🐱 Georges Le Coiffeur Au Coin De La Rue

Commel'ancienne boucherie qui se trouvait Ă  cĂŽtĂ©, sur la gauche, ce commerce au n°51 de la rue Foch appartenait Ă  la famille ROLLES et date d'avant 1900.Il aura Ă©tĂ© dans les mains de Georges (grand-pĂšre), puis Georges (pĂšre) avec l'enseigne " A la bonne source ", Roland (fils) et Edi (fils) du dĂ©but du siĂšcle dernier jusqu'en 1984. Julien Courbet vous donne rendez-vous dimanche 27 fĂ©vrier Ă  2110 sur M6 pour un nouvel inĂ©dit du magazine “Capital” qui sera consacrĂ© aux petits notre gourmandise fait-elle leur fortune ?Entre les Français et la pĂątisserie, c’est une passion de plus en plus dĂ©vorante et un budget rondelet 350 euros par an et par personne ! Mais cet engouement des Français pour les petits plaisirs sucrĂ©s est-il pour autant le dĂ©but de la fortune pour les artisans ? Un pĂątissier qui fait lui-mĂȘme ses gĂąteaux peut-il devenir le plus riche commerçant de votre rue ? Pas si simple, tant la pĂątisserie est un art exigeant, gourmande en main d’Ɠuvre et riche en ingrĂ©dients. De la boulangerie-pĂątisserie de quartier Ă  l’une des plus grandes dynasties rĂ©gionales en passant par des entrepreneurs nouvelle gĂ©nĂ©ration, Ă  chacun sa formule !Du terroir et du fun le grand retour des halles gourmandesElles sont en passe de devenir le symbole des centres-villes en pleine mutation. Les halles font leur grand retour au cƓur de nos agglomĂ©rations, pour le plus grand plaisir de sept Français sur dix. Traditionnelles, gourmandes et mĂȘme festives, les halles font peau neuve et rivalisent d’innovations pour attirer dans leurs allĂ©es. Les commerçants se bousculent pour y installer leurs Ă©tals car les clients sont prĂȘts Ă  y dĂ©penser bien plus que sur les marchĂ©s. Depuis cinq ans en France, les rĂ©novations s’enchaĂźnent avec des chantiers Ă  plusieurs millions d’euros. Mais qui profite vraiment de ces investissements ?IndĂ©pendants contre franchisĂ©s les guerres secrĂštes de vos rues commerçantesEn France, magasins de vĂȘtements, fleuristes ou coiffeurs rivalisent d’astuces pour reconquĂ©rir les clients que les centres commerciaux et le e-commerce ont dĂ©tournĂ© des centres-villes. À leur tĂȘte, des petits indĂ©pendants et des franchisĂ©s de grands groupes se battent pour obtenir les meilleurs emplacements et tenir le haut du pavĂ© des rues commerçantes. Les Ă©quipes ont enquĂȘtĂ© Ă  Pau dans les PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques. Depuis une dizaine d’annĂ©es, cette ville moyenne de 77 000 habitants a investi des dizaines de millions d’euros pour revitaliser son centre.

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SynopsisPierre Trevoux, jeune homme de bonne tournure et plut t content de lui, se vante de son courage au cours d'une agression nocturne. Ses amis montent un canular et simulent le cambriolage de sa villa et le rapt de la jeune Arlette. Lors de l'agression, Pierre était emparé d'un sac à main compromettant pour un chef de bande la chanteuse Adria-Adria. Les interventions des vrais gangsters se mélangent avec les plaisanteries des amis de Pierre et Arlette est encore enlevée. Pierre triomphe enfin, toujours avec le sourire. Acteurs 28Production et distribution 3Diffusions TV CumuléDiffusions TV détail par paysGénérique détaillé 13Mentions techniquesLong-métrageLangue de tournage FrançaisAutre pays coproducteur FranceAnnée de production 1943Sortie en France 18/02/1944Etat d'avancement SortiVisa délivré le 02/02/1944Formats de production 35 mmType de couleurs Noir & blanc Ensemblecomposé d'une page de titre, d'une brochure de 4 pages et 12 planches imprimées (allant de G5362a à G5362m). La BiÚvre et Saint-Séverin n° 11 : Au coin de l'impasse SalembiÚre | Paris Musées
"Je me souviens" est un livre de Georges Perec 1978. C'est un recueil de bribes de souvenirs de l'auteur. Les souvenirs Ă©grenĂ©s par Perec commencent tous par "Je me souviens" et sont numĂ©rotĂ©s, de 1 Ă  480 . Courts, de quelques mots Ă  quelques lignes, ces fragments mĂȘlent tous les thĂšmes, cinĂ©ma, objets quotidiens, actualitĂ©s, souvenirs de famille, d’école, littĂ©rature ... Ces je me souviens » ne sont pas exactement des souvenirs, et surtout pas des souvenirs personnels, mais des petits morceaux de quotidien, des choses que, telle ou telle annĂ©e, tous les gens d'un mĂȘme Ăąge ont vues, ont vĂ©cues, ont partagĂ©es, et qui ensuite ont disparu, ont Ă©tĂ© oubliĂ©es ; elles ne valaient pas la peine d'ĂȘtre mĂ©morisĂ©es, elle ne mĂ©ritaient pas de faire partie de l'Histoire, ni de figurer dans les MĂ©moires des hommes d'Etat, des alpinistes et des monstres sacrĂ©s. Il arrive pourtant qu'elles reviennent, quelques annĂ©es plus tard, intactes et minuscules, par hasard ou parce qu'on les a cherchĂ©es, un soir, entre amis ; c'Ă©tait une chose qu'on avait apprise Ă  l'Ă©cole, un champion, un chanteur ou une starlette qui perçait, un air qui Ă©tait sur toutes les lĂšvres, un hold-up ou une catastrophe qui faisait la une des quotidiens, un best-seller, un scandale, un slogan, une habitude, une expression, un vĂȘtement ou une maniĂšre de la porter, un geste, ou quelque chose d'encore plus mince, d'inessentiel, de tout Ă  fait banal, miraculeusement arrachĂ© Ă  son insignifiance, retrouvĂ© pour un instant, suscitant pendant quelques secondes une impalpable petite nostalgie. - Georges Perec. Nous vous proposons, Ă  votre tour, de partager votre mĂ©moire. MĂ©moire d'un quotidien disparu, des grandes ou des petites choses, souvenirs drĂŽles ou amers... En utilisant la forme de phrases courtes commençant toutes par "je me souviens" utilisĂ©e par Perec. Extraits dĂ©but du livre 1 Je me souviens des dĂźners Ă  la grande table de la boulangerie. Soupe au lait l'hiver, soupe au vin l'Ă©tĂ©. 2 Je me souviens du cadeau Bonux disputĂ© avec ma soeur dĂšs qu'un nouveau paquet Ă©tait achetĂ©. 3 Je me souviens des bananes coupĂ©es en trois. Nous Ă©tions trois. 4 Je me souviens de notre voiture qui prend feu dans les bois de LancĂŽme en 76. 5 Je me souviens des jeux Ă  l'Ă©lastique Ă  l'Ă©cole. 6 Je me souviens de la sirĂšne sonnant, certaines aprĂšs-midi, Ă  cĂŽtĂ© de l'Ă©cole et qui vrombissait jusqu'Ă  envahir l'espace que nous habitions. 7 Je me souviens de Monsieur Mouton, l'ophtalmo, qui avait une moustache blanche. 8 Je me souviens des coups de rĂšgle en fer sur les doigts. 9 Je me souviens des Malabars achetĂ©s chez la confiseuse au coin de la rue. 10 Je me souviens de l'odeur enivrante des livres, Ă  la rentrĂ©e scolaire. Extraits en vrac Je me souviens d'un fromage qui s'appelait "la Vache sĂ©rieuse" "la Vache qui rit" lui a fait un procĂšs et l'a gagnĂ© . Je me souviens quand on revenait de vacances, le premier septembre, et qu'il y avait encore un mois entier sans Ă©cole . Je me souviens que Johnny Halliday est passĂ© en vedette amĂ©ricaine Ă  Bobino avant Raymond Devos Je crois mĂȘme avoir dit quelque chose du genre de " si ce type fait une carriĂšre, je veux bien ĂȘtre pendu ... " Je me souviens que dans le Livre de la jungle, Bagheera est la panthĂšre, Mowgli le petit homme, et les Bandar-logs les singes Mais comment s'appellent l'ours et le serpent ? Je me souviens de - Quel diffĂ©rence y a t'il entre la tour Eiffel, ta chemise et ma famille ? - ?- La tour Eiffel est colossale et ta chemise est sale au col !- ? Et ta famille ?- Elle va trĂšs bien merci . Je me souviens des combles . - Quel est le comble de la peur ?- c'est reculer devant une pendule qui avance .- Quel est le comble pour un coiffeur ?- c'est friser le ridicule et raser les murs .Je me souviens quand j'attendais que la cloche sonne la fin de la classe . Je me souviens de j'en ai marre, marre a bout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval de course, course Ă  pied, pied Ă  terre, terre de feu, feu follet, lait de vache, vache de ferme, ferme ta gueule, ect ... Je me souviens de " Petit Papa c'est aujourd'hui ta fĂȘte Maman m'a dit que tu n'Ă©tais pas lĂ  .J'avais des fleurs pour couronner ta tĂȘte..." j'ai oubliĂ© la suite . Je me souviens de " Prosper youp-la-boum " . Contraintes de forme Utilisation de phrases courtes, dĂ©butant par "Je me souviens".
voirsa notice ici : dufrasnehector Il habitait au coin de l'avenue de Cordouan et de la rue qui porte son nom. Il se produisait souvent au Casino Municipal de Royan construit par Auguste REDON avec son voisin de Rue Félix VIEUILLE.Hector Dufranne (Golaud) et Félix Vieuille (Arkel) dans "Pelléas et Melisande" de Clause Debussy.C'est en 1953, que le CM décide de donner
Personnages Aline Thomas AndrĂ© Llobet AndrĂ© Lorente Catherine Bascoul Christian BouillĂ© Christian Laborde Claire et Thierry Georges Doumenc Germaine Gispert Hamid Jarmouni Hippolyte Annex Jo l'Oranais La Marseillaise Lucie Bruel Marc Bel Marguerite Meyer Mattt Konture Miloud Abouhafs Moss Mounir Letaief Maurice Guillaume Pierre Rainard Pierre Sussi RenĂ© Brel Robert Durand TanĂ© FarrĂ© Julien Del Litto Le PĂšre Bonnet L'AbbĂ© Coursindel Lojka Mitrovic Pascal Moisset, Century 21 Dari BoumĂ©dienne Madame Plume d'or 1- Aline Thomas Je suis nĂ©e en 1933 Ă  Figuerolles, et j’y habite toujours. Je suis entrĂ©e Ă  la Sainte Famille Ă©cole primaire et collĂšge catholique pour y apprendre Ă  lire, et j’en suis sortie Ă  la retraite. Je suis donc devenue institutrice aprĂšs avoir passĂ© le Brevet ElĂ©mentaire, qui m’a permis de commencer Ă  enseigner, puis j’ai obtenu mon CAP et je suis devenue une vĂ©ritable institutrice, payĂ©e par l’Education Nationale. Auparavant, j’étais trĂšs peu payĂ©e, et parfois avec beaucoup de retard. L’école n’était pas riche. J’y ai donc vu passer les enfants du quartier pendant 50 dĂ©but, la population Ă©tait surtout ouvriĂšre des maçons, des salariĂ©s, des employĂ©s de bureau et quelques mĂ©decins et professions libĂ©rales. A partir de 1954, aprĂšs la construction de la citĂ© d’urgence, il y a eu beaucoup de gens trĂšs pauvres. En 1962, arrivent de nombreux rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie qui avaient de meilleures situations commerçants, agriculteurs. Dans les annĂ©es 70, quelques asiatiques, de milieu aisĂ©. Il y a toujours eu des gitans, mais ils n’allaient jamais jusqu’au brevet, ils s’arrĂȘtaient avant, mĂȘme quand leurs rĂ©sultats Ă©taient bons. Ils Ă©taient alors surtout marchands ambulants sur les marchĂ©s. Il y a toujours eu dans l’école une majoritĂ© de gens du quartier, français d’origine. D’autres venaient des villages en pension. Les vagues successives d’immigration se sont intĂ©grĂ©es facilement chez nous, le Maghreb Ă  partir de 1980. L'Ă©cole est devenue mixte Ă  peu prĂšs au mĂȘme moment. La premiĂšre annĂ©e, il y avait un seul garçon pour 400 filles
 Les parents ont toujours bien participĂ© Ă  la vie de l’école, aux lotos, kermesses , sorties. L’ambiance Ă©tait trĂšs bonne, et j’ai eu beaucoup de mal Ă  quitter cette Ă©cole Ă  ma retraite. Un souvenir particulier pour la sƓur Saint Marie, directrice Ă©mĂ©rite. Retour 2- AndrĂ© Llobet AndrĂ© Llobet habite au n° 100 du Faubourg Figuerolles, Ă  la Grande Maison ». C’est un chasseur comme on les aime. De ceux qui ont marquĂ© notre enfance, nos souvenirs, qui revenaient de la garrigue avec des odeurs de thym et d’aspic, avec un liĂšvre ou une paire de perdreaux au fond de leur sac de cuir. AndrĂ© Llobet J’ai commencĂ© Ă  chasser tout petit, avec un lance-pierre. Mon gibier les lĂ©zards, les petits oiseaux. J’en touchais un sur 1000
 Ensuite, avec mon pĂšre. Comme tous les jeunes, je portais le carnier et en mĂȘme temps, j’apprenais tout de la chasse. Les rĂšgles de sĂ©curitĂ© aussi, car nos parents Ă©taient sĂ©vĂšres et ne laissaient rien passer. C’était bien plus efficace comme formation que le permis de chasser qui existe aujourd’hui. Rien Ă  voir. Le seul problĂšme, c’est que ça donnait terriblement envie de chasser ; on languissait d’avoir 15 ans. C’était tout un univers. AprĂšs la guerre, comme il n’y avait pas de cartouches, on se les fabriquait. On rĂ©cupĂ©rait les vieilles douilles, on les re-calibrait, on faisait tomber des gouttes de plomb fondu dans des bassines d’eau, on refaisait les amorces avec le phosphore des anciennes allumettes, celles qu’on pouvait allumer sur les pantalons. Pour la poudre, les bourres, on se dĂ©brouillait aussi. Alliez-vous chasser les canards et les macreuses ? La chasse Ă  l’eau, c’est quelque chose de merveilleux, tout un art immense. C’est la disposition des appelants gibier domestique qui fait la diffĂ©rence entre un bon et un mauvais chasseur. Il faut aussi connaĂźtre quelques ruses. Par exemple savoir appeler les macreuses avec une piute », c’est un appeau. Et lĂ , seul dans son poste, Ă  2 ou 300 m des autres chasseurs, on rĂȘve, face au ciel, aux Ă©toiles, Ă  la lune. Au dĂ©but, la Grande Motte n’existait pas et l’aĂ©roport de FrĂ©jorgues n’éclairait pas beaucoup. La nuit, on n’y voyait pas bien loin. Alors, on mettait au bout du canon du fusil un morceau de chambre Ă  air pour pouvoir viser Ă  peu prĂšs. C’était comme une masse qui nous servait de point de mire. Auriez-vous une ou deux anecdotes Ă  nous raconter ? Bien sĂ»r. Je vais d'abord vous raconter une histoire horrible ! Une annĂ©e, on Ă©tait parti faire l’ouverture du 14 juillet Ă  l’époque, c’était autorisĂ©. Il nous fallait partir 3 jours avant pour avoir un poste, on essayait d’avoir le meilleur. On s’engageait sur l’étang sur un nĂ©gafol noie le fou en patois, un petit barquĂ© trĂšs plat dans lequel on chargeait tout ce qu’il fallait pour trois jours. Mais cette annĂ©e-lĂ , exceptionnelle, il y avait des milliards de moustiques. MalgrĂ© le No-pic, on s’est fait dĂ©vorer. On mettait les couvertures sur la tĂȘte, rien n’y faisait. Au final, la veille de l’ouverture, on a Ă©tĂ© obligĂ© de rentrer, tellement on avait de fiĂšvre et de maux de tĂȘte. Alliez-vous aussi chasser dans la garrigue ? A terre, Ă  l’époque, il y avait Ă©normĂ©ment de gibier. Aujourd’hui, il n’y en a plus beaucoup, surtout Ă  cause des produits agricoles qui sont dĂ©versĂ©s sur le sol et qui ont fait bien plus de dĂ©gĂąts que tous les chasseurs rĂ©unis. Par exemple, les dĂ©sherbants, pesticides tuent les insectes qui fournissaient une ressource de protĂ©ines indispensable aux jeunes perdreaux. Il y a aussi les haies et les arbres, lieux de vie de toute une faune, qui ont Ă©tĂ© supprimĂ©s pour permettre d’avoir des Ă©tendues plus larges ou bien parce qu’ils faisaient de l’ombre sur quelques souches et en faisaient baisser le rendement. Enfin, et je dirais presque surtout, il y a l’utilisation de la machine Ă  vendanger, qui ne laisse plus un grain de raisin pour les grives ! Mais il ne faut pas oublier que la chasse, ce n’est pas fini. C’est l’occasion de vivre de trĂšs prĂšs avec l’environnement et de prendre conscience de l’urgence qu’il y a Ă  le protĂ©ger. . . C’était un jour, Ă  Mireval, oĂč il y a des falaises qui surplombent les vignes. On Ă©tait montĂ© sur la crĂȘte, et il faisait froid, du vent. Un de nos amis Ă©tait restĂ© en bas, Ă  l’abri du vent, dans un champ. On le surplombait, et on Ă©tait bien Ă  400 m de lui. On a dĂ©cidĂ© de lui faire une farce. On avait de vieilles cartouches toutes gonflĂ©es qui ne rentraient plus dans le fusil. C’était l’occasion de les utiliser. On a dĂ©coupĂ© le carton de la douille. Ce sont des couches un peu comme un mille feuilles. On en a enlevĂ© jusqu’à ce que la cartouche rentre dans le fusil et on en a tirĂ© une pour que les plombs retombent en pluie autour de lui. Il s’est mis Ă  crier Malheureux, arrĂȘtez, j’ai pris un plomb ! ». Mais nous, on en a tirĂ© une autre, sĂ»rs qu’on ne pouvait pas lui faire de mal. LĂ , il s’était mis Ă  l’abri derriĂšre une cabane. Quand on est descendu, il nous a montrĂ© une grappe de plombs l’avait touchĂ© en pleine poitrine et il avait un bleu gros comme un piĂšce de 5 F
