ©e. Lâauteur Carl Bessette est Ă©crivain et Ă©diteur des Ăditions de lâĂcrou. Il termine son prochain livre, Load, une histoire de lâInternet. Son poĂšme Sâaffronter ensemble est Ă©tudiĂ© au niveau collĂ©gial depuis plusieurs annĂ©es. Ă voir en vidĂ©o
{ Caisses populaires Desjardins 1991 } Les enjeux de la décennie. C'est pour moi à la fois un plaisir et un honneur de me retrouver avec vous aujourd'hui, et je veux remercierLavie aux champs. Le soir, à la campagne, on sort, on se promÚne, Le pauvre dans son champ, le riche en son domaine ; Moi, je vais devant moi ; le poÚte en tout lieu. Se sent chez lui, sentant qu'il est partout chez Dieu. Je vais volontiers seul. Je médite ou j'écoute.
Les citations et phrases d'auteurs Il est plus aisĂ© d'avoir de l'amour-propre que du bon sens. Hypolite de Livry ; Les pensĂ©es et rĂ©flexions 1808 Le bon sens consiste Ă se contenter du praticable, et Ă prendre son parti des nĂ©cessitĂ©s sans remĂšde. Henri-FrĂ©dĂ©ric Amiel ; Journal intime, le 27 octobre 1863. Une once de bon sens vaut une livre d'esprit. Citation anglaise ; Les proverbes et adages anglais 1840 Les bons Ă©crits sont comparables au vin le bon sens en est la force, et l'esprit la saveur. Laurence Sterne ; Les maximes, pensĂ©es et lettres 1768 Le savoir est le dictionnaire des sciences, mais le bon sens est leur grammaire. Laurence Sterne ; Les maximes, pensĂ©es et lettres 1768 Le vĂ©ritable esprit ne consiste que dans le bon sens. François de Salignac de La Mothe-FĂ©nelon ; Les rĂ©flexions et pensĂ©es 1720 Toute querelle avec un sot est une perte inutile d'Ă©nergie et de bon sens. Madame Necker ; Les souvenirs et pensĂ©es 1784 Le bon sens, Ă©clairĂ© par la vertu, suffit pour donner une excellente Ă©ducation. Joseph de Maistre ; La lettre Ă la marquise de Costa 1794 Le bon sens s'accommode au monde ; la sagesse tĂąche d'ĂȘtre conforme au ciel. Joseph Joubert ; De la sagesse, VI 1866 La philosophie, ce n'est souvent que le snobisme du bon sens. Jean Yanne ; J'me marre 2003 Le bon sens du peuple sera toujours la meilleure armĂ©e. Thomas Jefferson ; Lettre Ă Edward Carrington, le 16 janvier 1787. Rien d'aussi prĂ©cieux que le bon sens. Romain Rolland ; Le théùtre du peuple 1903 Il faut ĂȘtre un grand homme pour savoir rĂ©sister mĂȘme au bon sens. Fiodor DostoĂŻevski ; Les dĂ©mons 1871 Quand les hommes sont fous, le bon sens leur fait mal Ă la tĂȘte. Alfred de Vigny ; Chatterton 1835 Un peu de bon sens en politique est plus utile que beaucoup de finesse. La Rochefoucauld-Doudeauville ; Le livre des pensĂ©es, 109 1861 L'esprit ne donne pas de la raison ; le bon sens donne souvent de l'esprit. La Rochefoucauld-Doudeauville ; Le livre des pensĂ©es, 5 1861 Le bon sens est la chose au monde la mieux partagĂ©e, car chacun pense en ĂȘtre bien pourvu. RenĂ© Descartes ; Le discours de la mĂ©thode 1637 Beaucoup d'hommes sont douĂ©s de raison, trĂšs peu de bon sens. Gustave Le Bon ; Hier et demain, PensĂ©es brĂšves 1918 Ă l'ordinaire, bon sens passe bon cĆur. Lucien ArrĂ©at ; Les rĂ©flexions et maximes 1911 Le bon sens rĂ©unit tout d'abord la majoritĂ©, mais