 Certainement que les vieux plombs s’étaient soudĂ©s et c’est comme s’il avait reçu un caillou lancĂ© de 400 m. La preuve qu’il faut toujours faire attention. On aurait pu lui faire trĂšs mal. » Jadis, on chassait aussi les Ă©cureuils. C’est trĂšs bon Ă  manger et c’est aussi un prĂ©dateur qui n’hĂ©site pas Ă  dĂ©vorer les Ɠufs et les oisillons, mais aujourd’hui, il est protĂ©gĂ©. Difficile de voir un Ă©cureuil pour pouvoir le tirer car il se cache toujours derriĂšre le tronc. Il y a une technique il faut poser un bĂ©ret ou sa musette bien en vue d’un cĂŽtĂ© de l’arbre et se mettre discrĂštement de l’autre le sac lui fait peur et il vient du cĂŽtĂ© oĂč on l’attend. A la grande Ă©poque des grives, dans les annĂ©es 70, on avait le droit d’utiliser de nombreux appeaux, qui comme le miroir aux alouettes, Ă©taient trĂšs efficaces. Parmi eux, le mange disque, qui a ensuite Ă©tĂ© interdit. J’ai achetĂ© un sifflet, et j’ai passĂ© des heures Ă  Ă©couter le disque chez moi jusqu’à ce que je l’imite Ă  la perfection. C’était terrible. Je sifflais, les grives venaient, je tirais, elles revenaient... ». Retour 3- AndrĂ© Lorente De 1964 Ă  1993, le vĂ©ritable permis de conduire de Figuerolles s’obtenait chez AndrĂ© Lorente. AndrĂ© Lorente, le propriĂ©taire de l’auto-Ă©cole Renouvier, avait promis de nous raconter l’histoire de sa vie. Il a bien fait parce que ce n’est vraiment pas banal. C’est qu’il en a rĂ©ussi des challenges ! Par exemple, celui de faire passer leur permis de conduire aux jeunes du quartier qui ne savaient pratiquement pas lire. Je suis nĂ© le 8 dĂ©cembre 1931 Ă  Mauguio. En 1958, j’ai trouvĂ© du travail Ă  la Caisse RĂ©gionale d’Assurances Maladie du Cours Gambetta. GrĂące Ă  cet emploi, j’ai pu avoir un logement Ă  la CitĂ© GĂ©ly. Dans le mĂȘme temps, les Ă©vĂšnements graves se succĂ©daient et je militais beaucoup. A ce moment lĂ , j’étais secrĂ©taire dĂ©partemental des jeunesses communistes, et membre du comitĂ© national du parti. Je me souviens d’avoir prĂ©sentĂ© publiquement le rapport d’activitĂ© de la fĂ©dĂ©ration Ă  BĂ©ziers, en 1962, aux cĂŽtĂ©s de Georges Marchais je tremblais comme une feuille ! Puis, j’ai Ă©tĂ© gravement malade, j’ai dĂ» arrĂȘter de travailler. AprĂšs une longue convalescence, j’ai dĂ©cidĂ© de changer de cap. J’avais dĂ©jĂ  cinq enfants et j’ai passĂ© mon CAP de moniteur d’auto-Ă©cole. J’ai commencĂ© chez Bouscaren, qui Ă©tait Ă  l’époque juste en face du magasin Tati. J’y suis restĂ© 2 ou 3 ans. En fait, c’était ça ma voie. J’aurais bien aimĂ© ĂȘtre instituteur aussi. Je me suis installĂ© dans ce local un peu par hasard. C’est le coiffeur Dominique, au coin de la rue Daru, qui l’avait louĂ© pour y installer son gendre, gendre qui finalement n’est pas venu. Alors le coiffeur m’a proposĂ© ce local et je l’ai louĂ©. La propriĂ©taire, c’était Mme Navas une figure du quartier, une grande dame qui fumait le cigare ! C’est elle qui avait fait construire l’immeuble oĂč se trouve aujourd’hui la banque. Cette banque, Ă  l’époque, aprĂšs avoir Ă©tĂ© un bar, c’était un pressing. Juste en face, de l’autre cĂŽtĂ© du plan, il y avait le mĂ©canicien poids-lourds, mon ami Tarrigo
 Ensuite, j ’ai passĂ© une attestation de capacitĂ© et je me suis lancĂ© dans une entreprise de transports en commun. J’ai eu jusqu’à trois autobus. J’ai fait passer aussi tous les autres permis poids lourd, super lourd, bus. Au final, je me retrouvais avec 3 voitures, 3 motos, un autocar, 1 poids lourd 19 tonnes et un vĂ©hicule articulĂ© semi pour les leçons. J’avais louĂ© une cour Ă  la zone industrielle pour les parquer. Quand j’ai arrĂȘtĂ©, mes enfants n’ont pas voulu continuer, car il fallait maintenant s’équiper de cars neufs, avec toilettes, vidĂ©o. C’était trop lourd comme investissement, car en plus, il faut changer les voitures tous les ans. Je n’ai pas rĂ©ussi Ă  vendre l’auto-Ă©cole en tant qu’auto-Ă©cole, parce que c’était le moment oĂč Figuerolles avait sa plus mauvaise rĂ©putation et personne ne voulait plus venir s’y installer. De plus, je n’ai jamais voulu que mon affaire devienne une grande auto-Ă©cole.» On entend souvent dire du mal de la formation des conducteurs. Qu’en pensez-vous ? Vous savez, quand j’entends Ă  la tĂ©lĂ© des spĂ©cialistes, des coureurs automobiles dire que quand on vient d’avoir son permis, on ne sait pas conduire, ça me fait rire. Vous savez, les gens essaient d’avoir leur permis avec le moins de leçons possible. 15 leçons au maximum. C’est vraiment peu. Je veux bien donner une meilleure formation, mais qui va payer ? Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas. Moi, je ne pouvais faire de route avec mes Ă©lĂšves, ils n’en avaient pas les moyens financiers. Alors on faisait au plus serrĂ© avec les moyens qu’ils avaient. Dans les auto-Ă©coles, il y a des gens trĂšs sĂ©rieux qui aiment vraiment leur boulot, on se rencontrait assez souvent. Personne ne peut faire de miracles. D’autant que pour certaines personnes, il faut beaucoup de travail. En gĂ©nĂ©ral, plus on est ĂągĂ©, plus c’est difficile. Quelle est la plus grande cause d’échec ? C’est l’émotivitĂ©. Il y a des gens qui perdent contrĂŽle, qui n’ont pas assez confiance en eux, que l’inspecteur terrorise. Je me souviens d’un Ă©lĂšve qui a dĂ» le passer 12 fois ! Et tous les 4 Ă©checs Ă  la conduite, il devait repasser le code. A la fin, j’ai dit Ă  l’inspecteur que maintenant, ça suffisait, avec toutes les leçons qu’il avait prises. Il le lui a donnĂ©. Et aprĂšs, ce monsieur n’a jamais eu un seul accident de sa vie. Il Ă©tait mĂȘme responsable d’un club sportif dans le quartier et par la suite il a transportĂ© rĂ©guliĂšrement mes enfants ». Conduire sans savoir lire ni Ă©crire AndrĂ© Lorente avait pour mission de permettre Ă  tous d’accĂ©der au fameux papier rose signĂ© par l’inspecteur Ă  la fin de la redoutable Ă©preuve de conduite. Mais avant de pouvoir se prĂ©senter Ă  cet examen, il fallait avoir obtenu le code, qui atteste de la connaissance des rĂšgles de circulation, des panneaux, etc. Si pour certains, ce premier pas Ă©tait une formalitĂ©, il n’en allait pas de mĂȘme avec toute une partie de la population du quartier, notamment la communautĂ© gitane, dont bien des jeunes ne savaient quasiment ni lire ni Ă©crire. Il en fallait plus pour dĂ©courager notre moniteur. Avec eux, c’était l’inverse. Ils conduisaient dĂ©jĂ , et mieux que moi. Il fallait que je me fĂąche pour qu’ils ne se prĂ©sentent pas Ă  l’examen au volant de leur voiture. Par contre, le vrai problĂšme, c’était le code ». Alors, AndrĂ© Lorente multipliait les leçons Je les faisais venir tous les jours, pour leur expliquer tout ça. Il me fallait traduire le langage officiel, sinon ils me traitaient de parisien. Si je parlais d’intersection au lieu de croisement ou si je disais dĂ©passer Ă  la place de doubler ils levaient les bras au ciel tu es trop compliquĂ© AndrĂ©, parle français, on n’y comprend rien ! » Et tout finissait par un examen oral, et l’obtention du permis. Restait Ă  rĂ©soudre le problĂšme du rĂšglement. Pour les gens sans ressources, on pouvait obtenir un financement des ASSEDIC en contrepartie d’une promesse d’embauche. C’est de cette façon que j’étais payĂ©, sauf quand je ne l’étais pas. En effet, les ASSEDIC versaient en deux fois, une premiĂšre fois aprĂšs le code, lĂ  j’étais payĂ©, et une deuxiĂšme fois aprĂšs l’obtention de la conduite. C’est Ă  ce moment que je n’en revoyais plus quelques uns. Mais je ne leur en ai jamais voulu. D’abord parce qu’il y en a eu trĂšs peu qui m’ont fait ce coup lĂ , et ensuite parce que je comprenais bien qu’ils avaient trĂšs peu d’argent et que pour certains, la tentation Ă©tait trop forte ». AndrĂ© Lorente nous explique qu’à l’époque, les inspecteurs du permis de conduire Ă©taient tous des retraitĂ©s de l’armĂ©e ou de la gendarmerie, anciens officiers ou sous-officiers. Il Ă©tait alors interdit Ă  un moniteur d’auto-Ă©cole de se prĂ©senter Ă  ce concours. On ne peut pas dire qu’ils Ă©taient bien formĂ©s Ă  ce mĂ©tier, contrairement Ă  aujourd’hui », souligne AndrĂ©. Qui ne se souvient des rĂ©putations terribles que se forgeaient des inspecteurs cĂ©lĂšbres pour leur sĂ©vĂ©ritĂ©. Face Ă  eux, il y avait tout type de rĂ©action. De l’hyper Ă©motif qui restait paralysĂ© au Jean Yanne furieux en passant par celui qui proposait un gros billet
 Il m’est arrivĂ© d’en sĂ©parer » se souvient AndrĂ© en souriant. Mais il lui est tout arrivĂ©, en fait, y compris de mettre dehors des inspecteurs qui exagĂ©raient, qui faisaient caler un Ă©lĂšve ou signaient le papier rose ou jaune alors que l’élĂšve n’avait fait que 200 mĂštres au volant, comme de s’attraper avec des Ă©lĂšves insolents. Avec en moyenne 40 par mois, dont beaucoup de femmes les maris avaient dĂ©jĂ  passĂ© leur permis. AndrĂ© s’est rĂ©galĂ© de cette vie qu’il a traversĂ© avec droiture, dans un univers qui ne manquait pas de malhonnĂȘtes et de tricheurs. Tout le monde se souvient des affaires qui avaient fait la une des journaux Ă  l’époque. Rien de tout ça Ă  l’école Renouvier, oĂč tout le quartier s’en souvient, il fallait filer droit. Mais Ă  la fin, on repartait avec le permis... Retour 4-Catherine Bascoul J'ai Ă©tĂ© institutrice pendant trois ans, de 1993 Ă  1996, Ă  la maternelle du Docteur Roux, en haut du faubourg Figuerolles. J’arrivais de Normandie quand j’ai appris que toute l’équipe des 5 collĂšgues de l Ă©cole venait de la quitter Ă  la suite de difficultĂ©s multiples. J’étais trĂšs angoissĂ©e devant ce monde inconnu, dĂ©crit comme ingĂ©rable. J’ai donc vĂ©cu trois annĂ©es difficiles, mais enrichissantes. Difficiles, car il m’a fallu donner beaucoup de moi, passer du temps hors Ă©cole. On se sentait loin de tout, abandonnĂ©s, sans moyens spĂ©cifiques. Nous avions un public composĂ© d’enfants gitans et d’enfants issus de la nouvelle population du quartier artistes, intellectuels, cadres moyens. Les gitans ne venaient pas le matin, sauf une minoritĂ©, et l’aprĂšs-midi, la classe Ă©tait au complet. Les enfants gitans restaient entre eux. Il n’y avait pas de graves problĂšmes de discipline, ils Ă©taient contents qu’on s’occupe d’eux, d’ĂȘtre Ă  l’école. Ils Ă©taient trĂšs vifs, plein d’élan, agrĂ©able en classe. Certains Ă©taient adorables, des petites filles trĂšs sages. Mais tout incident pouvait prendre des proportions immenses, et j’avais l’impression qu’il n’y avait pas de limite Ă  la colĂšre des parents si un enfant avait Ă©tĂ© blessĂ©. Il falait expliquer tout le temps, et quand la confiance Ă©tait Ă©tablie, tout allait bien. Des gens qui parlaient vrai, qui disaient les choses en face, parfois de façon maladroite. Pour moi, ce fut trĂšs enrichissant. Pourquoi ne seraient-ils pas dans le vrai quand leur seule inquiĂ©tude est le bonheur d’un enfant. Retour 5- Christian BouillĂ© Christian BouillĂ© est un personnage clĂ© Ă  Figuerolles. En effet, il a la responsabilitĂ© de la gestion d’un prĂ©cieux patrimoine culturel. Interview J’ai d’abord Ă©tĂ© instituteur dans le Gard, pendant 5 ou 6 ans, dans les annĂ©es soixante. J’étais originaire du Martinet, en plein coeur des CĂ©vennes miniĂšres. C’est dans cette rĂ©gion que j’ai commencĂ© Ă  enseigner. Puis, je suis venu Ă  Montpellier en 1967 pour me former Ă  la profession de professeur de collĂšge. J’ai passĂ© le concours des IPES, ce qui permettait Ă  l’époque de continuer ses Ă©tudes tout en Ă©tant payĂ© ; mes parents n’étaient pas riches ! J’ai franchi tous les Ă©chelons, obtenu mon CAPES, et enfin un premier poste Ă  Montpellier. Quand j’ai rĂ©ussi mon doctorat, on m’a proposĂ© un poste dans le Gard, mais j’étais devenu trop Montpellierain et j’y suis restĂ©. Je suis devenu professeur Ă  la facultĂ© des Sciences, comme physiologiste spĂ©cialisĂ© en neurobiologie. Vous ne vous ĂȘtes pas arrĂȘtĂ© lĂ  ? Non. Dans les annĂ©es 90, je me suis fortement impliquĂ© en politique, et j’ai Ă©tĂ© Ă©lu dans l’équipe de Georges FrĂȘche. En 98, j’ai Ă©tĂ© Ă©lu comme conseiller gĂ©nĂ©ral sur le septiĂšme canton, que je connaissais bien, car j’avais habitĂ© deux ans rue Tour Gayraud, et en 2004, j’y ai Ă©tĂ© réélu avec plus de 65 pour cent des voix ! Je dispose actuellement d’une importante dĂ©lĂ©gation au Conseil GĂ©nĂ©ral, sur les thĂšmes de l’insertion et de l’emploi. A Montpellier, je m’occupe de la sĂ©curitĂ© mais aussi de la politique de la ville, avec des dossiers Ă©normes, comme ceux de la rĂ©novation urbaine ANRU, qui concernent Figuerolles et la CitĂ© GĂ©ly, mais aussi Les CĂ©vennes, Le Petit Bard et la Mosson. Et, au cas oĂč je m’ennuierais, je suis aussi maire adjoint du grand quartier des CĂ©vennes 42 000 habitants. Pour finir, j’occupe le poste de secrĂ©taire de la septiĂšme section du parti socialiste de Montpellier, qui compte 300 adhĂ©rents et fait partie des trois plus importantes de l’HĂ©rault. Pour la petite histoire, il faut savoir que, quand j’y suis arrivĂ©, en 1993, il n’y avait que 13 personnes ! Nos militants sont lĂ  par conviction, bien sĂ»r, mais aussi parce que je m’occupe activement de leurs dossiers personnels quand ils le demandent. Je travaille beaucoup 70 heures par semaine en tout, 35 heures Ă  la ville, 35 heures au dĂ©partement. J’ai trois secrĂ©taires qui croulent sous les dossiers
 Je ne dĂ©fraie pas la chronique, mais je travaille sans arrĂȘt. Aujourd’hui, j’habite avenue Louis Ravas, mais j’ai habitĂ© pendant 20 ans la CitĂ© des CĂ©vennes. Je vois les gens en faisant mes courses ; tout le monde a mon numĂ©ro de portable et peut me joindre facilement. Le quartier Figuerolles commence au plan Cabanes et se termine aprĂšs la CitĂ© GĂ©ly. Pour la Mission Grand CƓur, il fait partie du quartier Centre et de la septiĂšme circonscription qui compte 25 000 habitants.. SchĂ©matiquement, je dirais qu’à partir du numĂ©ro 50, avant le pont, il y a une coupure au dessus, un monde plutĂŽt gitan, en dessous, plutĂŽt maghrĂ©bin. Mais c’est aussi un melting-pot, avec une population bobo bourgeois bohĂšme, ndlr, artiste, qui se plait dans cette atmosphĂšre dĂ©contractĂ©e qui caractĂ©rise Figuerolles. Dans l’ensemble, un mĂ©lange rĂ©ussi de nombreuses immigrations successives, dans un des quartiers les plus anciens de Montpellier. Au final, aujourd’hui, l’allure d’un village, avec des commerces de qualitĂ©. Il y a aussi le cĂŽtĂ© noir de ce faubourg, non ? On montre souvent du doigt Figuerolles, pour ses trafics, son commerce de drogues dures, pour ces voitures qu’on ne peut expliquer comment leurs jeunes propriĂ©taires on fait pour les acheter. Mais croyez que nous y travaillons. La ville a mis en place un CLSPD, un Conseil Local de SĂ©curitĂ© et de PrĂ©vention de la DĂ©linquance. La police municipale n’a pas un rĂŽle rĂ©pressif, mais de prĂ©vention. Elle lutte contre les nuisances publiques, les incivilitĂ©s, le bruit, etc. Nous avons menĂ© une expĂ©rimentation sur trois places sensibles de la ville Candolle, Saint Roch et la Canourgue. Les rĂ©sultats sont excellents. Nous souhaitons les Ă©tendre Ă  toute la ville, avec la prĂ©sence sur zone de policiers municipaux, de 20h Ă  4 h du matin, qui appellent la police nationale en cas de besoin ; mais nous avons besoin d’un engagement de l’Etat pour pouvoir continuer. La ville seule ne peut pas tout faire. Contacter Christian BouillĂ© 06 12 48 82 86 Christian BouillĂ© est intarissable. RĂ©novation, insertion, Ă©ducation, formation, il fait feu de tout bois et ne mĂ©nage pas sa peine La CitĂ© GĂ©ly va ĂȘtre complĂštement rĂ©habilitĂ©e, de petites villas seront construites sur le stade qui se trouve derriĂšre. L’objectif commun Ă  tout le quartier est d’arriver Ă  une rĂ©elle mixitĂ©, qui regroupera logements sociaux et privatifs. Ces opĂ©rations passent par des prĂ©emptions municipales et des aides Ă  la rĂ©novation, en essayant de faire en sorte que tout le monde y trouve son compte. Il s’agit bien de hisser Figuerolles sur la mĂȘme corde que les autres quartiers, dĂ©velopper la sĂ©curitĂ©, le social et la culture en partenariat avec le tissu associatif. » Il nous signale deux actions phares qui lui tiennent Ă  cƓur Tout d’abord, dans le cadre de la lutte pour l’emploi nous avons ouvert La Gaminerie Ă  la CitĂ© GĂ©ly. A partir de la rĂ©cupĂ©ration et de la remise en Ă©tat de vĂȘtements, nous faisons travailler 15 personnes au RMI, avec chaque annĂ©e une douzaine d’intĂ©grations dans le monde du s’agit d’un chantier d’insertion, financĂ© chaque annĂ©e Ă  hauteur de 70 000 euros par la DES Direction de l’Economie Sociale et 120 000 euros par le FSE Fonds Social EuropĂ©en. Nous envisageons un dĂ©veloppement dans le secteur de la mĂ©canique. » L’autre action vedette, c’est la Chapelle, que nous avons progressivement Ă©quipĂ©e, mise aux normes de sĂ©curitĂ©, et qui, dans le futur Ă©crin que sera la CitĂ© GĂ©ly, sera un vĂ©ritable bijou. Etienne Scwarcz y fait un travail remarquable depuis 2001. Il y dĂ©veloppe de nombreuses activitĂ©s artistiques telle que la diffusion, la rĂ©sidence d’artistes, la recherche et la crĂ©ation. Il tisse des liens privilĂ©giĂ©s avec les habitants du quartier mais Ă©galement avec le public de la rĂ©gion. Une idĂ©e sous tend cette relation le brassage de population avec le moteur artistique comme moyen de transcender les clivages. » Retour 6- Christian Laborde Christian Laborde est le propriĂ©taire de la droguerie Couleurs du Midi », place Salengro. SpĂ©cialitĂ© qui se rarĂ©fie dans les villes. Pourtant, on trouve lĂ  des choses surprenantes. PrĂ©sentation Christian Laborde, pouvez-vous nous dĂ©crire votre parcours ? Je suis nĂ© en 1954, Ă  Paris. J’en ai toujours gardĂ© l’accent, d’ailleurs . Je me suis installĂ© dans ce quartier en 1985. A l’époque, nous Ă©tions plusieurs droguistes sur Montpellier. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que deux. Que s’est-il passĂ© ? La clientĂšle est toujours lĂ , mais elle s’est dissĂ©minĂ©e dans les grandes et moyennes surfaces. Il y en a dans toutes les zones commerciales. La concurrence a Ă©tĂ© terrible. Comme je bĂ©nĂ©ficie des caractĂ©ristiques un peu spĂ©ciales de ce quartier, je me suis spĂ©cialisĂ© dans des produits trĂšs spĂ©cifiques comme la chaux ou les pigments. C’est comme ça que j’ai pu tirer mon Ă©pingle du jeu et jouer sur une clientĂšle qui m’est devenue trĂšs fidĂšle. Qu’est-ce qui vous permet de dire cela ? C’est que j’ai affaire Ă  des gens qui viennent trĂšs souvent, me tĂ©lĂ©phonent rĂ©guliĂšrement pour des conseils. Un journal local m’avait appelĂ© le Roi du Conseil » ! C’est vrai qu’on trouve chez moi des produits pas courants et que je peux vous expliquer comment on s’en sert. Je rĂ©cupĂšre mĂȘme des clients de grandes surfaces qui ne savent pas utiliser ce qu’ils y ont achetĂ©. Bien sĂ»r, je commence par les taquiner Allez leur demander comment il faut faire, pour voir ! ». Puis aprĂšs je leur explique tout
 C’est vraiment ma force, le conseil. D’oĂč vous vient cette compĂ©tence ? C’est que je suis dans le mĂ©tier depuis 25 ans, je tourne beaucoup, je vais sur tous les chantiers, je travaille avec de nombreux artisans. J’ai commencĂ© ma carriĂšre comme reprĂ©sentant d’une marque de peinture, c’est vous dire si toute ma vie professionnelle s’est articulĂ©e autour de ce mĂ©tier. Pourtant, force est de constater que des magasins comme le mien sont condamnĂ©s Ă  moyenne Ă©chĂ©ance. Je fais en sorte de proposer une gamme trĂšs Ă©tendue de produits pour rĂ©pondre Ă  toutes les demandes des bricoleurs et des personnes ĂągĂ©es qui viennent chez moi droguerie, peinture, Ă©lectricitĂ©, plomberie. Je suis un des seuls chez qui les artisans et les artisans d’art trouvent les produits rares dont ils ont besoin. Vous pouvez nous en citer ? Par exemple, je suis un spĂ©cialiste de la chaux aĂ©rienne pour la dĂ©coration intĂ©rieure ainsi que de tous les pigments et la poudre de marbre qui servent Ă  rĂ©aliser les enduits du type stuc et tadelack. MĂȘme chose en ce qui concerne les mĂ©taux, l’argenterie ou encore le bois je dispose de tous les types de cire pour antiquaires et Ă©bĂ©nistes, de la fameuse cire de carnauba, de tous les genres de pĂąte Ă  bois, de dĂ©capants. Je peux tout vous fournir, la cire Ă  reboucher, le vernis bistrot, la crĂšme Ă  dorer, la dorure antiquaire, la teinture pour tissus, la cire Ă  patiner, la dorure Ă  la cire ou au vernis et plus si affinitĂ©s
 Comment vous sentez-vous Ă  Figuerolles ? Dans ce quartier, je suis trĂšs Ă  l’aise. D’ailleurs, depuis quelques annĂ©es, il a une bien meilleure rĂ©putation. C’est un lieu trĂšs commerçant, on y trouve de tout. De plus, il se modernise sans cesse et prend de la valeur. La rĂ©novation de la place Salengro commence ce lundi et va durer plus d’un mois. Cette place est trĂšs connue dans toute la ville, mĂȘme si les gens font parfois la confusion entre le Plan Cabanes et la Place Salengro. J’ai des clientes que je connais depuis des annĂ©es, qui me prennent toujours les mĂȘmes produits. Si par hasard je ne l’ai pas ou si on ne le fabrique plus, c’est la crise ! Alors, selon vous, qu’est ce qui est spĂ©cial ici ? La force de ce quartier, c’est cette clientĂšle spĂ©cifique de gens qui ont leurs habitudes, qui ne vont quasiment jamais dans les grandes surfaces, qui prĂ©fĂšrent profiter de ces lieux de vie et qui finalement sont gagnants car ils n’achĂštent que vraiment ce qu’il leur faut, en Ă©conomisant les frais de transport. En plus, ici il y a des horaires d’ouverture comme nulle part ailleurs, venez essayer
 Et puis la vie associative y est trĂšs forte. MĂȘme si je n’ai pas beaucoup le temps d’y participer, ce que font la Maison Pour Tous Joseph Ricome et l’association DrĂŽle de Figue, c’est formidable. Entre commerçants, ici, on s’entend trĂšs bien. On est tous copains, il y a une trĂšs bonne entente et une grande solidaritĂ©. Le marchĂ© sur la place dĂ©veloppe petit Ă  petit une nouvelle clientĂšle on voit arriver de nouvelles tĂȘtes
 Contact Couleurs du Midi, 16 place Roger Salengro, 34000 Montpellier. Tel/fax 04 67 92 17 43 Retour 7- Claire et Thierry S’il est un Ă©tal cĂ©lĂšbre sur le marchĂ© de la place Salengro, c’est bien celui de Claire et Thierry. Il nous fallait en savoir plus sur cette lĂ©gende vivante. Rencontre. Claire AlmĂ©s, depuis quand ĂȘtes vous sur ces lieux ? On a repris la suite de mes parents il y a 23 ans. Ils Ă©taient installĂ©s au Plan Cabanes, oĂč ils Ă©taient arrivĂ©s dans les annĂ©es 50. A ce moment-lĂ , ils vendaient du miel qu’ils allaient chercher dans l’Aveyron. Puis, ils ont eu l’idĂ©e d’aller en Provence pour y acheter les fruits de saison melons, cerises, pommes, poires. Ils les vendaient alors par deux ou trois kilos, et ça marchait trĂšs bien. Par exemple, une fois, au moment des cerises, ils en avaient ramenĂ© 9 variĂ©tĂ©s et en on vendu 900 kilos dans la matinĂ©e ! C’était la vente d’autrefois, mais on n’avait que les produits de saison, de mars Ă  septembre, et il fallait avoir gagnĂ© lĂ  de quoi vivre toute l’annĂ©e. Qui Ă©tait en place au Plan Cabanes, Ă  l’époque, dans votre branche » ? Autrefois, avec nous, il y avait 4 jardiniers. C’étaient M. Cambon, Mme Giner, M. Galibert et M. Jonquet. Quand on a repris, on s’est rendu compte qu’il fallait diversifier, continuer l’hiver. On s’est alors tournĂ© vers le marchĂ©-gare pour les produits espagnols qu’on ne trouvait pas en Provence. Et peu Ă  peu, tous nos jardiniers sont partis Ă  la retraite. Enfin, il y a 15 Ă  18 ans, sont arrivĂ©s les maghrĂ©bins pour les remplacer. Eux ont une clientĂšle de familles nombreuses qui recherche les prix les plus bas. Ils achĂštent essentiellement au marchĂ© gare tout ce qui a Ă©tĂ© invendu, en jouant sur la quantitĂ©. On achĂšte au maximum aux jardiniers qui existent encore, Ă  Mauguio, Ă  Lattes, Ă  Candillargues, Ă  Lansargues de petits producteurs, qui offrent une belle qualitĂ©. Ils font attention Ă  ce qu’ils plantent et traitent le moins possible. Cela n’a rien Ă  voir avec les productions intensives sous serre, qui viennent surtout d’Espagne, un peu d’Italie, et progressivement, depuis une dizaine d’annĂ©es, de Belgique et de Hollande. En Belgique, on a distribuĂ© d’énormes subventions pour rĂ©aliser des cultures sous serres chauffĂ©es le rĂ©sultat, de trĂšs beaux produits, mais qui n’ont aucun goĂ»t
 On vend aussi du bio, bien sĂ»r, avec un ou deux producteurs rĂ©guliers, mais aussi avec d’autres au coup par coup quand je les vois proposer quelque chose qui me plait, au marchĂ©-gare, je le prends. Il y a une forte demande. Les gens veulent des produits non traitĂ©s, mĂȘme s’ils sont moins jolis d’aspect, pour peu qu’ils aient du goĂ»t. Regardez mes mirabelles et goĂ»tez moi ça c’est un papy qui me les descend de l’Aveyron en 403 ! Nos clients nous font confiance ils nous demandent notre avis avant d’acheter. C’est la diffĂ©rence avec les grandes surfaces. Les nouvelles variĂ©tĂ©s, mises au point par les chercheurs, sont surtout destinĂ©es Ă  la grande distribution, avec des critĂšres d’aspect et de longue conservation au dĂ©triment du goĂ»t, avec plus ou moins de rĂ©sultats. Il a Ă©tĂ© par exemple proposĂ© un nouveau type de melon, croisĂ© avec de la courgette. Au goĂ»t, on retrouvait son arriĂšre goĂ»t de courgette, et Ă  la conservation, ces melons s’abĂźmaient, se couvraient de tĂąches. Ils sont quand mĂȘme partis Ă  bas prix dans les hypermarchĂ©s. Un meilleur exemple, c’est la prune Sun. Un croisement qui donne un trĂšs bon goĂ»t pour un fruit qui se conserve une Ă©ternitĂ©. Un vrai sujet, c’est la tomate c’est avec elle que l’on fait vraiment la diffĂ©rence et les gens sont fins connaisseurs, ils nous prennent en prioritĂ© la cƓur de boeuf et la tomate russe. Une tomate molle est plus goĂ»teuse, plus savoureuse que les variĂ©tĂ©s plus fermes, qui intĂ©ressent davantage les grandes surfaces car elles se conservent mieux, comme la Long life. La tomate grappe, quoique moyenne en goĂ»t, est rĂ©guliĂšre toute l’annĂ©e. Notre clientĂšle est trĂšs attentive Ă  tout ça et a bien Ă©voluĂ©. On voit beaucoup de jeunes qui achĂštent peut-ĂȘtre moins qu’avant mais qui cherchent des produits frais. PrĂšs de la moitiĂ© de nos acheteurs est composĂ©e d’habituĂ©s, que l’on voit tous les jours et qui venaient dĂ©jĂ  chez nos parents, ils savent ce qui est bon. Beaucoup sont de par lĂ , n’ont pas de voiture ou ne la sortent jamais. D’autre viennent de plus loin ce sont des gens qui ont repĂ©rĂ© quelques vendeurs de qualitĂ© et font leur tournĂ©e fruits et lĂ©gumes, poissons, boucherie, charcuterie, fromage en plusieurs endroits de la ville. Avec eux, on Ă©change des adresses .Transfert du marchĂ© de Cabanes Ă  Salengro Si, au moment du transfert de ce marchĂ©, des voix virulentes s’étaient Ă©levĂ©es, on semble aujourd’hui satisfait de ce changement. Pour Claire et Thierry, c’est clair, ils travaillent plus ici, dans une ambiance plus conviviale, de mieux en mieux organisĂ©e marquage des emplacements, stabilisation du sol, Ă©lectricitĂ©, nettoyage. Il devient difficile aujourd’hui de trouver un opposant. De nombreux habitants du quartier expriment leur satisfaction devant la prĂ©sence de ce lieu d’échanges et de rencontres. Thierry AlmĂ©s nous explique Du Plan Cabanes, tous les abonnĂ©s ont rĂ©cupĂ©rĂ© leur place. Les seuls grands perdants, ce sont les vendeurs sauvages, qui ne peuvent plus dĂ©baller. Ils sont partis en un premier temps Ă  la Paillade, mais sont progressivement contraints de se dĂ©clarer. Le marchĂ© est maintenant mieux organisĂ©, les gens du faubourg y viennent nombreux, n’ont plus peur de se faire Ă©craser par les bus en traversant le cours Gambetta, et apprĂ©cient vraiment cet endroit ombragĂ© et accessible ». C’est vrai qu’il existe une dynamique Ă©conomique qui semblerait profiter aux commerces de la place. Si beaucoup moins de clientĂšle descend du Petit Bard ou de la Paillade, c’est parce que, selon Thierry, de nombreux commerces s’y sont ouverts et le voyage Ă  Figuerolles devient inutile. La mobilisation des habitants semble donc suffisante pour faire vivre cet espace Ă  la dimension de ses rĂ©sidents, qui sembleraient aujourd’hui s’y sentir bien Ă  l’aise. Ce serait donc un lieu de mixitĂ© et d’intĂ©gration qui se recrĂ©erait lĂ . En tout cas il est plus facile d’y aller que d’en revenir on y rencontre toujours quelqu’un qu’on connaĂźt ou qui a quelque chose Ă  dire. Quand aux futurs marchĂ©s attendus Plan Cabanes, ils sont reçus plutĂŽt favorablement l’occasion de dynamiser un peu les commerces du Courreau et du Plan, qui ont certes souffert de l’arrĂȘt du marchĂ©. Retour 8- Georges Doumenc Georges Doumenc est nĂ© le 7 octobre 1925 Ă  Montpellier. D’abord journaliste Ă  La Voix de la Patrie », il a ensuite travaillĂ© Ă  La Marseillaise » jusqu’en 1981. Originaire du quartier de Figuerolles Ă  Montpellier, il a suivi en 1947 la mise en place de la fameuse Commune Libre et nous donne de prĂ©cieuses indications. Au lendemain de la libĂ©ration, il existait une importante cellule du parti communiste Ă  Figuerolles, qui comptait jusqu’à 100 adhĂ©rents. Il y a eu aussi pour la Commune Libre l’appui d’une grande figure du parti communiste dans l’HĂ©rault, l’instituteur et dĂ©putĂ© Raoul Callas, qui a jouĂ© un rĂŽle d’impulsion, aidĂ© par des familles trĂšs actives, comme les Vincelot , les Roucoules, les Niel, les Sablier et RenĂ© Vieux boucher dans le faubourg. Beaucoup d’anciens rĂ©sistants dont certains avaient Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s se sont investis aussi. . A Figuerolles, on avait créé un groupe de jeunes, les Vaillants. C’était une Ă©poque oĂč on Ă©tait trĂšs anticlĂ©ricaux, et quand nos Vaillants passaient devant le patronage du PĂšre Blanc, un jĂ©suite anticommuniste, le patronage existe toujours et s’appelle aujourd’hui la maisonnĂ©e St Joseph, ils chantaient. Dans une citrouille, il y avait un pĂšre Blanc, qui avait la trouille des petits vaillants » ! La Commune Libre Ă©tait essentiellement composĂ©e de militants du PC. Étienne Boute, communiste lui aussi, Ă©tait conseiller municipal de Figuerolles Ă  la mairie. Il habitait au dĂ©but de la rue Haguenot. Figuerolles Ă©tait mieux intĂ©grĂ© dans la ville que Boutonnet, qui en Ă©tait coupĂ© par le Verdanson. De plus, par son architecture, il favorisait l’intĂ©gration des populations gitanes et immigrĂ©es. Mais on ne rigolait pas entre jeunes de quartiers diffĂ©rents. Boutonnet, le village viticole qui sentait le vin, les Abattoirs, quartier ouvrier, les Barques et