contre lui. Alphonse Karr ; En fumant 1861 Qui n'a que des vertus est plat ; qui n'a que du bon sens est sot. Françoise de Graffigny ; Les lettres d'une PĂ©ruvienne 1747 Le bon sens et l'ironie, en France, sont nĂ©s le mĂȘme jour. Alfred Capus ; Les mĆurs du temps 1912-1913 Le bon sens un Ă©tat mitoyen entre la stupiditĂ© et l'esprit. Voltaire ; Le dictionnaire philosophique 1764 L'outrance est un manque de bon sens. Henri-FrĂ©dĂ©ric Amiel ; Journal intime, le 15 juin 1877. Le bon sens ne subsiste pas sans le courage. Christine de SuĂšde ; Les maximes et pensĂ©es 1682 Tout est fĂ©cond exceptĂ© le bon sens. Ernest Renan ; L'avenir de la science 1848 Adorez-vous, et fichez-vous du reste ; croyez ce que je dis lĂ , c'est du bon sens. Victor Hugo ; Les misĂ©rables 1862 Le bon sens fut toujours l'ami de la vertu. Pierre-Claude Nivelle de La ChaussĂ©e ; L'Ă©cole des mĂšres 1744 Le goĂ»t est le bon sens du gĂ©nie. François-RenĂ© de Chateaubriand ; L'essai sur la littĂ©rature anglaise 1836 L'homme de bon sens, mĂȘme s'il est lent, atteint un Ăąge agile. ThĂ©ognis de MĂ©gare ; Les sentences et adages, 328 - VIe s. av. Le bon sens est la marque des bons esprits. Pythagore ; Les fragments - VIe s. av. Entre le bon sens et le bon goĂ»t, il y a la diffĂ©rence de la cause Ă son effet. Jean de La BruyĂšre ; Les CaractĂšres, Des jugements 1668 Bon sens ne peut mentir. Victor Hugo ; Les misĂ©rables 1862 Le bon goĂ»t n'admet rien que le bon sens n'avoue. François de NeufchĂąteau ; La vulpeĂŻde, prologue 1815 Le bon sens dispense de savoir. Jules Renard ; Journal 1887-1910 L'amour-propre fait que nous ne trouvons du bon sens que chez ceux qui sont de notre avis. La Rochefoucauld ; Les rĂ©flexions ou sentences et maximes morales 1665 PĂątir rend le bon sens au sot. HĂ©siode ; Les travaux et les jours - VIIIe s. av. Autres dictionnaires Ă consulter2529 Likes, 74 Comments - Soline Bourdeverre-Veyssiere (@solineseveiller) on Instagram: âPrends la vie dans le bon sens Je suis un gros nul Personne nâose penser que Je suis capableâ Soline Bourdeverre-Veyssiere on Instagram: âPrends la vie dans le bon sens Je suis un gros nul Personne nâose penser que Je suis capable dâaccomplir de grandes choses Je saisâ
22 poĂšmes <23456PhonĂ©tique Cliquez pour la liste complĂšte Ă©lĂ©is Ă©lidĂ© Ă©lis Ă©lit Ă©lu Ă©ludĂ© Ă©lue Ă©lues Ă©lus Ă©lut Ă©lĂ»t hĂąla hĂąlai hĂąlais hĂąlait hĂąlas hĂąlĂąt hĂąle hĂąlĂ© hĂąlĂ©e hĂąlĂ©es hĂąles hĂąlĂ©s hĂ©la hĂ©lai hĂ©lais hĂ©lait hĂ©las hĂ©lĂąt ... Ă M. Louis de Ronchaud I Regardez-les passer, ces couples Ă©phĂ©mĂšres ! Dans les bras l'un de l'autre enlacĂ©s un moment, Tous, avant de mĂȘler Ă jamais leurs poussiĂšres, Font le mĂȘme serment Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent Avec Ă©tonnement entendent prononcer, Et qu'osent rĂ©pĂ©ter des lĂšvres qui pĂąlissent Et qui vont se glacer. Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse Qu'un Ă©lan d'espĂ©rance arrache Ă votre coeur, Vain dĂ©fi qu'au nĂ©ant vous jetez, dans l'ivresse D'un instant de bonheur ? Amants, autour de vous une voix inflexible Crie Ă tout ce qui naĂźt Aime et meurs ici-bas ! » La mort est implacable et le ciel insensible ; Vous n'Ă©chapperez pas. Eh bien ! puisqu'il le faut, sans trouble et sans murmure, Forts de ce mĂȘme amour dont vous vous enivrez Et perdus dans le sein de l'immense Nature, Aimez donc, et mourez ! II Non, non, tout n'est pas dit, vers la beautĂ© fragile Quand un charme invincible emporte le dĂ©sir, Sous le feu d'un baiser quand notre pauvre argile A frĂ©mi de plaisir. Notre serment sacrĂ© part d'une Ăąme immortelle ; C'est elle qui s'Ă©meut quand frissonne le corps ; Nous entendons sa voix et le bruit de son aile Jusque dans nos transports. Nous le rĂ©pĂ©tons donc, ce mot qui fait d'envie PĂąlir au firmament les astres radieux, Ce mot qui joint les coeurs et devient, dĂšs la vie, Leur lien pour les cieux. Dans le ravissement d'une Ă©ternelle Ă©treinte Ils passent entraĂźnĂ©s, ces couples amoureux, Et ne s'arrĂȘtent pas pour jeter avec crainte Un regard autour d'eux. Ils demeurent sereins quand tout s'Ă©croule et tombe ; Leur espoir est leur joie et leur appui divin ; Ils ne trĂ©buchent point lorsque contre une tombe Leur pied heurte en chemin. Toi-mĂȘme, quand tes bois abritent leur dĂ©lire, Quand tu couvres de fleurs et d'ombre leurs sentiers, Nature, toi leur mĂšre, aurais-tu ce sourire S'ils mouraient tout entiers ? Sous le voile lĂ©ger de la beautĂ© mortelle Trouver l'Ăąme qu'on cherche et qui pour nous Ă©clĂŽt, Le temps de l'entrevoir, de s'Ă©crier C'est Elle ! » Et la perdre aussitĂŽt, Et la perdre Ă jamais ! Cette seule pensĂ©e Change en spectre Ă nos yeux l'image de l'amour. Quoi ! ces voeux infinis, cette ardeur insensĂ©e Pour un ĂȘtre d'un jour ! Et toi, serais-tu donc Ă ce point sans entrailles, Grand Dieu qui dois d'en haut tout entendre et tout voir, Que tant d'adieux navrants et tant de funĂ©railles Ne puissent t'Ă©mouvoir, Qu'Ă cette tombe obscure oĂč tu nous fais descendre Tu dises Garde-les, leurs cris sont superflus. AmĂšrement en vain l'on pleure sur leur cendre ; Tu ne les rendras plus ! » Mais non ! Dieu qu'on dit bon, tu permets qu'on espĂšre ; Unir pour sĂ©parer, ce n'est point ton dessein. Tout ce qui s'est aimĂ©, fĂ»t-ce un jour, sur la terre, Va s'aimer dans ton sein. III ĂternitĂ© de l'homme, illusion ! chimĂšre ! Mensonge de l'amour et de l'orgueil humain ! Il n'a point eu d'hier, ce fantĂŽme Ă©phĂ©mĂšre, Il lui faut un demain ! Pour cet Ă©clair de vie et pour cette Ă©tincelle Qui brĂ»le une minute en vos coeurs Ă©tonnĂ©s, Vous oubliez soudain la fange maternelle Et vos destins bornĂ©s. Vous Ă©chapperiez donc, ĂŽ rĂȘveurs tĂ©mĂ©raires Seuls au Pouvoir fatal qui dĂ©truit en crĂ©ant ? Quittez un tel espoir ; tous les limons sont frĂšres En face du nĂ©ant. Vous dites Ă la Nuit qui passe dans ses voiles J'aime, et j'espĂšre voir expirer tes flambeaux. » La Nuit ne rĂ©pond rien, mais demain ses Ă©toiles Luiront sur vos tombeaux. Vous croyez que l'amour dont l'Ăąpre feu vous presse A rĂ©servĂ© pour vous sa flamme et ses rayons ; La fleur que vous brisez soupire avec ivresse Nous aussi nous aimons ! » Heureux, vous aspirez la grande Ăąme invisible Qui