Celleneuve avaient chacun leur bande, et de temps en temps, on se rencontrait. Manitas de Plata participait aux fĂȘtes du PC qu’on organisait au parc Rimbaud. Figurez-vous qu’un jour, alors qu’il jouait aux Stes Maries de la Mer, un individu lui dit C’est bien ce que vous jouez, est-ce que je peux vous enregistrer ? » Il accepte, flattĂ©. Mais quelques temps plus tard, il trouve au magasin Radelec qui Ă©tait place Jean JaurĂšs, un disque Vogue intitulĂ© FĂȘte gitane aux Stes Maries de la Mer. C’était son enregistrement. Il est venu nous voir et on a publiĂ© un article qui a fait beaucoup de bruit, puis il y a eu un procĂšs et Manitas a eu gain de cause. On peut dire que la Marseillaise a bien aidĂ© Ă  son lancement. Au dĂ©but, le journal La Marseillaise appartenait au Front National des Bouches du RhĂŽne, qui Ă©tait un organisme mis en place par le PC et d’autres rĂ©publicains issus de la rĂ©sistance. Dans l’HĂ©rault, le journal, créé Ă  la libĂ©ration, s’appelait La Voix de la Patrie. La rĂ©daction se trouvait rue Henri Guinier. Jusqu’à sa disparition en 1953 ce journal Ă©tait trĂšs lu dans le faubourg Figuerolles. Il sera remplacĂ© par La Marseillaise le 13 fĂ©vrier de la mĂȘme annĂ©e. Mais c’était un journal un peu Ă©loignĂ© qui connaĂźtra de nombreuses difficultĂ©s jusqu’à ce que Sylvain Jambon et son Ă©quipe lancent en 1999 une Ă©dition locale, l’HĂ©rault du Jour, moins Ă©troite, plus proche, qui regagnera son lectorat. Georges Doumenc, ancien rĂ©sistant et maquisard FTPF du maquis du Vernazoubre, journaliste communiste A La Voix de la Patrie de 1947 Ă  1953 ; puis Ă  la Marseillaise Ă  Montpellier et Avignon de 1953 Ă  1981, ancien responsable du PCF Ă  Montpellier et dans le DĂ©partement de l'HĂ©rault, est dĂ©cĂ©dĂ© mercredi 20 fĂ©vrier 2019 dans sa 94e annĂ©e. Ses obsĂšques auront lieu mercredi 27 fĂ©vrier Ă  15h au centre funĂ©raire de Grammont Montpellier. Le journal la Marseillaise adresse ses sincĂšres condolĂ©ances Ă  sa famille ainsi qu'Ă  ses proches. Retour 9- Germaine Gispert Figuerolles Ă©tait notre fief » Germaine Gispert est nĂ©e en 1921. Elle quitte Perpignan et arrive Ă  Montpellier en 1951, pour suivre son mari, un ancien dĂ©portĂ© qui doit, en raison des graves sĂ©quelles dues Ă  sa dĂ©tention, regagner le centre de rééducation installĂ© jadis au LycĂ©e Joffre. Germaine Gispert habitait alors rue d’Alger, mais elle va orienter toute son Ă©nergie Ă  une formidable action en faveur des enfants du faubourg Figuerolles Les Vaillants
 RĂ©cit. Figuerolles, comme Candolle, Ă©tait un quartier populaire, oĂč se trouvaient de nombreuses forces de gauche ; des gens qui militaient dĂ©jĂ  au sein de cellules d’entreprises mais aussi dans leur quartier. Notamment dans le haut du faubourg, oĂč il y avait beaucoup de dĂ©portĂ©s, d’anciens rĂ©sistants. Je pense Ă  Lise Boudou, parce qu’on se rĂ©unissait chez elle, Ă  la Grande Maison HBM ; il y avait les Niel, les Nadal, le cĂ©lĂšbre Mazet. On avait montĂ© un groupe solide. C’était un quartier familier, fraternel. Jeanne Niel habitait le coeur du quartier au milieu du faubourg ; elle avait 5 enfants, c'Ă©tait le dĂ©but des machines Ă  laver une vĂ©ritable rĂ©volution pour les femmes!. Les allocations familiales accordaient des prĂȘts avantageux aux familles nombreuses. Jeanne en acheta donc une une petite Hoover. Et que croyez vous qu'il se passa? De nombreux voisins et camarades la lui empruntĂšrent souvent. J'habitais la rue d'Alger. Tous les lundis, mon jour de congĂ©, j'utilisais la carriole du droguiste et allais chercher la machine. Le matin je faisais mes lessives et ensuite je la portais chez une autre camarade qui s'en servait l'aprĂšs -midi et faisait en sens inverse le chemin du matin. C'Ă©tait la solidaritĂ© ! Quelque fois Jeanne ne savait plus oĂč se trouvait sa machine mais elle lui revenait et Jeanne avait toujours le sourire dont les anciens doivent se notre manĂšge qui donna l'idĂ©e Ă  un gars du quartier d'organiser la location ? Sans doute. C'est ainsi qu'aprĂšs le dĂ©part Ă  Paris des Niel nous pĂ»mes continuer de laver Ă  la machine en payant bien sĂ»r en attendant d'en acquĂ©rir une. Bien des annĂ©es aprĂšs, j'ai eu des nouvelles de la machine qui Ă©tait partie jusqu’à Paris pour finir sa course dans un bungalow Ă  Carnon. J’ai commencĂ© Ă  m’occuper de mon petit groupe en 1953. Je n’étais pas la seule ; en tout, sur Montpellier, on accueillait 200 enfants de 6 Ă  16 ans. On s’en occupait le jeudi et le week-end. On les faisait jouer, danser, on participait au carnaval, on organisait des dĂ©filĂ©s, mais aussi on discutait beaucoup afin qu’ils puissent, plus grands, continuer une vie militante avec les Pionniers et ensuite les Jeunesses Communistes. On allait souvent au stade SabathĂ©, et le week-end, on partait faire de la spĂ©lĂ©o, ramasser des fossiles, coucher sous la tente. On circulait en vĂ©lo ; mon mari Ă©tait devant en mobylette, avec ma fille derriĂšre lui sur un siĂšge, et moi tout derriĂšre, en mobylette aussi des ronsonettes avec mon fils sur le porte bagage. On Ă©tait tous bĂ©nĂ©voles, et financiĂšrement, on se dĂ©brouillait avec une petite adhĂ©sion et des aides de la caisse d’allocations familiales qui achetait le matĂ©riel tentes, ballons, etc.. On avait aussi nos financements propres kermesses, tombolas, et tout le monde participait en apportant ce qu’il pouvait
 On Ă©tait tous fauchĂ©s mais ce n’était pas grave, on se dĂ©brouillait. Tout ça a durĂ© jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 60, aprĂšs tout a changé  Ma vie, vous savez, c’est toute une histoire, avec beaucoup de souvenirs, depuis les grandes grĂšves du bĂątiment, en 52, oĂč on collectait des fonds pour soutenir les grĂ©vistes ; de ces moments oĂč on vendait le journal Femmes Françaises, les jolis foulards bleus bordĂ©s de rouge et les fanions des Vaillants. Je me souviens aussi, aprĂšs la construction de la citĂ© GĂ©ly, quand on allait y vendre le muguet c’est lĂ  qu’on en vendait le plus ! Figuerolles Ă©tait notre fief, un lieu phare. On s’y battait sur tous les fronts ; pour les crĂšches, les allocations familiales, la paix. On Ă©tait un mouvement fĂ©ministe, mais qui dans son ensemble, avait pris du retard sur l’évolution de la sociĂ©tĂ©. 1968 fut une Ă©poque difficile Ă  traverser pour nous ; les thĂšmes liĂ©s Ă  l’avortement, Ă  la libertĂ© sexuelle, ont donnĂ© lieu Ă  de grands dĂ©bats internes. Mais depuis, on a rattrapĂ© le retard. En conclusion, je vous dirais que ces annĂ©es passionnantes et exaltantes ont Ă©tĂ© une des plus belles pĂ©riodes de ma vie». Retour 10- Hamid Jarmouni Je travaille depuis 14 ans sans avoir jamais pris un jour de repos. Et 18 h par jour ! Je ferme Ă  minuit et j’ouvre Ă  6 heures du matin. Mon mĂ©decin m’a dit de ralentir. Maintenant, j’ai 4 employĂ©s, mais avec ma femme, on fait le travail de trois personnes chacun. Parfois, je ne vois pas mon fils pendant un mois, pourtant, il est lĂ  . C’est que, pour rĂ©ussir face aux supermarchĂ©s, il faut travailler bien plus que 35 h, faire des gestes commerciaux » .J’ai commencĂ© Ă  travailler 6 mois dans une boucherie, et j’y ai appris le mĂ©tier. La boulangerie, qui est en face appartenait Ă  une chaĂźne de 400 magasins en France. Ils n’ont pas su s’adapter au quartier et j’ai pu la leur racheter. J’ai alors embauchĂ© pour une courte pĂ©riode un boulanger qui m’a tout appris. J’ai bien modernisĂ©. J’ai une clientĂšle trĂšs variĂ©e, propre au quartier. Je vends de la viande Halal, mais aussi du porc et de l’alcool, mĂȘme si je n’en consomme pas. Je ne mĂ©lange pas la religion et le travail. En France, il faut s’intĂ©grer, ĂȘtre diplomate et psychologue. Pour s’intĂ©grer, pour s’accepter mutuellement, il ne faut pas attendre l’intervention de l’Etat. Les lois ne peuvent rien contre le racisme. Il faut se connaĂźtre, se rencontrer. Par exemple, quand j’ai voulu louer un appartement, dans la citĂ© oĂč j’habite, les autres locataires ont fait une pĂ©tition contre moi. Puis, on s’est rencontrĂ©, et quand mon fils est nĂ©, tout le monde est venu lui porter un cadeau. Ils m’ont fait des excuses. Et il n’y a plus eu de problĂšme. On s’entend tous trĂšs bien. » Retour 11- Hippolyte Annex A Figuerolles, Hippolyte Annex est une lĂ©gende vivante. Ses incroyables succĂšs en boxe anglaise ont profondĂ©ment marquĂ© le quartier, oĂč, aprĂšs Auguste Caulet et LĂ©on Capman, il va ĂȘtre l’idole de toute une jeunesse et faire rĂȘver les filles du quartier. Il connaĂźtra une carriĂšre fulgurante, faite de successifs, de victoires triomphales. Un boxeur qui frappe des deux mains, dur, vite. Bon styliste, clairvoyant et trĂšs sec puncheur, il prend les coups sans broncher et possĂšde du battant. Un jeu reconnu Ă  l’époque comme liĂ©, ordonnĂ© et sans faiblesses. Insaisissable et fier, on ira jusqu’à dire de lui que dans le ring, c’est Satan sorti de l’enfer. Mais un Satan raffinĂ©, qui sait allier l’intelligence Ă  l’efficacitĂ©. En boxe, il deviendra vite l’homme Ă  Ă©viter »  Hyppolite Annex nous fait ici un grand cadeau, celui de ses souvenirs, de ses photos, d’une mĂ©moire prĂ©cieuse, qu’il fallait absolument recueillir. Merci , Polyte
 Je suis nĂ© le 14 juillet 1933 Ă  PĂ©zenas. C’est lĂ -bas que j’ai commencĂ© Ă  boxer, au club athlĂ©tique PiscĂ©nois, en 1951. Ensuite, comme mon oncle, Antoine Poubil, que tout le monde connaissait sous le nom de Lapin, avait une maison rue Saint Antoine Ă  Figuerolles, je me suis installĂ© lĂ . Puis, en 1952, j’ai rejoint l’équipe LĂ©on Capman dans le quartier. Mais en 1953, alors qu’on partait boxer dans une 203 conduite par M. Vasta, son propriĂ©taire, avec Jean FarrĂ©, M. MessĂ©guer, LĂ©on Capman et moi mĂȘme, on a eu un terrible accident sur l’Avenue de la Croix d’Argent. La voiture est entrĂ©e en collision avec l’arriĂšre d’un camion. LĂ©on Capman est mort sur le coup. Nous, on a tous Ă©tĂ© plus ou moins blessĂ©s. J’ai du rester un mois Ă  l’hĂŽpital. C’est un sport trĂšs physique. A l’époque, je m’entraĂźnais tous les jours 10 kilomĂštres de footing le matin, et l’aprĂšs midi, en salle, je sautais Ă  la corde, je travaillais au sac, je faisais de la culture physique puis je tirais 7 Ă  10 rounds avec ceux qui voulaient bien. C’est quelque chose de fantastique, la boxe. C’est droit, c’est honnĂȘte, c’est impitoyable. Pour rĂ©ussir, pour ĂȘtre bien dans sa peau, pendant cinq ans au moins, il faut ĂȘtre sur la ligne, ne pas broncher. C’est Ă  la salle que l’on gagne le combat ! Je n’ai pas de mauvais souvenirs de ma carriĂšre de boxeur, mĂȘme si j’ai plusieurs fois Ă©tĂ© blessĂ© aux arcades c’est trĂšs mauvais parce qu’on n’y voit plus rien et l’arbitre arrĂȘte le combat, comme ça m’était arrivĂ© contre Papp. Lui, il m’avait touchĂ© Ă  l’Ɠil, ça fait le mĂȘme effet. J’ai dĂ» arrĂȘter. Mais malgrĂ© ça, ça reste un des meilleurs souvenirs de ma carriĂšre. J’ai manquĂ© le titre de peu. C’était un trĂšs beau combat. Regardez cet article, il en parle. Et Hippolyte Annex nous lit une coupure de journal qu il a prĂ©cieusement conservĂ©e Le 19 novembre 1962, ce fut la grande aventure du championnat d’Europe. En face c’était Lazzlo Papp, terrible, invaincu, probablement un des plus grands pugilistes de tous les temps. Et Annex menait aux points c’était du dĂ©lire dans la salle quand soudain, au neuviĂšme round, une droite vrillĂ©e sortait de la garde du hongrois. Comme Christensen, comme Aridge, comme Mueller, comme Folledo et comme tant d’autres, Polyte s’abattait sur le feutre du ring. A l’évocation de ces souvenirs, celui que l’on appelait le Bombardier gitan a un geste fataliste C’est Ă©vident, ce jour-lĂ  je suis passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de quelque chose, mais je n’ai rien Ă  regretter. GrĂące Ă  la boxe, j’ai vĂ©cu des moments merveilleux. J’ai connu l’Argentine, les USA, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique. J’ai participĂ© au Golden Gloves championnat de boxe amateur aux USA, j’ai effectuĂ© une quinzaine de combats internationaux avec le bataillon de Joinville, oĂč j’ai rencontrĂ© des gens comme Kopa, Fontaine, Ujlaki footballeur aussi et Anquetil, le cĂ©lĂšbre
 » Retour 12- Jo l'Oranais Nous sommes arrivĂ©s d’Oran en 1958. Nous nous sommes installĂ©s route de LavĂ©rune, dans la montĂ©e du Terral. Mais nous sommes repartis en AlgĂ©rie Ă  la fin de l’annĂ©e et nous sommes dĂ©finitivement revenus en 1962. Mon pĂšre Ă©tait militaire. ArrivĂ© Ă  l’ñge de la retraite, il a trouvĂ© du travail dans l’étanchĂ©itĂ©, chez Midi-Asphalte. Moi, je suis allĂ© Ă  l’école Victor Hugo, PagĂšs jusqu’au certificat d’études, ensuite, j’ai commencĂ© un apprentissage de menuisier aux Ă©tablissements Emile Chauvin. On a changĂ© d’appartement d’abord, au clos des Orangers les Collines d’Estanove, puis au numĂ©ro 1 de la rue du Faubourg Figuerolles. Maintenant, j’habite le quartier des Ă©tĂ© d’abord Ă©lectricien, aux Ă©tablissements Redon Dalmon. Puis, j’en ai eu assez et je me suis installĂ© comme commerçant au Plan Cabanes. J’étais le premier algĂ©rien, c’était en 1978. En 1981, j’ai changĂ© j’ai ouvert une boucherie orientale, 1 rue du faubourg Figuerolles, que j’ai revendue au bout de trois ans. J’ai alors repris mes fruits et lĂ©gumes et je me suis installĂ© Place Jean JaurĂ©s. J’ai rencontrĂ© beaucoup de gens et je me suis fait Ă©normĂ©ment d’amis dans la communautĂ© gitane, maghrĂ©bine, pieds-noire. Je me suis mariĂ© avec une française et j’ai Ă©tĂ© accueilli Ă  bras ouvert par toute sa famille. Nous avons eu deux garçons dont l’un est devenu policier et l’autre travaille Ă  Nicollin Sud. Vous savez, quand on est jeune, on fait des erreurs. A l’ouverture de ma boucherie orientale, je menais une vie turbulente, je ne respectais pas les rĂšgles de ma tradition qui sont de ne pas boire d’alcool, de faire la priĂšre, le ramadan. De plus, j’étais mariĂ© avec une française. Alors les gens ont dĂ©cidĂ© de ne pas acheter chez moi. Mon commerce a coulĂ©. J’étais jeune, et je me suis mis en colĂšre. J’ai achetĂ© un cochon vivant et je me suis promenĂ© avec dans les rues, par provocation. Quand les gens ont vu ça, finalement, ils l’ont bien pris et m’ont tous respectĂ©. On s’est retrouvĂ© au bar des sports avec tous mes amis. C’est que je n’étais pas un mauvais garçon ; j’aidais beaucoup les gens, bĂ©nĂ©volement, pour leur trouver du travail, je leur lisais les lettres. J’ai beaucoup d’amis qui m’adorent. J’ai mĂȘme soutenu Georges FrĂȘche et Michel Belorgeot. On allait leur coller les affiches. Je l’ai fait parce que je suis ouvrier, pour les ouvriers, et parce que Georges FrĂȘche n’est pas raciste, qu’il est tolĂ©rant, gentil, serviable, qu’il sait rĂ©gler les problĂšmes en 48 h. J’expliquais tout ça aux arabes qui avaient le droit de vote nous sommes des citoyens ouvriers. Mon pĂšre n’était pas d’accord avec moi, il Ă©tait de tradition Gaulliste et a eu de la peine quand François Delmas a Ă©tĂ© battu. Aujourd’hui, la communautĂ© arabe est davantage rĂ©partie entre droite et gauche, elle est de plus en plus politisĂ©e, les choses ont Ă©voluĂ©. Le ramadan, c’est un mois de bonheur et de santĂ©, de bienfait pour le corps, qui dure du lever au coucher du soleil pendant 29 Ă  30 jours. Le vingt-septiĂšme jour, nous donnons une participation pour les pauvres si on est une famille de 4, on donne pour 4 personnes, et ainsi de suite en fonction du nombre. Pendant un mois, l’alcool est absolument interdit, mais aussi, pas de mensonges, pas d’adultĂšre. On doit ĂȘtre tolĂ©rant, bon de cƓur et social. La journĂ©e, on ne mange pas, on ne boit pas, on ne fume pas, on n’a pas de relations sexuelles, on doit prier, le soir, Ă  la mosquĂ©e si possible. Ensuite, on peut manger. Nous prenons d’abord un petit repas sucrĂ© gĂąteaux, dates, cafĂ©, lait. Un peu plus tard, la Chorba voir colonne. Vers 11 h, 11 h 30, on fait un grand repas avec par exemple un tajine, du poulet aux amandes, avec la famille, les amis et on parle du pays, des actualitĂ©s. Vers 3 ou 4 h du matin, on se lĂšve et on se met Ă  table pour un dernier repas couscous au miel, au sucre. Puis on se recouche jusqu’à l’heure d’aller travailler. Pour nous, les journĂ©es se passent bien. Beaucoup d’entreprises ont adaptĂ© leurs horaires et nous proposent la journĂ©e continue. Mais de voir les autres manger ne nous dĂ©range pas. Ce qui est le plus difficile, c’est de ne pas boire, peut-ĂȘtre aussi de ne pas fumer pour certains. Bien sĂ»r, comme partout, il y en a qui trichent. Mais Ă  chacun son chemin. Pour faire vraiment le ramadan, le mieux, c’est d’ĂȘtre au bled. LĂ , tout le monde le fait sĂ©rieusement. Toutefois, certains en sont dispensĂ©s les malades, les femmes enceintes ou en pĂ©riode de rĂšgles, les soldats et les voyageurs ». Retour 13- La Marseillaise Ainsi surnommĂ©e en raison du fait qu’elle venait de Marseille, ROSA PANSEROLI Ă©tait une figure typique de Figuerolles. Une fois, elle avait mĂȘme Ă©tĂ© nommĂ©e Reine du en rondeur, elle partait chaque jour vendre ses produits de saison sur son vieux landau au plan cabanes des cagaraoulettes petits escargots blancs, des betteraves, des gros escargots petits-gris et tous les vendredis des pois chiches. . La cagaraoulette Ce petit escargot fut un temps une spĂ©cialitĂ© culinaire figuerollienne. Il s'agit du Limaçon de Pise, ou Escargot des dunes, en latin Theba Pisana. On le trouve en Ă©tĂ© sur les tiges de fenouil, de genĂ«t, voire sur les simples piquets mĂ©talliques ou autres. Il attend la nuit pour brouter les alentours et croquer Ă  l'occasion d'autres escargots puis remonte sur son perchoir le matin venu. AprĂ©s les avoir ramassĂ©s, les laisser une nuit dans un seau avec une poignĂ©e de farine puis les cuisiner le lendemain tout simplement Ă  l'eau bouillante 5mn, les manger froids avec un aĂŻoli par exemple, mais on peut aussi les servir chauds dans une sauce tomate. DĂ©licieux Ă  l'apĂ©ro... Retour 14- Lucie Bruel Lucie Bruel est nĂ©e en 1903. ArriĂšre-arriĂšre grand-mĂšre, elle a acceptĂ© de nous parler de sa vie. De son mari, Emile, nĂ© en 1905 et dĂ©cĂ©dĂ© en 2000. Si elle a fait beaucoup d’efforts pour rassembler ses souvenirs, c’est pour les lecteurs d’un journal qu’elle lit depuis toujours et qui Ă©tait au centre d’une vie d’engagements. Merci, Lucie. J’ai passĂ© une grande partie de ma vie dans le faubourg Figuerolles, au numĂ©ro 4 de la rue de LavĂ©rune aujourd’hui baptisĂ©e rue du PĂšre Fabre. On y est arrivĂ© en 1928 et on est reparti en 1974. Quarante six ans dans cette petite maison, juste en face de la rue St Blaise, au premier Ă©tage. Je suis nĂ©e Ă  Bourgueil, dans l’Indre et Loire, et j’y ai connu mon mari en 1927 au bal. Il faisait son service militaire et je l’ai suivi dans le midi quand on s’est mariĂ©s en 1928. Toute sa famille Ă©tait Ă  BĂ©ziers et Ă  SĂšte. Le climat est meilleur ici, alors on est restĂ©. Ensuite, je me suis inscrite Ă  l’école Pigier, et j’ai appris le mĂ©tier de stĂ©no-dactylographe. J’ai travaillĂ© alors dans un magasin d’articles de pĂȘche, comme secrĂ©taire, prĂšs du pont de SĂšte. On n’avait pas de dĂ©sirs de grandeur, en ces temps lĂ . On se contentait de peu. Il n’y avait pas de commoditĂ©s, pas l’eau courante. Il fallait aller chercher de l’eau aux fontaines, faire sa lessive au lavoir. On se chauffait avec du coke, c’était trĂšs difficile de le faire brĂ»ler. Le dimanche, on allait se promener Ă  pied, sur la route de LavĂ©rune, voir nos amis, ou on allait Ă©couter la musique au kiosque, place de la ComĂ©die. On a eu un fils, Jacques, en 1929, qui allait Ă  l’école PagĂšs, puis en 39 il y a eu la guerre. Mon mari est parti et a Ă©tĂ© fait prisonnier. Je l’ai attendu 4 ans. Tous les dimanches, je partais Ă  SĂšte avec mon fils en vĂ©lo pour voir mes beaux-parents. Quand mon mari est revenu, il est passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de moi et je ne l’ai pas reconnu tellement il avait changĂ©. Mon mari travaillait Ă  l’EDF, sur les lignes, dehors. Il a toujours Ă©tĂ© Ă  la CGT. Ils ont drĂŽlement bataillĂ©, ils allaient Ă  Paris manifester. J’étais bien d’accord avec eux. Je faisais les lettres pour le syndicat. Je suis toujours adhĂ©rente et je partage leur combat. Je me fais porter l’HĂ©rault du Jour le samedi et le dimanche parce qu’il y a de bons articles qu’on ne trouve pas ailleurs. Mais la grande passion de mon mari, c’était la pĂȘche et la chasse. Depuis toujours, nous avions une cabane Ă  Carnon, au bord du canal. Il ramenait des pleines barques de dorades, parfois mĂȘme des thons. A la chasse, beaucoup de macreuses et de canards. Un jour, il a mĂȘme tuĂ© un macareux, c’est un oiseau trĂšs rare ici, et l’a fait empailler par quelqu’un de Figuerolles. Je ne me rappelle plus par qui. Retour 15- Marc Bel Je suis nĂ© en 1933 et en 1955, je suis employĂ© comme coiffeur par M. Casino, le patron du salon Dominique, dont le pĂšre avait tenu une Ă©picerie en face de la maternelle du Docteur Roux. Le salon Dominique ouvre en 1954. Avant lui, c’est une Ă©picerie, le Coq Hardi ». Il y avait des tĂȘtes de quartier incroyables, comme Robert le bossu, qui Ă©tait coiffeur dans la rue Daru. DerriĂšre son salon, on voyait la cuisine avec l’étendage de sa femme. C’était un quartier cosmopolite ; j’ai vu passer toutes les catĂ©gories, toutes les nationalitĂ©s dans mon salon des professeurs, des gitans, des mĂ©decins. Le salon avait une certaine renommĂ©e, on avait Ă©tĂ© parmi les premiers Ă  faire les coupes au rasoir. On travaillait de 7 h du matin Ă  9 h du soir. Le 31 dĂ©cembre, on coupait jusqu’à 1 h du matin. J’ai arrĂȘtĂ© en 1996. J’habite rue de la Monnaie, mais je reviens faire un tour tous les jours. Les gens se sentaient en sĂ©curitĂ© dans le quartier. Quand ils revenaient de la ville, dĂšs qu’ils arrivaient Rue Daru, ils disaient Ouf, maintenant, il ne peut plus rien nous arriver ». Manitas de Plata venait jouer dans le salon quand il Ă©tait jeune. Il disait Un jour, je serai une vedette ». Il avait sur lui une lettre de fĂ©licitations de la Reine d’Angleterre, sa relique. Puis, il est devenu une vedette, et il n’est plus venu jouer. J’ai passĂ© 41 ans lĂ , et c’est l’ambiance, la chaleur du quartier qui m’attire et qui y est toujours, comme quand on partageait les grillades dans la rue. Tout le monde y vit en communautĂ©. Les maghrĂ©bins remettent le feu au quartier. Sans eux ils serait mort. Il n’y a pas plus de problĂšmes ici qu’ailleurs. Retour 16- Marguerite Meyer Gitane Mon pĂšre est nĂ© Ă  BĂ©ziers, ma mĂšre Ă  NĂźmes. Nous sommes trois sƓurs. Nous sommes toutes nĂ©es Ă  la maternitĂ© de Montpellier, nous avions cinq ans de premiĂšre c'est ma sƓur Nathalie Thalie, puis moi Rosette. La troisiĂšme c'est Mado. Mes parents, grands-parents et arriĂšre-grands-parents voyageaient. Nous, on avait une adresse. On habitait 18, rue Saint-Étienne Ă  Montpellier, c'Ă©tait un petit immeuble oĂč chaque famille avait une piĂšce. La sƓur de mon pĂšre avait quatre enfants dans une seule piĂšce, sa niĂšce avait trois enfants, donc ça faisait cinq avec son mari, eux c'Ă©tait au rez-de-chaussĂ©e. Ma grand-mĂšre DolorĂšs, la mĂšre de mon pĂšre, avait son frĂšre avec elle, lĂ  c'Ă©tait au premier Ă©tage. Le cousin de mon pĂšre, lui, vivait avec sa mĂšre au fond de la cour Nous on Ă©tait cinq, on avait aussi une seule piĂšce. On a fait mettre une moitiĂ© de cloison, ça nous a fait deux piĂšces. C'Ă©tait au premier Ă©tage. On dormait tous dans la mĂȘme chambre, il y avait deux grands lits. Avec mes sƓurs, on dormait dans un lit, mon pĂšre et ma mĂšre dans l'autre lit. Il y avait une grande armoire en bois entre les deux lits. Une fenĂȘtre dans la chambre, qui donnait sur la cour. La cuisine avait un grand placard en tĂŽle, moi-mĂȘme je l'ai maintenant, je l'ai mis dans la cuisine et on l'a y avait aussi une petite table en bois, que j'ai aussi. Et quelques chaises rempaillĂ©es par les mains de mon pĂšre. On n'avait pas beaucoup de meubles. Il n'y avait pas l'eau, on allait la chercher Ă  la fontaine. Plus tard, on a fait placer l'eau et un Ă©vier. Ma copine Lili Elle s'appelait Henriette, on l'appelait Lili. Ma copine Lili et moi on Ă©tait trĂšs copines. Sa grand-mĂšre c'est elle qui l'Ă©levait. Elle habitait dans la rue de Metz et moi dans la rue Saint-Étienne. On n'habitait pas trĂšs loin toutes les deux. La maison de la grand-mĂšre de Lili, c'Ă©tait deux piĂšces comme chez nous, mais ils n'avaient pas de cloison. Il y avait aussi son frĂšre qui habitait avec eux. Il y avait une cuisine et une chambre. La grand-mĂšre Ă©tait dans la chambre avec Lili, et le frĂšre dans la cuisine, sur un lit pliant. Il y avait une cuisine avec une cheminĂ©e, une petite fenĂȘtre, un Ă©vier en pierre, un placard en bois. Puis une chambre, une petite fenĂȘtre, un grand lit en bois, une armoire et une table de nuit en bois. On n'avait pas de jouets. Lili n'a pas connu sa mĂšre, je ne crois pas. Son artiste prĂ©fĂ©rĂ© c'Ă©tait Luis Mariano. Le grand PĂšre Bourli C'Ă©tait le surnom du pĂšre de mon pĂšre. Jaiou Bourli, il y avait un orchestre qui avait ce nom-lĂ . Son vrai nom c'est Auguste Comabella. A mon grand-pĂšre on avait donnĂ© une adresse, pour venir tondre un chien, le lendemain. A cette adresse, on lui a donnĂ© un coup de crosse derriĂšre la nuque. Ils l'ont assassinĂ©. Nous on revenait du cinĂ©ma, avec Lili, ma copine. Il y avait beaucoup de monde devant chez nous. "Hou, qu'est-ce que c'est ?" On est montĂ©. Mon grand-pĂšre me regardait, il Ă©tait essoufflĂ©. Mon oncle nous a vues Qu'est-ce que c'est, allez, descendez maintenant ». Il est mort dix minutes aprĂšs, j'ai vu mon grand-pĂšre mourir. La police n'a rien fait, ils n'ont pas cherchĂ©. Peut-ĂȘtre que maintenant ils chercheraient. Jamais ils n'ont trouvĂ© qui Ă©tait le coupable. Mais mon grand-pĂšre avait donnĂ© un petit signalement "Un petitou, un peu costaud, tout brun". Mais il y en a tellement comme ça. On lui avait fait un piĂšge, ils croyaient que mon grand-pĂšre Ă©tait riche, et ils l'ont tuĂ© Ă  coups de crosse de pistolet. Maintenant il doit ĂȘtre vieux, l'assassin, peut-ĂȘtre qu'il est mort. Ils Ă©taient deux, mais un seul l'avait tapĂ©. Je crois qu'ils se sont trompĂ©s, c'est pour un autre qu'ils l'avaient fait, ce message pour tondre un chien. Mon grand-pĂšre y est allĂ© en croyant que c'Ă©tait pour lui. Je l'ai entendue comme ça, l'histoire. Il y en a toujours, de ces criminels qui tuent. Mon grand-pĂšre Bourli est nĂ© en 1876, il est dĂ©cĂ©dĂ© en 1944. Je suis allĂ©e aujourd'hui sur la tombe de mon grand-pĂšre. J'ai regardĂ© la plaque sur cette tombe, c'est lĂ  que j'ai vu cette date. Donc je me suis dit que j'avais sept ou huit ans, mais je croyais plus que ça je me souviens toujours que moi et ma copine Lili on l'a vu presque mourir, c'Ă©tait un aprĂšs-midi entre quatre et cinq heures, voilĂ  tous mes souvenirs. J'Ă©tais trĂšs jeune, mais j'ai toujours ce souvenir. Ma grand-mĂšre DolorĂšs La mĂšre de mon pĂšre, son nom DolorĂšs Comabella, nĂ©e Bousquet. Elle Ă©tait trĂšs gentille aussi, ma grand-mĂšre DolorĂšs. Je me rappelle quand j'allais la voir Ă  la maison. J'allais lui faire ses courses. Puis elle me donnait le gouter. En ce temps-lĂ , la vie Ă©tait trĂšs chĂšre. Il n'y avait pas ce qu'il y a maintenant. Maintenant il y a beaucoup d'aide. Avec ma grand-mĂšre DolorĂšs, j'allais souvent au cimetiĂšre Saint-Lazare, au vieux, sur la tombe de mon grand-pĂšre, celui qui a Ă©tĂ© tuĂ© par des gens imbĂ©ciles et criminels Ă  la fois. Ma grand-mĂšre a eu beaucoup de chagrin de la mort de son mari. Mon pĂšre, mes oncles, mes tantes aussi, quand ils ont vu leur pĂšre mort par la faute de ces fous imbĂ©ciles et criminels Ă  la fois. Ma grand-mĂšre est nĂ©e en 1889, et elle est morte en 1967. Elle avait son frĂšre avec elle. Il Ă©tait un peu ĂągĂ©. Son frĂšre n'a jamais Ă©tĂ© mariĂ©. Un vieux jeune homme c'Ă©tait. Ma grand-mĂšre elle l'a toujours gardĂ© avec elle, car il ne savait pas oĂč aller. Son nom Auguste Bousquet, nĂ© en 1903, et mort en de ma grand-mĂšre n'avait qu'une piĂšce. Il y avait un petit coin et c'est lĂ  que son frĂšre dormait. Elle, ma grand-mĂšre, avait un grand lit, puis Ă  cĂŽtĂ© elle avait mis une grande armoire de grand-mĂšre, trĂšs ancienne. Elle avait un poĂȘle Ă  charbon, une table contre le mur. Il n'y avait qu'une fenĂȘtre, un petit placard oĂč elle mettait toute sa vaisselle, et quelques chaises en bois. Il y avait un escalier Ă  monter pour entrer chez elle, car elle habitait au premier Ă©tage. Des fois le soir on allait passer un moment, elle nous donnait un lait au chocolat. Elle nous demandait si on avait faim. On lui rĂ©pondait "Non, grand-mĂšre, on n'a pas faim". Nous avons Ă©tĂ© au cimetiĂšre de Grammont. C'Ă©tait samedi 14 janvier 1995, avec mes deux filles et ma petite-fille ĂągĂ©e de quatre ans. On voulait acheter des fleurs, mais il n'y avait pas de marchand, et donc on n'a pas eu de fleurs pour mettre sur la tombe de ma grand-mĂšre. Ma petite-fille ĂągĂ©e de quatre ans a ramassĂ© des pignes, et elle les a posĂ©es sur la tombe, comme un bouquet de fleurs. On l'a laissĂ© faire. Retour 17- Mattt Konture Mattt s’écrit bien avec trois t. En fait, il y a trois raisons Ă  cela. La premiĂšre, c’est parce que c’est plus joli, la seconde c’est que mon prĂ©nom c’est Mathieu et que ces trois t rappellent le th, et la derniĂšre parce que ces trois t rappellent les trois croix du calvaire du Christ. En fait, je suis nĂ© en 1965 Ă  Viry-Chatillon dans l’Essone. Je suis Ă  Figuerolles depuis 1999. Avant, j’habitais Ă  La Paillade, quand un copain a proposĂ© Ă  ma copine d’aller construire une cabane dans les CĂ©vennes. Elle est partie avec lui et notre fille. Un ami m’a alors proposĂ© un appartement du cĂŽtĂ© de la rue du Courreau, en face de l’école maternelle Francis Garnier. Depuis, je vis lĂ . C’est en CM2 que j’ai senti que je pouvais dessiner. Et Ă  partir de ce moment, j’ai commencĂ©, inspirĂ© par Dubout, Gotlib, l’équipe de Fluide Glacial, MĂ©tal Hurlant. Au lycĂ©e, je me suis lancĂ© dans un petit journal verre d’éther », qui a quand mĂȘme durĂ© trois ans, avec des copains. Moi bien sĂ»r, je dessinais. Quand j’ai terminĂ© ma scolaritĂ©, je suis allĂ© Ă  Paris. J’y ai rencontrĂ© Picotto, un auteur connu. En voyant mes dessins, il m’a orientĂ© vers Viper, une revue qui paraissait en kiosque. J’y ai publiĂ© mes premiĂšres planches dans le numĂ©ro du nouvel an 1984. Puis, j’ai rencontrĂ© la petite Ă©quipe d’un fanzine qui s’appelait Le lynx Ă  tifs », qui est devenu Le lynx », puis Labo », chez Futuropolis. J’ai dessinĂ© sur les trois, puis Labo est devenu L’association », une maison d’édition indĂ©pendante dont je suis un des membres fondateurs. Depuis, j’y publie des albums, des comics. J’ai aussi participĂ© Ă  la revue Psikopat ». Dans DĂ©finistaire le dictionnaire des mots qui n’existent pas mais c’est pas grave, un anartiste est dĂ©fini comme un artiste anarchique. Marcel Duchamps s’était qualifiĂ© anartiste, le peintre plasticien RenĂ© GrĂ©gogna de Frontignan aussi. Il existe mĂȘme une revue de ce nom créée en 1997 par la FĂ©dĂ©ration Anarchiste.. Il n’empĂȘche que j’ai eu l’impression d’inventer ce mot moi-mĂȘme, qu’il correspond bien Ă  un quartier oĂč il y a beaucoup d’artistes et de libertaires. Mon style est rattachĂ© Ă  celui de la BD underground amĂ©ricaine des annĂ©es 60. Les gens m’assimilent Ă  Crumb, qui comme moi, utilise des hachures. Ce qui caractĂ©rise surtout le style underground, c’est le dĂ©sir de faire des choses en dehors du systĂšme commercial. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne cherche pas Ă  vendre nos albums, mais qu’on les fait par goĂ»t, parce qu’on a quelque chose Ă  dire. Ce qui prime pour moi, c’est l’expression. Je fais beaucoup d’autobiographie, des expĂ©riences d’improvisation. Retour 18- Miloud Abouhafs Miloud Abouhafs est coiffeur. Il fait partie de ces gens heureux qui ont rĂ©alisĂ© le rĂȘve de leur vie. Son rĂȘve Ă  lui, c’est manier le ciseau. Pour lui, le ciseau est un objet culte il en a accumulĂ© une impressionnante collection, aux alentours de 500, des merveilles peut-ĂȘtre une exposition, un jour ?. En fait, dĂšs l’ñge de 12 ans, sans trop savoir comment il en est arrivĂ© lĂ , il coiffe toute sa famille. Plus tard, soudeur dans une entreprise, entre midi et deux, il coupe les cheveux de ses collĂšgues. A l’époque son chef d’atelier lui avait prĂ©dit Tu finiras coiffeur au plan Cabanes ». Il ne croyait pas si bien dire. NĂ© le 13 dĂ©cembre 1950 Ă  Oran, Miloud Abouhafs est d’origine marocaine. A 19 ans, il vient en touriste dans la rĂ©gion de Marseille, voir son frĂšre, qui travaille dans la ferronnerie. Malheureusement, au mĂȘme moment, ce frĂšre a un trĂšs grave accident de moto et se retrouve hospitalisĂ©. Le patron demande alors Ă  Miloud s’il peut assurer le remplacement. Miloud accepte. Un an plus tard, il est embauchĂ© pour 10 ans dans une autre entreprise qui fabrique des casiers pour bouteilles de gaz, perfectionne son savoir-faire de mĂ©tallier, puis travaille encore deux annĂ©es, cette fois dans la restauration. Mais on est toujours Ă  cĂŽtĂ© de la vĂ©ritable passion de notre homme la coiffure. Milhoud Abouhafs dĂ©cide alors de repartir au Maroc en 1984. Il va y chercher un diplĂŽme le brevet de coiffeur pour homme tant dĂ©sirĂ© que dĂ©livre une Ă©cole de Casablanca. Une annĂ©e de pratique et de formation, et Miloud revient en France, chez sa sƓur qui rĂ©side Ă  Montpellier. Il lui faut travailler, mais il hĂ©site encore Ă  s’installer et fait le tour des agences d’intĂ©rim. J’ai vu une annonce qui demandait un soudeur trĂšs, trĂšs, trĂšs qualifiĂ©. Trois fois trĂšs ! Comme je savais faire, je suis entrĂ©, et ils m’ont embauchĂ© immĂ©diatement. C’était l’entreprise Valindus, en face du marchĂ©-gare. Je devais y souder des chĂąssis d’ordinateurs pour IBM ». Mais cette entreprise connaĂźtra des difficultĂ©s qui l’amĂšneront Ă  licencier son personnel. Au final, le brevet obtenu Ă  Casablanca ne va pas servir qu’entre midi et deux chez Valindus Un coiffeur venait d’ouvrir rue Figuerolles, et je suis venu l’aider. Je suis restĂ© avec lui 5 ans. Ensuite, il a changĂ© de local et s’est Ă©tabli un peu plus haut. Je l’ai suivi. Beaucoup de mes amis m’ont conseillĂ© d’ouvrir mon propre salon, et finalement, en 1995, je me suis dĂ©cidĂ©. Et depuis, je suis toujours lĂ , malgrĂ© une trĂšs forte concurrence ». Quand il nous parle de sa clientĂšle, Miloud est intarissable. Toutes les nationalitĂ©s, toutes les professions se succĂšdent sous ses doigts d’argent. Elus, mĂ©decins, avocats, policiers, professeurs, journalistes y cĂŽtoient maçons, Ă©piciers, bouchers, mĂ©caniciens, artistes, chĂŽmeurs et rmistes. C’est dire s’il s’en Ă©change, des secrets, des points de vue, des rĂ©flexions Avec mes clients, on parle beaucoup. On se raconte des blagues, on parle du bien et du mal, on me confie ses problĂšmes conjugaux ou financiers, les difficultĂ©s Ă  trouver du boulot ou un logement. Je conseille, autant que je peux, j’aide Ă  ma façon, je mets en relation. Tous mes clients sont devenus des amis, Ă  force de venir ; j’adore les voir arriver. J’aime beaucoup mon mĂ©tier. Heureusement je travaille 12 heures par jour, de 8 h du matin Ă  8 h du soir. D’ailleurs, le matin, tĂŽt, ce sont surtout les personnes ĂągĂ©es qui viennent se faire couper les cheveux ». Miloud nous explique que si se sont quasiment exclusivement des hommes qui viennent le voir, il a tout de mĂȘme une certaine clientĂšle fĂ©minine. Parmi les cĂ©lĂ©britĂ©s, l’épouse du footballeur Roger Milla classĂ© meilleur footballeur africain par les internautes. Les femmes maghrĂ©bines ne vont pas beaucoup chez le coiffeur, elles se dĂ©brouillent entre elles ou vont dans des salons français. Il y a trĂšs peu de coiffeurs pour dames tenus par des maghrĂ©bins ; un rue Guillaume PĂ©lissier et un autre Ă  la Paillade ». Ce qui est extraordinaire chez Miloud Abouhafs, c’est son salon magnifique, dĂ©corĂ© d’une multitude de cartes postales et de photos. Ces cartes, ce sont les clients qui me les envoient quand ils voyagent. J’en reçois du monde entier. Ils me font voyager, moi aussi. Les photos, ce sont des gens que j’aime Brassens, Zidane. Il y a aussi des Ă©quipes algĂ©riennes de foot glorieuses dans les annĂ©es 70, comme le CRB Belcourt ou le Mouloudia d’Oran
 » Le salon de Miloud s’appelle Al Bouchra, ce n’est pas un nom pris au hasard Al Bouchra, ça signifie La bonne nouvelle, parce qu’ici, il n’y a que des bonnes nouvelles, venez et vous verrez ». Sans rendez-vous, un endroit incontournable qui vaut le coup de ciseau. 500 paires au choix. A visiter une fois par mois
. Thierry Arcaix Al Bouchra coiffure, 11, rue du faubourg Figuerolles, 34070 Montpellier. Parking Gambetta. Tel. 04 67 06 58 47 Retour 19- Moss La librairie l’Art de Lire Ă  Ganges et la brasserie Les Berges Ă  Laroque prĂ©sentent du 8 au 31 mars 2008 l’exposition d’un peintre atypique et exceptionnel, dont les Ɠuvres s’arrachent pas plus tĂŽt exposĂ©es. A partir de bois flottĂ©s assemblĂ©s et peints Ă  l’acrylique, de divers objets de rĂ©cupĂ©ration mais aussi sur toiles, Moss, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous prĂ©sente un travail colorĂ©, contrastĂ©, Ă  la fois tragique et dynamique, plein de vie mais aussi de douleur et de profondeur. Le vĂ©cu de l’artiste y est pour beaucoup. Explications. Moss est nĂ© en 1952 Ă  Alger. A dix ans, il arrive en France avec son pĂšre, qui Ă©tait croupier dans les casinos. Une scolaritĂ© chaotique, mais avec un rĂȘve permanent devenir dessinateur de BD. Puis, il commence Ă  travailler, en usine, oĂč il construit sa conscience politique. Ensuite, il prend la profession de son pĂšre Ă  Londres, en GrĂšce et dans les plus grands casinos français. Une Ă©poque d’abondance, oĂč il gagne trĂšs bien sa vie. Mais les choses se gĂątent lorsque la maffia turinoise rachĂšte le casino oĂč il travaille J’étais directeur des jeux, et leur objectif Ă©tait de licencier du personnel. J’ai donc dĂ©cidĂ© de crĂ©er un syndicat pour sauver les emplois. Je me suis immĂ©diatement fait virer, mais en plus, j’ai Ă©tĂ© marquĂ© Ă  l’encre rouge plus possible de me faire embaucher dans un autre casino
 » Avec sa prime de licenciement, Moss achĂšte une pizzeria au Grau du Roi. Mais ce n’était pas son mĂ©tier, ça ne marche pas. Puis son pĂšre, qui s’était portĂ© caution, tombe gravement malade. Face aux charges impayĂ©es qui s’accumulent, Moss qui peint toujours doit trouver une solution. Comme j’avais besoin d’argent et que j’avais beaucoup de connaissances dans le milieu, je suis entrĂ© dans le grand banditisme. Machines Ă  sous, braquage de banques, dans l’HĂ©rault, le Gard, les Bouches du RhĂŽne. En moyenne, un braquage par semaine. On avait de fausses identitĂ©s, des planques. Puis un jour, Ă  la sortie d’une banque, Ă  Lunel, je me suis fait arrĂȘter. On m’a tirĂ© une balle dans le dos, presque Ă  bout portant, qui m’a traversĂ© le foie et a fini sa course dans la cuisse d’un dame qui passait par lĂ . Mon ami a reçu une balle qui lui a arrachĂ© trois doigts. Nous n’étions pas armĂ©, mais cela faisait longtemps que la police essayait de nous arrĂȘter sans y arriver ». Moss sera condamnĂ© Ă  13 ans de prison, il en fera 7, de 1997 Ă  2004. 4 ans Ă  Villeneuve les Maguelonne, 3 ans en centrale Ă  Toulouse. L’enfer sur terre, nous dĂ©crit-il un univers d’une violence extrĂȘme, une machine Ă  briser les vies » dont il va s’évader en peignant, jusqu’à 10 heures par jour. A l’extĂ©rieur, sa sƓur, une sĂ©toise, va lui organiser des expositions avec le soutien du maire, François Liberti. N’ayant pas le droit de donner son vrai nom , il inventera son pseudonyme Moss, qui est aujourd’hui pour tout le monde son seul nom. En prison, il va faire une rencontre inattendue JosĂ© BovĂ©. Tout de suite, le courant passe Un homme droit, honnĂȘte, qui a tout de suite compris le systĂšme carcĂ©ral. Je l’ai aidĂ© Ă  prendre ses marques dans cet univers qu’il ne connaissait pas et il a fait l’unanimitĂ©. Quand il est sorti, il a pris contact avec ma sƓur, il m’a fait exposer Ă  Millau, il m’a choisi comme invitĂ© quand il est passĂ© Ă  l’émission de Michel Drucker, Vivement Dimanche. Il est venu Ă  mon procĂšs et depuis, on se voit rĂ©guliĂšrement. Il m’a fait connaĂźtre d’un tas d’artistes. J’ai travaillĂ© pour le journal du Larzac oĂč j’ai créé un personnage Habens Minus ». A sa sortie de prison, Moss va recevoir la vie en pleine gueule », dit-il les voitures, les chiens, les enfants
 Sa fille qui avait 6 mois quand il Ă©tait entrĂ©, a alors 7 ans et demi. C’est lĂ  que je me suis promenĂ© sur la plage, et que j’ai ramassĂ© du bois flottĂ©. Puis j’ai commencĂ© Ă  le peindre, Ă  l’assembler. Je me suis installĂ© dans un mobil-home, Ă  la Grande Barge, Ă  Villeneuve les Maguelone. Peu Ă  peu, j’y ai construit ma nouvelle vie d’artiste, j’ai obtenu un agrĂ©ment DRAC, montĂ© des Ă©vĂšnements, aidĂ© par Sylviane Compan, la personne qui animait les ateliers d’arts plastiques en prison ». Moss a dĂ©finitivement tournĂ© la page d’une premiĂšre vie, sauvĂ© par son art et sa passion. Aujourd’hui et pour plusieurs raisons, il frĂ©quente assidĂ»ment le quartier Figuerolles Ă  Montpellier. En effet, certains jeunes de la CitĂ© GĂ©ly qui l’ont rencontrĂ© en prison et qu’il aime bien revoir le considĂšrent comme le modĂšle de celui qui a su s’en sortir ; il y retrouve tout un rĂ©seau d’artistes, ses copains, autour de lieux mythiques, comme La Pleine Lune et dans un univers maghrĂ©bin, qui est sa culture d’origine. Moss nous invite au festival des Arts Singuliers, Ă  l’organisation duquel il travaille, qui aura lieu Ă  Villeneuve les Maguelone, du 8 au 18 avril. Contacter Moss 06 10 77 15 08. Retour 20- Mounir Letaief Rencontre avec une figure de la place Salengro Je suis nĂ© Ă  Aousdja, en Tunisie, en 1960. Quand j’avais 17 ans, je suis venu passer mes vacances Ă  Toulon chez mon oncle. J’avais un cousin Ă  Montpellier qui est venu me voir. Je l’ai suivi. J’ai trouvĂ© alors un patron qui m’a fait un contrat de travail, puis j’ai rĂ©gularisĂ© ma situation. Un beau jour, j’ai dĂ©clarĂ© Ă  ma femme Je vais ouvrir mon entreprise » Comme elle Ă©tait un peu inquiĂšte, je l’ai rassurĂ©e Je suis un ouvrier ; si je rĂ©ussis comme patron, tant mieux, si je ne rĂ©ussis pas, je redeviendrai un ouvrier ! . J’ai commencĂ© comme marchand ambulant, au marchĂ© de la Paillade. Puis, j’ai ouvert trois magasins sur le Cours Gambetta. Mais, en 1986, j’ai Ă©tĂ© expropriĂ© par la municipalitĂ© qui a mis Ă  ma place le poste de police municipale vite fermĂ© d’ailleurs. Ensuite, j’ai achetĂ© l’ancien magasin COOP qui se trouvait Ă  l’angle de la rue Guillaume Pellicier et de la place Salengro.. On a ouvert en 1990 un restaurant Ă  Carnon La Lambada ; en 1995 un restaurant et une Ă©picerie en face de la SĂ©curitĂ© Sociale, Cours Gambetta, une Ă©picerie rue de Verdun, une autre Ă  Lunaret, un restaurant en face de mon premier magasin, rue Guillaume Pellicier, un magasin de fruits et lĂ©gumes Ă  cĂŽtĂ© de la pĂȘcherie et enfin un autre magasin rue MĂ©diterranĂ©e. Je suis Ă©galement propriĂ©taire d’une usine de confection Ă  Tunis qui emploie 300 employĂ©s. LĂ -bas, je m’occupe de la fabrication de Jeans pour de grandes marques. Cette entreprise a connu quelques difficultĂ©s en 2005 en raison de la concurrence chinoise, mais en 2006 tout est reparti de plus belle, car les façonniers sont revenus en tunisie. Ils n’avaient pas trouvĂ© la mĂȘme qualitĂ©. Nous avons repris une activitĂ© encore plus prospĂšre qu’avant. Je dirige mon entreprise d’ici. J’ai comme projets de mettre en place une unitĂ© de dĂ©lavage de jeans Ă  Tunis, et ici de dĂ©velopper la vente en gros de tous les produits alimentaires en provenance du Maroc et de Tunisie. C’est Ă  Figuerolles que je suis le plus souvent. C’est un quartier qui est vivant 21 h sur 24 ; il y a de la vie jusqu’à 2 h du matin, et tout redĂ©marre Ă  5 h ! C’est un quartier qui ne dort jamais. Montpellier est une ville universitaire qui attire des gens de toute la France et de l’étranger. Les parents des Ă©tudiants, quand ils viennent les voir, s’ajoutent aux touristes qui viennent Ă  Figuerolles visiter ce qu’ils appellent le quartier arabe et son marchĂ©, rĂ©putĂ© le moins cher de la ville. Non ; nous sommes cinq frĂšre Amor, Jalel, Icham, Karim et moi. Mes filles aussi travaillent avec nous. Ce qui marche le mieux, c’est l’alimentation. L’épicerie de proximitĂ© est quelque chose d’indispensable les gens ne peuvent pas aller sans arrĂȘt au supermarchĂ©. Avec les Ă©piceries de nuit, on fait beaucoup d’heures, mais c’est ce qui rapporte le plus. La restauration demande des professionnels. Il n’y en a pas assez sur le marchĂ© de l’emploi. Un serveur peut se former en une journĂ©e, pour un cuisinier il faut une longue formation. Dans l’alimentation, ranger la marchandise, Ă©tiqueter, tenir la caisse, c’est vite appris. On trouve donc plus facilement de la main d’ ne suis d’aucun cĂŽtĂ© politique. Je ne veux pas entrer dans ce type de jeu. Je ne soutiens pas Jacques Domerge parce qu’il est du cĂŽtĂ© de Nicolas Sarkozy. Ce qui nous avait un temps rapprochĂ©s, c’était la politique internationale par rapport Ă  l’Irak. Je suis un commerçant qui souhaite que le quartier s’embellisse. Je suis pour que l’on ait de beaux magasins, de beaux restaurants et je suis prĂȘt Ă  investir pour cela. Plus les commerces se dĂ©velopperont, plus il y aura de concurrence, plus l’activitĂ© de chacun sera importante. Il y a prĂšs de 200 commerces dans le quartier. Approximativement rĂ©partis entre 10 tunisiens, 50 Ă  100 marocains, 50 algĂ©riens, 5 sĂ©nĂ©galais et 30 français. On a besoin de ce mĂ©lange. La Pleine Lune, avec ses animations amĂšne beaucoup de gens de l’extĂ©rieur ; La PĂȘcherie apporte le plus beau poisson de la rĂ©gion et nous, nous vendons une viande de trĂšs bonne qualitĂ©. Comme nous avons des contrĂŽles permanents des services des fraudes et de l’hygiĂšne, nous nous modernisons tous sans cesse » Retour 21- Maurice Guillaume En 1957, le soldat de deuxiĂšme classe Maurice Guillaume faisait son service militaire Ă  Aix en Provence, dans l’aviation. Il a attendu 28 mois un Ă©ventuel dĂ©part pour l’AlgĂ©rie qui n’a