remplit tout, les bois, les champs de ses ardeurs ; La Nature sourit, mais elle est insensible Que lui font vos bonheurs ? Elle n'a qu'un dĂ©sir, la marĂątre immortelle, C'est d'enfanter toujours, sans fin, sans trĂȘve, encor. MĂšre avide, elle a pris l'Ă©ternitĂ© pour elle, Et vous laisse la mort. Toute sa prĂ©voyance est pour ce qui va naĂźtre ; Le reste est confondu dans un suprĂȘme oubli. Vous, vous avez aimĂ©, vous pouvez disparaĂźtre Son voeu s'est accompli. Quand un souffle d'amour traverse vos poitrines, Sur des flots de bonheur vous tenant suspendus, Aux pieds de la BeautĂ© lorsque des mains divines Vous jettent Ă©perdus ; Quand, pressant sur ce coeur qui va bientĂŽt s'Ă©teindre Un autre objet souffrant, forme vaine ici-bas, Il vous semble, mortels, que vous allez Ă©treindre L'Infini dans vos bras ; Ces dĂ©lires sacrĂ©s, ces dĂ©sirs sans mesure DĂ©chaĂźnĂ©s dans vos flancs comme d'ardents essaims, Ces transports, c'est dĂ©jĂ l'HumanitĂ© future Qui s'agite en vos seins. Elle se dissoudra, cette argile lĂ©gĂšre Qu'ont Ă©mue un instant la joie et la douleur ; Les vents vont disperser cette noble poussiĂšre Qui fut jadis un coeur. Mais d'autres coeurs naĂźtront qui renoueront la trame De vos espoirs brisĂ©s, de vos amours Ă©teints, PerpĂ©tuant vos pleurs, vos rĂȘves, votre flamme, Dans les Ăąges lointains. Tous les ĂȘtres, formant une chaĂźne Ă©ternelle, Se passent, en courant, le flambeau de l'amour. Chacun rapidement prend la torche immortelle Et la rend Ă son tour. AveuglĂ©s par l'Ă©clat de sa lumiĂšre errante, Vous jurez, dans la nuit oĂč le sort vous plongea, De la tenir toujours Ă votre main mourante Elle Ă©chappe dĂ©jĂ . Du moins vous aurez vu luire un Ă©clair sublime ; Il aura sillonnĂ© votre vie un moment ; En tombant vous pourrez emporter dans l'abĂźme Votre Ă©blouissement. Et quand il rĂ©gnerait au fond du ciel paisible Un ĂȘtre sans pitiĂ© qui contemplĂąt souffrir, Si son oeil Ă©ternel considĂšre, impassible, Le naĂźtre et le mourir, Sur le bord de la tombe, et sous ce regard mĂȘme, Qu'un mouvement d'amour soit encor votre adieu ! Oui, faites voir combien l'homme est grand lorsqu'il aime, Et pardonnez Ă Dieu ! LâAmour et la Mort PoĂšmes de Louise Ackermann Citations de Louise AckermannPlus sur ce poĂšme Commenter le poĂšme Imprimer le poĂšme Envoyer Ă un ami Voter pour ce poĂšme 1845 votesFrappe encor, Jupiter, accable-moi, mutile L'ennemi terrassĂ© que tu sais impuissant ! Ăcraser n'est pas vaincre, et ta foudre inutile S'Ă©teindra dans mon sang, Avant d'avoir domptĂ© l'hĂ©roĂŻque pensĂ©e Qui fait du vieux Titan un rĂ©voltĂ© divin ; C'est elle qui te brave, et ta rage insensĂ©e N'a clouĂ© sur ces monts qu'un simulacre vain. Tes coups n'auront portĂ© que sur un peu d'argile ; Libre dans les liens de cette chair fragile, L'Ăąme de PromĂ©thĂ©e Ă©chappe Ă ta fureur. Sous l'ongle du vautour qui sans fin me dĂ©vore, Un invisible amour fait palpiter encore Les lambeaux de mon cĆur. Si ces pics dĂ©solĂ©s que la tempĂȘte assiĂšge Ont vu couler parfois sur leur manteau de neige Des larmes que mes yeux ne pouvaient retenir, Vous le