jamais eu lieu. Sur une carte postale retrouvĂ©e par hasard, il a Ă©crit en 1958 les mots suivants . A tous les citoyens de la Commune Libre de Figuerolles qui ont bien voulu participer au colis de NoĂ«l pour les militaires, avec tous mes remerciements ». C’était la grande Ă©poque de la Commune Libre. HervĂ© Reynes en Ă©tait le maire, il se donnait Ă  fond pour le quartier. Il organisait des animations et rĂ©coltait de l’argent pour les personnes ĂągĂ©es et les militaires. On recevait des colis que nos familles n'avaient pas les moyens de nous envoyer et quand on venait en permission, on recevait une enveloppe pour aller au cinĂ©ma, au bal, boire un coup. Je suis Ă  Figuerolles depuis l’ñge de dix ans. Avec mes parents, on a amĂ©nagĂ© dans la Grande Maison, cet important immeuble situĂ© entre le faubourg et la citĂ© GĂ©ly, je crois, en 1958, quand la deuxiĂšme tranche a Ă©tĂ© finie, et j’y habite toujours. Le quartier bougeait 24 h sur 24 Ă  ce moment lĂ . On organisait le bal dans la cour, lĂ , en bas. Il y avait du cinĂ©ma en plein air, au gardiennage, ce terrain en face. Il y en avait aussi rue Reynes et Ă  la salle Familia, en face de la rue de Metz. Les gens, parlaient, applaudissaient pendant la projection, comme au théùtre. On regardait souvent des films avec Luis Mariano. Je me souviens aussi de Jules et Jim, de Jill la jungle ». Retour 22- Pierre Rainard Mon pĂšre, Armand, a ouvert cette cordonnerie, 63 rue du faubourg Figuerolles, en 1969. J’ai commencĂ© Ă  travailler avec lui Ă  13 ans ; j’ai Ă©tĂ© prĂ© apprenti, puis apprenti et j’ai passĂ© mon CAP Ă  NĂźmes. Dans notre classe, on n’était que 2 cordonniers, les deux seuls garçons pour une vingtaine de filles qui prĂ©paraient des CAP de gantiĂšre, de fleuriste, d’esthĂ©ticienne. Ma formation a durĂ© deux ans, de 16 Ă  18 ans. Ensuite, j’ai travaillĂ© ici jusqu’à 20 ans, puis je suis allĂ© faire mon service militaire dans les chasseurs alpins Ă  Grenoble, au 6Ăšme BCA et je suis revenu. J’ai repris l’affaire Ă  mon nom il y a 13 ans, quand mon pĂšre a pris sa retraite. J’ai 40 ans, et je suis lĂ  depuis 27 vrais cordonniers, sur Montpellier, on est une dizaine, pas plus. Je ne vous parle pas des supermarchĂ©s oĂč il y a des multiservices avec des gens qui n’ont pas appris le mĂ©tier. Ils ont fait des stages de 3 semaines Ă  1 mois, pas plus. Par exemple, ils ne font pas le ressemelage cousu. Ils n’ont pas de bonnes machines. On n’est plus que 4 ou 5 Ă  en avoir en ville. La mienne coĂ»te plus de 15 000 €. Je couds pour d’autres cordonniers. Mais notre mĂ©tier se perd. Ce sont les baskets qui l’ont tuĂ©. Et pourtant c’est une trĂšs mauvaise chaussure il n’y a pas de tenue, le pied s’élargit, on y transpire et on attrape des mycoses. Ils sont chers et on ne peut quasiment pas les a commencĂ© dans les annĂ©es 70. A ce moment lĂ , beaucoup de cordonniers se sont diversifiĂ©s clĂ©s, tampons, cartes de visite, plaques d’immatriculation. Mais 20 Ă  30% de la population n’a pas abandonnĂ© la chaussure de qualitĂ©, en cuir, qui se rĂ©pare bien et qui maintient bien le pied. Quand vous achetez de bonnes chaussures, vous allez les payer 300 ou 400 €, mais vous allez les garder 15 ans. Alors, faites vos comptes. La Rolls des chaussures, c’est la Weston, ou la Church’s ; la Paraboot aussi, un peu moins chĂšre. Vous en trouverez dans les boutiques de luxe du centre ville, ou tiens, chez Escassut, un ancien du quartier. On voit aussi revenir les bottes, Santiag ou Camarguaise, en cuir, cousues. Les gens commencent Ă  en avoir assez de porter de la camelote. Au dĂ©part, la basket, c’était pour le sport, aujourd’hui, on les met tous les jours. Et puis, on jette dĂšs que c’est usĂ©, Ă  fond dans la sociĂ©tĂ© de consommation, c’est irrĂ©parable ! Mais le vent tourne Les cordonniers ont disparu de nos villages et commencent mĂȘme Ă  disparaĂźtre de nos villes. Les derniers sont de bonnes adresses que l’on se transmet entre copains. Dans le temps, les cordonniers ne se contentaient pas de rĂ©parer, mais aussi fabriquaient des chaussures, des bottes. Pierre Rainard a appris cette technique, mĂȘme si aujourd’hui, les cordonniers ne fabriquent plus sur mesure. Il nous signale quelques ateliers, Ă  Paris qui travaillent exclusivement pour les gens du show-biz et les hommes politiques, Ă  des prix hallucinants». Quand Pierre Rainard parle de la formation qu’il a reçue Ă  NĂźmes, il est trĂšs critique. Pour lui, c’est sur le terrain qu’on apprend vraiment, et c’est surtout Ă  son pĂšre qu’il doit son savoir faire. On nous apprenait des techniques trop anciennes, comme par exemple fabriquer son fil avec des brins de chanvre et de la poix. Une longueur d’une brassĂ©e, brin par brin, avec Ă  chaque extrĂ©mitĂ©, une aiguille en soie de sanglier, des poils tressĂ©s bien durs. Maintenant, on a du fil tout prĂȘt, du nylon poissĂ© et des aiguilles en acier, ça va 100 fois plus vite et c’est bien plus solide. » Retour 23- Pierre Sussi Pierre Sussi est nĂ© Ă  Notre-Dame de Londres le 28 juin 1930. Il s’y marie en 1952 avec RenĂ©e, qu’il avait connue Ă  l’école. A ce moment lĂ , propriĂ©taire de quelques vignes, il s’imaginait un avenir agricole sur sa commune. Mais surviennent les gelĂ©es de 1956 et adieu veau, vache, cochon, couvĂ©e ! Il fallait avoir une idĂ©e, et une bonne. Encore sans enfant, le jeune couple part pour la ville. Pierre commence comme chauffeur routier. Il va charger du vin en citerne qu’il ira livrer jusque dans la NiĂšvre, la CĂŽte d’Or ou l’Allier
 C’est en 1958, Ă  la naissance de son premier enfant, qu’il prend, sans un sou en poche, la dĂ©cision de s’installer en ville comme marchand de vin. J’ai commencĂ© au numĂ©ro 63 du faubourg Figuerolles, Ă  cĂŽtĂ© d’un Bon Lait oĂč s’est installĂ© depuis un cordonnier. Mais on n’y est pas restĂ© longtemps car on a eu un problĂšme avec notre voisin. En effet, nous avions le mĂȘme propriĂ©taire, M. Saint. Ce dernier avait promis au Bon Lait que s’il louait Ă  un autre commerçant, ce serait Ă  quelqu’un qui ne vendrait pas les mĂȘmes choses que lui, il l’avait Ă©crit sur le bail. Mon prĂ©dĂ©cesseur Ă©tait rĂ©parateur de vĂ©los, tout allait bien ! A moi, il m’avait simplement dit que je ne devais pas vendre de lait. Pas de problĂšme au dĂ©but, mais quand j’ai commencĂ© Ă  vendre de la limonade, le Bon Lait a portĂ© plainte. Alors, nous nous sommes installĂ©s en face, au numĂ©ro 76, et le photographe MĂ©lis a pris notre place ». C’est une Ă©picerie qui cĂ©dera la place, en 1960, Ă  notre marchand de vins et spiritueux. Curieux terme que celui de spiritueux il s’applique Ă  une boisson qui contient un fort pourcentage d'alcool qui monte Ă  la tĂȘte », le siĂšge de l'esprit. De l’esprit, Pierre Sussi n’en manquera pas en 1974 il va s’installer au numĂ©ro 40 de l’avenue de LodĂšve, oĂč il reprend une affaire de vente en gros et de mise en bouteilles en plus de son magasin de Figuerolles. Tout aurait pu en rester lĂ  si, en 1990, le propriĂ©taire du local de l’avenue de LodĂ©ve ne dĂ©cĂ©dait. Ses hĂ©ritiers dĂ©cident alors d’y construire un immeuble et Pierre Sussi doit dĂ©mĂ©nager. Comment continuer Ă  travailler ? La rĂ©ponse Pour remplacer les 400 mĂštres carrĂ©s de l’avenue de LodĂšve, on a fait construire, chez nous, Ă  Notre Dame de Londres, un local de 1000 mĂštres carrĂ©s sur un de nos terrains. Et ce sont mes enfants qui continuent, je suis quand mĂȘme trĂšs souvent avec eux et jusqu’à l’an dernier, je faisais encore les livraisons proches en poids-lourd ! » En 1996, Pierre Sussi et sa famille abandonnent dĂ©finitivement le 76 faubourg Figuerolles, devenu grĂące Ă  ses soins une magnifique vitrine dĂ©corĂ©e en façade de faĂŻences Ă  l’honneur de la vigne, rĂ©alisĂ©es par le potier montpelliĂ©rain Paul Artus Ă  aller absolument voir, oĂč s’est installĂ©e la Boutique d’Ecriture voir page associations Si aujourd’hui, son affaire prospĂšre Ă  Notre Dame de Londres, oĂč il rĂ©side, Pierre Sussi se souvient avec Ă©motion de son passĂ© Ă  Figuerolles Mes enfants ont d’abord Ă©tĂ© scolarisĂ©s Ă  la Maternelle du Docteur Roux, qui existe toujours, puis Ă  l’école de la rue PagĂšs, qui a Ă©tĂ© fermĂ©e depuis. Ils allaient au patronage et aux colonies de vacances organisĂ©es par La MaisonnĂ©e une institution religieuse du faubourg. Moi, je livrais dans le quartier avec un triporteur Ă  moteur je l’ai toujours. Je faisais les livraisons gratuitement, par cagettes, Ă  la CitĂ© GĂ©ly, dans les petites rues, jusqu’à La Croix d’Argent, Ă  Pasquier. Je faisais plus de recettes avec ces livraisons que ma femme au magasin ! Mais ça crĂ©ait du mouvement les gens venaient commander, payer, etc. ». Pierre Sussi a Ă©tĂ© aussi un tĂ©moin de la construction du quartier Au dĂ©but, mes amis me disaient que j’étais fou de vouloir vendre du vin Ă  des vignerons il y avait des vignes tout autour le dernier bĂątiment, c’était la grande maison ! Puis, on a construit la CitĂ© Chaptal, en 61-62. Le matin, les ouvriers me prenaient du vin, de la biĂšre. Ensuite Beaucoup de rapatriĂ©s y ont habitĂ©. Eux Ă©taient plus fortunĂ©s, ils m’achetaient des grands vins. Au mĂȘme moment, c’est La Chamberte qui se construisait, et j’en livrais l’épicerie. Il y avait beaucoup d’épiceries Ă  l’époque qui commandaient chez moi ! » Et Pierre Sussi nous avoue son attachement au vin. Il le trouve aussi intĂ©ressant Ă  vendre que des livres Il y a toujours quelque chose Ă  dire autour du vin, selon sa rĂ©gion, son cĂ©page. De plus, c’est un produit qui n’est pas pĂ©rissable ». Alors, on fait le tour de son local. On y retrouve les fameuses bouteilles de un litre, Ă  six Ă©toiles, en verre, qui ont Ă©tĂ© un temps le contenant majeur, aujourd’hui en voie de disparition. Il nous explique qu’on ne trouve plus aujourd’hui de fabricant de petites capsules en mĂ©tal et que les fameux BIB sous vide s’imposent peu Ă  peu. La fin d’un temps ? Retour 24- RenĂ© Brel Une longue route en famille Je suis nĂ© le 22 fĂ©vrier 1918 dans une petite maison, au 12 de la rue Guillaume Pellicier Ă  Montpellier. Nous Ă©tions une famille nombreuse et nous vivions dans de petites piĂšces, au premier Ă©tage. Comme la rue n’était pas goudronnĂ©e mais pourtant trĂšs passagĂšre, un grand nuage de poussiĂšre y flottait en permanence. C’était le passage des charrettes qui allaient au parc Ă  fourrage de l’avenue d’Assas. Il y avait aussi beaucoup de transports qui allaient et venaient de la gare Chaptal. J’ai vĂ©cu lĂ  jusqu’à l’ñge de 5 ans ; mon pĂšre Ă©tait venu s’installer au Plan Cabanes quelques annĂ©es plus tĂŽt pour y travailler. Mon pĂšre se prĂ©nommait HonorĂ©. Il Ă©tait tonnelier et n’était jamais allĂ© Ă  l’école. C’était un homme si maigre que personne ne voulait l’embaucher et il s’était mis Ă  son compte. Il Ă©tait nĂ© au numĂ©ro 1 de la rue Figuerolles. C’était l’avant dernier d’une famille de onze enfants. Ma mĂšre, Maria Gabrielle Valentin, Ă©tait nĂ©e Ă  BĂ©ziers. Elle aidait sa mĂšre qui Ă©tait lavandiĂšre au 12 de la rue Guillaume Pellicier. Mes parents se sont connus en 1906, se sont mariĂ©s et ont eu six enfants. Un de mes plus beaux souvenirs d’enfance est le trajet que me faisaient faire les ouvriers Ă  dos de jument. Elle s’appelait Coquette. Avec elle, nous passions de la rue PagĂ©s Ă  la rue Guillaume Pellicier, puis nous tournions Ă  gauche. Ensuite, on prenait le trottoir du bar de l’Intendance pour arriver au Plan Cabanes. Puis, je rentrais tranquillement Ă  pied. J’aimais bien ça
 Comme l’appartement et la tonnellerie Ă©taient trop petits, nous avons dĂ©mĂ©nagĂ© rue PagĂšs. Alors, mon pĂšre est passĂ© de la fabrication artisanale Ă  la fabrication en sĂ©rie de foudres et futailles, avec les machines modernes de l’époque. Elles faisaient un bruit infernal. On enlevait chaque jour un plein camion de copeaux. En 1924, mon pĂšre a abandonnĂ© le travail avec les chevaux et s’est modernisĂ© il a achetĂ© un camion Fiat de l’armĂ©e et une voiture ClĂ©ment Bayard. En 1925, il a achetĂ© un camion CBAC avec sa remorque, et l’annĂ©e suivante, un Chevrolet 4T. Les beaux jours, nous allions Ă  la plage de Carnon. Au dĂ©but, pour y aller, c’était une vĂ©ritable expĂ©dition. On ne pouvait pas y accĂ©der directement, il fallait longer la plage Ă  pied, en passant par Palavas. On y allait en jardiniĂšre, tractĂ©e par la jument Coquette, et on l’attachait Ă  un arbre pour passer une heure ou deux Ă  la plage ! Il y avait un bac pour traverser le canal avec la jardiniĂšre et Coquette
. Longtemps aprĂšs, il sera remplacĂ© par une passerelle puis par un pont en fer. Parfois, nous allions aussi passer un dimanche aux sources du Lez. Il y avait une buvette et de la musique ; c’était une guinguette agrĂ©able au bord de l’eau, bercĂ©e par le son de l’accordĂ©on. Je suis restĂ© rue PagĂšs jusqu’à 17 ans. J’étais allĂ© Ă  l’école maternelle Chaptal aux Arceaux, puis Ă  l’école Auguste Comte. J’ai arrĂȘtĂ© l’école en 1931, Ă  13 ans. Je n’ai jamais manquĂ© l’école, mais je ne l’aimais pas tellement. Je voulais travailler le plus tĂŽt possible, pour rapporter de l’argent Ă  mes parents. Mais petit, j’avais des dons pour le dessin. J’arrivais Ă  bien reprĂ©senter un paysage, des fleurs, une maison dans la nature, avec ou sans feuilles. J’avais plus de difficultĂ©s avec les visages. Quand je dessinais une femme nue, je rĂ©ussissais bien le corps, mais on ne reconnaissait pas vraiment le visage. Ce n’était pas mon truc. Ma mĂšre me voyait bien exercer le mĂ©tier de peintre en lettres et voulait me placer chez un ami de mon pĂšre. Mais mon pĂšre prĂ©fĂ©rait me garder avec lui et y a rĂ©ussi. Le 21 juillet 1931, j’ai quittĂ© l’école pour rejoindre l’entreprise familiale qui Ă©tait spĂ©cialisĂ©e dans la tonnellerie mĂ©canique, les foudres et les futailles et qui prenait en charge la livraison par camion et par chemin de fer. Mais au dĂ©but des annĂ©es trente, tout ce qui se faisait en bois commençait Ă  se fabriquer en fer. Le vin Ă©tait dĂ©sormais transportĂ© en camions-citerne. En 1934, mon frĂšre Louis, qui avait constatĂ© que les demandes de transport ne cessaient de croĂźtre dĂ©cide de monter la premiĂšre entreprise qui marque pour nous la fin de la tonnellerie». Les poutres du musĂ©e Fabre. En 1934 l'entreprise BREL s'est reconvertie en transport public de marchandises et 73 ans aprĂšs elle est toujours en place et Ă  la tĂȘte d’une large flotte de vĂ©hicules pour effectuer tout type de transports nationaux ou internationaux. Elle peut aussi, Ă  l'aide de semi-remorques, exĂ©cuter des transferts d'engins de Travaux Publics pelles mĂ©caniques, bulldozers, etc. ou tout autre matĂ©riel sous forme de transports exceptionnels. Encore plus fort avec la possibilitĂ© de l’utilisation de bras grues auxiliaires montĂ©s sur porteurs. Mais elle fait aussi dans la dentelle » dirons-nous, plus dĂ©licat car elle est hautement spĂ©cialisĂ©e en manutention Ă  main comme pour le dĂ©placement de coffres-forts, de pianos, de chaudiĂšres, de machines outils ainsi que pour le dĂ©mĂ©nagement industriel. Elle dispose pour cela de tout le matĂ©riel nĂ©cessaire aussi bien en chargement qu'en transport. L’entreprise Brel assure Ă©galement le levage Ă  l'aide de grues mobiles. Une nouveautĂ©, elle met au service de sa clientĂšle un bĂątiment de mÂČ pour le stockage. Parmi les derniers grands chantiers le transport des rails du tramway, qui Ă©taient entreposĂ©s aux PrĂ©s d’ArĂšnes et amenĂ©s la nuit entre 20h et 1h du matin sur les chantiers pendant plus d’un an, ou encore la livraison des grandes poutres du musĂ©e Fabre, pour l’entreprise Eiffage, de nuit Ă©galement, avec la police municipale et les motards