savez, rochers, immuables murailles Que d'horreur cependant je sentais tressaillir, La source de mes pleurs Ă©tait dans mes entrailles ; C'est la compassion qui les a fait jaillir. Ce n'Ă©tait point assez de mon propre martyre ; Ces flancs ouverts, ce sein qu'un bras divin dĂ©chire Est rempli de pitiĂ© pour d'autres malheureux. Je les vois engager une lutte Ă©ternelle ; L'image horrible est lĂ ; j'ai devant la prunelle La vision des maux qui vont fondre sur eux. Ce spectacle navrant m'obsĂšde et m'exaspĂšre. Supplice intolĂ©rable et toujours renaissant, Mon vrai, mon seul vautour, c'est la pensĂ©e amĂšre Que rien n'arrachera ces germes de misĂ©re Que ta haine a semĂ©s dans leur chair et leur sang. Pourtant, ĂŽ Jupiter, l'homme est ta crĂ©ature ; C'est toi qui l'as conçu, c'est toi qui l'as formĂ©, Cet ĂȘtre dĂ©plorable, infirme, dĂ©sarmĂ©, Pour qui tout est danger, Ă©pouvante, torture, Qui, dans le cercle Ă©troit de ses jours enfermĂ©, Ătouffe et se dĂ©bat, se blesse et se lamente. Ah ! quand tu le jetas sur la terre inclĂ©mente, Tu savais quels flĂ©aux l'y devaient assaillir, Qu'on lui disputerait sa place et sa pĂąture, Qu'un souffle l'abattrait, que l'aveugle Nature Dans son indiffĂ©rence allait l'ensevelir. Je l'ai trouvĂ© blotti sous quelque roche humide, Ou rampant dans les bois, spectre hĂąve et timide Qui n'entendait partout que gronder et rugir, Seul affamĂ©, seul triste au grand banquet des ĂȘtres, Du fond des eaux, du sein des profondeurs champĂȘtres Tremblant toujours de voir un ennemi surgir. Mais quoi ! sur cet objet de ta haine immortelle, Imprudent que j'Ă©tais, je me suis attendri ; J'allumai la pensĂ©e et jetai l'Ă©tincelle Dans cet obscur limon dont tu l'avais pĂ©tri. Il n'Ă©tait qu'Ă©bauchĂ©, j'achevai ton ouvrage. Plein d'espoir et d'audace, en mes vastes desseins J'aurais sans hĂ©siter mis les cieux au pillage, Pour le doter aprĂšs du fruit de mes larcins. Je t'ai ravi le feu ; de conquĂȘte en conquĂȘte J'arrachais de tes mains ton sceptre rĂ©vĂ©rĂ©. Grand Dieu ! ta foudre Ă temps Ă©clata sur ma tĂȘte ; Encore un attentat, l'homme Ă©tait dĂ©livrĂ© ! La voici donc ma faute, exĂ©crable et sublime. Compatir, quel forfait ! Se dĂ©vouer, quel crime ! Quoi ! j'aurais, impuni, dĂ©fiant tes rigueurs, Ouvert aux opprimĂ©s mes bras libĂ©rateurs ? InsensĂ© ! m'ĂȘtre Ă©mu quand la pitiĂ© s'expie ! Pourtant c'est PromĂ©thĂ©e, oui, c'est ce mĂȘme impie Qui naguĂšre t'aidait Ă vaincre les Titans. J'Ă©tais Ă tes cĂŽtĂ©s dans l'ardente mĂȘlĂ©e ; Tandis que mes conseils guidaient les combattants, Mes coups faisaient trembler la demeure Ă©toilĂ©e. Il s'agissait pour moi du sort de l'univers Je voulais en finir avec les dieux pervers. Ton rĂšgne allait m'ouvrir cette Ăšre pacifique Que mon cĆur transportĂ© saluait de ses vĆux. En son cours Ă©thĂ©rĂ© le soleil magnifique N'aurait plus Ă©clairĂ© que des ĂȘtres heureux. La Terreur s'enfuyait en Ă©cartant les ombres Qui voilaient ton sourire ineffable et clĂ©ment, Et le rĂ©seau d'airain des NĂ©cessitĂ©s sombres Se brisait de lui-mĂȘme aux pieds d'un maĂźtre aimant. Tout Ă©tait joie, amour, essor, efflorescence ; Lui-mĂȘme Dieu n'Ă©tait que le rayonnement De la toute-bontĂ© dans la toute-puissance. O mes dĂ©sirs trompĂ©s ! O songe Ă©vanoui ! Des splendeurs d'un tel rĂȘve, encor l'Ćil Ă©bloui, Me retrouver devant l'iniquitĂ© cĂ©leste. Devant un Dieu jaloux qui frappe et qui dĂ©teste, Et dans mon dĂ©sespoir me dire avec horreur Celui qui pouvait tout a voulu la douleur ! » Mais ne t'abuse point ! Sur ce roc solitaire Tu ne me verras pas succomber en entier. Un esprit de rĂ©volte a transformĂ© la terre, Et j'ai dĂšs aujourd'hui choisi mon hĂ©ritier. Il poursuivra mon Ćuvre en marchant sur ma trace, NĂ© qu'il est comme moi pour tenter et souffrir. Aux humains affranchis je lĂšgue mon audace, HĂ©ritage sacrĂ© qui ne peut plus pĂ©rir. La raison s'affermit, le doute est prĂȘt Ă naĂźtre. Enhardis Ă ce point d'interroger leur maĂźtre, Des mortels devant eux oseront te citer Pourquoi leurs maux ? Pourquoi ton caprice et ta haine ? Oui, ton juge t'attend, - la conscience humaine ; Elle ne peut t'absoudre et va te rejeter. Le voilĂ , ce vengeur promis Ă ma dĂ©tresse ! Ah ! quel souffle Ă©purĂ© d'amour et d'allĂ©gresse En traversant le monde enivrera mon cĆur Le jour oĂč, moins hardie encor que magnanime, Au lieu de l'accuser, ton auguste victime Niera son oppresseur ! DĂ©livrĂ© de la Foi comme d'un mauvais rĂȘve, L'homme rĂ©pudiera les tyrans immortels, Et n'ira plus, en proie Ă des terreurs sans trĂȘve, Se courber lĂąchement au pied de tes autels. Las de le trouver sourd, il croira le ciel vide. Jetant sur toi son voile Ă©ternel et splendide, La Nature dĂ©jĂ te cache Ă son regard ; Il ne dĂ©couvrira dans l'univers sans borne, Pour tout Dieu dĂ©sormais, qu'un couple aveugle et morne, La Force et le Hasard. Montre-toi, Jupiter, Ă©clate alors, fulmine, Contre ce fugitif Ă ton joug Ă©chappĂ© ! Refusant dans ses maux de voir ta main divine, Par un pouvoir fatal il se dira frappĂ©. Il tombera sans peur, sans plainte, sans priĂšre ; Et quand tu donnerais ton aigle et ton tonnerre Pour l'entendre pousser, au fort de son tourment, Un seul cri qui t'atteste, une injure, un blasphĂšme, Il restera muet ce silence suprĂȘme Sera ton chĂątiment. Tu n'auras plus que moi dans ton immense empire Pour croire encore en toi, funeste DĂ©itĂ©. PlutĂŽt nier le jour ou l'air que je respire Que ta puissance inique et que ta cruautĂ©. Perdu dans cet azur, sur ces hauteurs sublimes, Ah ! j'ai vu de trop prĂšs tes fureurs et tes crimes ; J'ai sous tes coups dĂ©jĂ trop souffert, trop saignĂ© ; Le doute est impossible Ă mon cĆur indignĂ©. Oui ! tandis que du Mal, Ćuvre de ta colĂšre, Renonçant dĂ©sormais Ă sonder le mystĂšre, L'esprit humain ailleurs portera son flambeau, Seul je saurai le mot de cette Ă©nigme obscure, Et j'aurai reconnu, pour comble de torture, Un Dieu dans mon PoĂšmes de Louise Ackermann Citations de Louise AckermannPlus sur ce poĂšme Commenter le poĂšme Imprimer le poĂšme Envoyer Ă un ami Voter pour ce poĂšme 968 votes<23456Les poĂšmes A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y ZLes poĂštes A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z .