 Pour RenĂ© Brel, la vie est passĂ©e Ă  une telle rapiditĂ© qu’il n’a pas pris le temps d’avoir d’enfants Je me suis mariĂ© tard, le 7 mars 1970, avec Marie Rose, ma collaboratrice, dont j’étais profondĂ©ment amoureux ; j’avais 52 ans et elle 25. Je me suis longtemps demandĂ© si c’était raisonnable de se marier avec une femme qui avait presque 30 ans de moins que moi. Mais tant d’autres ont fait de mĂȘme ! ». Marie-Rose est amoureuse comme au premier jour, cela s’entend dans sa voix Je pense qu’il m’a aimĂ©e dĂšs qu’il m’a vue, quand j’ai commencĂ© Ă  travailler chez lui en 1963, dit-elle avec Ă©motion. C’est un homme incroyablement agrĂ©able, gentil, attentionnĂ©. S’ils Ă©taient tous comme lui, je pense qu’il n’y aurait jamais de divorce ». Et elle Ă©voque les meilleurs souvenirs d’une vie oĂč le travail Ă©tait toujours prĂ©sent en filigrane. Leur voyage de noces en Espagne et au Portugal Ă©tait aussi l’occasion de vĂ©rifier l’état des routes afin d’y faire transiter des mĂ©tiers Ă  tisser depuis l’Allemagne ; pour le Maroc en 1975 c’était aussi l’occasion de prĂ©parer le convoyage d’un chalet destinĂ© au palais du roi Hassan II, celui en Corse c’était le transport de deux rĂ©servoirs de 35 m chacun, embarquĂ©s dans le ferry Ă  Marseille. Marie-Rose se souvient d’une anecdote ; c’est quand le capitaine du ferry lui a prĂ©sentĂ© l’endroit ou elle devrait coucher, un dortoir oĂč il n’y avait que des hommes. Le capitaine attendait ma rĂ©action. Moi, ça ne me gĂȘnait pas, j’aurais dormi n’importe oĂč. Mais il nous a gĂ©nĂ©reusement laissĂ© sa cabine, sans qu’on ne lui ait rien demandĂ©. » Parmi les choses qui ont rendu Marie-Rose amoureuse, nous explique-t-elle, il y a l’humanisme de RenĂ© Quand un ouvrier faisait une bĂȘtise, il ne le condamnait jamais ; il essayait toujours de comprendre » ; il y a aussi sa confiance et sa tolĂ©rance Je sais que je compte beaucoup pour lui, mais dans le mĂȘme temps il me laisse une totale libertĂ© pour tous mes engagements associatifs ». Lire ici l'article paru dans l'HĂ©rault du Jour le 16 mars 2014. Lire ici l'article paru dans le Midi Libre le 19 mars 2014 Retour 25- Robert Durand Je suis nĂ© en 1923 aux Arceaux. Quand j’avais dix ans, on est venu s’installer Ă  Figuerolles, 16, rue Saint Antoine. Mon pĂšre fabriquait du tartre. On en faisait beaucoup Ă  l’époque. Moi, Ă  15 ans, j’ai commencĂ© Ă  travailler aux chemins de fer de l’HĂ©rault. J’étais Ă  l’atelier de la gare Chaptal. C’était tout prĂšs. Mais je travaillais lĂ  par force, et j’y faisais ce qu’on me demandait de faire, c’est tout. Un patron qui dĂ©cidait, qui commandait, ça me gĂȘnait. Et j’ai pris ma retraite trĂšs tĂŽt. J’avais rĂȘvĂ© d’ĂȘtre vagabond me promener, Ă  droite, Ă  gauche. Il y en avait un dans ma famille et je l’admirai, j’avais envie de faire comme lui, mais mes parents n’ont pas voulu. C’était ça la vraie vie, la sienne . Puis, j’ai eu un vĂ©lo. Pendant les congĂ©s, je partais. Je suis allĂ© en Espagne, en Suisse, Ă  Paris. Je couchais dehors. J’ai peint aussi ; j’ai appris tout seul en regardant mon pĂšre. et Robert Durand me prĂ©sente des tableaux extraordinaires. LĂ , c’est une roulotte dans une rue, pas trĂšs loin. Je ne me souviens plus de son nom mais je sais comment y aller. LĂ , c’est le Pic Saint Loup. J’y allais souvent. Et voilĂ  la famille Cornier, qui habitait en face, au rez-de-chaussĂ©e. Ils n’ont jamais su qu’ils Ă©taient lĂ . Et sur ce tableau, je ne me souviens plus qui c’était je dĂ©couvre une superbe femme, Marianne au regard Ă©nigmatique, les seins nus dans un dĂ©cor floral. Aujourd’hui, je ne dessine plus. Je me promĂšne dans les rues de la ville, Ă  pied. Je ne prends jamais le bus. Je dĂ©cide de ma destination comme je veux. Quand il se passe quelque chose dans le quartier, j’y vais. Je n’ai pas la tĂ©lĂ©, je ne lis pas le journal. J’écoute les informations Ă  la radio. Cette maison est Ă  moi, j’y suis trĂšs bien. » Retour 26- TanĂ© FarrĂ© Je suis nĂ© Ă  Montpellier en 1935. On Ă©tait cinq dans la famille. J’habite toujours au faubourg Figuerolles. J’ai commencĂ© par ĂȘtre soldeur sur les marchĂ©s. Avant, mes parents Ă©taient des voyageurs, ils vendaient des draps de lit, des couvertures. Mon pĂšre avait vĂ©cu en Espagne. Mais ma passion, c’est la boxe. Je m’entraĂźnais avec Hippolyte Annex, qui sera plus tard champion de France, jusqu’au grave accident de voiture qu’on a eu en 1953 dans lequel notre entraĂźneur, LĂ©on Capman, a trouvĂ© la mort. Il me fallait aller boxer Ă  BĂ©ziers pour pouvoir continuer. A cause des trajets, j’ai arrĂȘtĂ© ma carriĂšre, mais j’ai continuĂ© Ă  boxer comme entraĂźneur bĂ©nĂ©vole pour les jeunes, pour les sortir de lĂ . J’ai fini par obtenir la crĂ©ation de la salle de boxe Ă  la citĂ© GĂ©ly. J’ai Ă©tĂ© le prĂ©sident de toute la communautĂ© gitane de Montpellier. J’ai arrĂȘtĂ© il y a 4 ou 5 ans, maintenant je suis Ă  la retraite. Avec mon ami Mario Marcou, on essayait de rĂ©gler les problĂšmes des gitans. La mairie nous avait engagĂ©s comme employĂ©s municipaux. On intervenait dans les Ă©coles Ă  la demande des instituteurs quand il y avait des histoires, dans les quartiers quand il y avait des bagarres, on ramenait le calme comme on pouvait. On avait un bureau et on touchait une subvention de la mairie ; Ă  peu prĂšs 2300 € par an qu’on utilisait surtout pour aider ceux qui n’arrivaient pas Ă  payer leur loyer ou l’électricitĂ©, mais c’était vite parti. On aidait aussi les gens Ă  trouver du travail, comme employĂ©s municipaux ou chez Nicollin. On intervenait Ă©galement pour qu’ils obtiennent un logement, comme Ă  la citĂ© GĂ©ly. Aujourd’hui, il n’y a plus une seule personne qui reprĂ©sente toute la communautĂ©. Ce travail est fait par plusieurs associations dont les prĂ©sidents sont reçus en mairie quand ils le demandent. Notre ancienne tradition du pĂšlerinage aux Saintes Maries de la Mer a Ă©normĂ©ment perdu de sens. Jadis, c’était trĂšs beau. Tout le midi s’y retrouvait. Narbonne, Perpignan, BĂ©ziers, Arles, Avignon, SĂšte, Tarascon
 Aujourd’hui, l’esprit n’y est plus, il y a des bagarres, les cafĂ©s ferment Ă  6 heures du soir. Avant, tout le monde chantait, les filles dansaient, c’était du bonheur. Il faut dire aussi que de plus en plus de gitans sont Ă©vangĂ©listes de Dieu » ; ils prient plutĂŽt le bon Dieu que les saints, donc ils ne vont pas au pĂšlerinage. En ce qui me concerne, de toute façon, je ne suis pas pratiquant. Quand on pratique quelque chose, il faut le faire sĂ©rieusement, et moi, j’aime bien trop m’amuser, je ne pourrais pas suivre les rĂšgles de la religion
 » Retour 27- Julien Del Litto Julien Del Litto est domiciliĂ© rue du PĂšre Fabre, au cƓur du quartier Figuerolles Ă  Montpellier. Depuis 3 ans, il s’est installĂ© professionnellement Ă  deux pas de chez lui, rue Legendre HĂ©rail, dans un atelier pas ordinaire. Il y fabrique de curieux objets en silicone Ă  la fois luminescents et translucides qui ne manquent pas d’étonner plus d’un passant. Lampes, vases, cendriers, mĂ©ticuleusement emballĂ©s, s’alignent sur des Ă©tagĂšres. Des hiboux, des lapins, de petits Ă©lĂ©phants et des crĂ©ations originales peuvent ainsi ĂȘtre illuminĂ©s de l’intĂ©rieur. Surprenant et magnifique travail qui est allĂ© jusqu’à sĂ©duire le MoMA Museum of Modern Art de New York, le salon Maison et Objets, ou encore le MusĂ©e des Arts DĂ©coratifs de Paris. Rencontre avec un artiste crĂ©ateur surprenant. Ce sera au lycĂ©e du Mas de Tesse que Julien Del Litto prendra la dĂ©cision de s’orienter vers un CAP de dessinateur en publicitĂ©. Deux ans de formation Ă  Paris qui se terminent par des stages en entreprise. Peu sĂ©duit par les stratĂ©gies de communication en marketing qui lui sont proposĂ©es, il dĂ©cide de rectifier le tir tout en restant dans son domaine de prĂ©dilection, la crĂ©ation artistique. C’est dans la DrĂŽme, Ă  l’École RĂ©gionale des Beaux-arts, qu’il s’inscrira alors pour une formation qui durera cinq ans. Ce qu’il prĂ©fĂšre, c’est la peinture J’ai rĂ©alisĂ© une importante sĂ©rie de tableaux qu’il faudra que j’expose un jour, mais je dois d’abord trouver un endroit qui me convienne
 » Quand on l’interroge sur ses crĂ©ations actuelles, Julien Del Litto nous explique qu’il y est arrivĂ© un peu par hasard J’avais rĂ©cupĂ©rĂ© un ancien tube en terre cuite, datant vraisemblablement du moyen Ăąge. J’ai dĂ©cidĂ© de le recouvrir de silicone, que j’ai laissĂ© sĂ©cher. Le silicone ne sĂšche qu’au contact de l’air si on en enduit une vitre, seul l’extĂ©rieur sĂ©chera, mais ce qui est au contact de la vitre reste adhĂ©sif, on ne peut pas l’enlever facilement. Sur la terre cuite, qui est poreuse, les deux cĂŽtĂ©s ont sĂ©chĂ©, j’ai donc ensuite pu dĂ©mouler facilement mon tube. J’avais ainsi créé une copie souple de mon tuyau ». IntĂ©ressĂ© par le rĂ©sultat, Julien Del Litto va concevoir des moules en plĂątre, de diverses formes. Il va colorer son silicone du silicone translucide neutre en tube du commerce, en y mĂ©langeant des colorants universels et crĂ©er ainsi divers objets en recouvrant ses moules d’une couche uniforme de silicone lissĂ© Ă  la spatule puis lustrĂ© Ă  l’essence F. Quand c’est sec, il dĂ©moule et voilĂ . Une fois par semaine, Julien Del Litto se consacre Ă  sa passion profonde, la peinture. Il nous explique la raison essentielle de son artisanat Aujourd’hui, un artiste ne peut pas vivre de son art ; il lui faut exercer une profession supplĂ©mentaire, gĂ©nĂ©ralement, c’est l’enseignement ». Pour lui, mission impossible. Je ne peux absolument pas faire ce mĂ©tier, mĂȘme avec des enfants, j’ai essayĂ©, cela m’ennuie, il me fallait trouver autre chose ». Et il trouve le voilĂ  devenu artisan, rĂ©pertoriĂ© Ă  la Chambre des MĂ©tiers. J’aurais pu m’inscrire Ă  la Maison des Artistes ; c’était plus avantageux sur le plan fiscal, mais un crĂ©ateur ne peut produire qu’un petit nombre de copies une quinzaine de chacune de ses Ɠuvres, en les numĂ©rotant. Moi j’ai des commandes de l’ordre de 200 Ă  300 piĂšces identiques ; je suis donc vraiment devenu un artisan crĂ©ateur ». A Montpellier, il fournit les Ă©tablissement Boudard ; sur le plan national, des groupes tels les Galeries Lafayette, Bon MarchĂ© ou le Printemps. Julien Del Litto a des clients dans de nombreux pays, retrouve ses objets sur des catalogues Ă©ditĂ©s par ses revendeurs aux quatre coins du monde. L’incroyable, nous dit-il avec malice, c’est que j’arrive Ă  en faire vivre les miens sans me compromettre ! ». Et il n’est pas peu fier de sa petite famille, d’abord de ses trois enfants qui ont deux ans d’intervalle C’est trĂšs bien comme ça, quand j’achĂšte un vĂ©lo au premier, il sera ensuite utilisĂ© par le second, puis le troisiĂšme, et c’est comme ça pour tout ». Il nous parle ensuite de son Ă©pouse qu’il a rencontrĂ©e Ă  Lyon. Elle est couturiĂšre depuis 1993 place Ste Anne Ă  Montpellier ; elle conçoit des robes sur mesure, pour les mariages, pour le conservatoire ». Julien Del Litto ajoute Ă  tout cela un engagement bĂ©nĂ©vole il est animateur Ă  L'Eko des Garrigues », une radio associative dont il est le trĂ©sorier non commerciale alternative et d'avant-garde » sur FM. Au sujet de son entreprise, Julien Del Litto envisage de se renouveler. Maintenant, il me faut trouver une nouvelle idĂ©e. Tiens, finalement pourquoi pas me faire salarier dans un autre secteur. Entretenir les espaces verts de la ville, par exemple ». Humour ou provocation ? Allez donc lui poser la question, cela en vaut la peine. Contact Julien Del Litto, crĂ©ateur-fabricant, 8 rue Legendre HĂ©rail, 34070 Montpellier. Tel 04 67 56 04 08. Sur le net fiatlux34 Retour 28- Le PĂšre Bonnet Celui qui sera surnommĂ© l'apĂŽtre de Figuerolles est nĂ© Ă  Capestang en 1870. Il sera ordonnĂ© prĂȘtre en 1893, occupera divers postes et c'est en 1917 qu'il sera nommĂ© par le Cardinal de CabriĂšres Chapelain de l'ImmaculĂ©e Conception. Il va ainsi confirmer l'apostolat commencĂ© dans le faubourg Figuerolles en Ă©quipe avec le pĂšre Fabre dĂšs 1908. Il jouissait d'une grande popularitĂ© dans le quartier, n'hĂ©sitait pas Ă  aller frapper Ă  la porte des plus riches pour obtenir de quoi nourrir les pauvres. A 80 ans, il subit une grave opĂ©ration, et finit ses jours Ă  la Sainte Famille. A ses obsĂšques, en 1955, son corps sera portĂ© Ă  travers les rues de Figuerolles en une immense procession. Son nom sera donnĂ© Ă  la rue dans laquelle se trouve la chapelle de l'ImmaculĂ©e Conception ainsi qu'au square qui se trouve Ă  l'angle de cette rue et du faubourg Figuerolles.. Retour 29- L'AbbĂ© Coursindel. NĂ© en 1904 Ă  Mauguio, il sera ordonnĂ© en 1934 Ă  l'Ă©glise Sainte Eulalie rue de la Merci Ă  Montpellier. Iil sera mobilisĂ© en 1939, blessĂ© et prisonnier de guerre. Il va ensuite consacrer son ministĂšre Ă  l’aumĂŽnerie dans le monde du travail dĂ©jĂ  aumĂŽnier diocĂ©sain adjoint de la Jeunesse OuvriĂšre ChrĂ©tienne, et en 1942, puis dans le monde agricole et en 1944. Il est nommĂ© ensuite chanoine de la basilique cathĂ©drale de Montpellier, au retour des prĂȘtres prisonniers, en septembre 1945. En 1950, il devient l'adjoint du pĂšre Bonnet et Ă  sa mort, en 1955, il sera nommĂ© curĂ© de la paroisse de Notre Dame de la Paix, qui incluait Figuerolles. Ensuite, la paroisse sera scindĂ©e en deux. Lui sera nommĂ© curĂ© de la paroisse ImmaculĂ©e Conception. Il est victime d'un accident de la route, le 29 avril 1964 " C'Ă©tait un matin, vers 7 h 30, se dĂ©plaçant en mobylette vers Villeneuve-les-Maguelonne, se trouvant entre le chĂąteau de la Lauze et le relais de Terreneuve, que l'abbĂ© fut heurtĂ© par une voiture de marque Peugeot 404. C'est en voulant doubler que le vĂ©hicule accrocha la mobylette de l'abbĂ©. Sous la violence du choc, le pauvre homme dĂ©cĂ©da sur le coup. Une chapelle ardente fut dressĂ©e dans le modeste presbytĂšre de de la Paix, Ă  Figuerolles-le-haut ". Personnage trĂšs aimĂ© en raison de son investissement, de son charisme et de sa gĂ©nĂ©rositĂ©, ses funĂ©railles rassemblĂ©rent une foule immense. Son nom sera donnĂ© au petit square situĂ© entre la rue St Antoine et la rue Pierre Fermaud square malheureusement promis aujourd'hui -2017- Ă  un projet immobilier. Retour 30- Lojka Mitrovic A Montpellier, le quartier des Saints est relativement peu citĂ© dans les divers agendas et programme de visites de notre ville. Pourtant, c’est un vĂ©ritable petit trĂ©sor, qui a son identitĂ© propre, ses traditions un document tout Ă  fait officiel de la ville de Montpellier cf page accueil, destinĂ© Ă  dĂ©limiter des Zones de Protection du Paysage Architectural, Urbain et Paysager ZPPAUP en fait la prĂ©sentation suivante Le Quartier des Saints, dont la typologie de maisonnettes abrite un ou deux logements, contribue Ă  des usages que l’on pourrait qualifier de mĂ©diterranĂ©ens et oĂč l’espace public y est annexĂ© par ses habitants. Dans ce quartier modeste, oĂč l’artisanat Ă©tait relativement prĂ©sent, ces quelques rues conservent Ă  la fois les usages et les modes de vies qui s’y sont dĂ©veloppĂ©s ». En ces journĂ©es du Patrimoine, il vous faut donc profiter du beau temps ? pour visiter un endroit ignorĂ© jusqu’alors, l’HĂ©rault du Jour Ă  la main. C’est au travers du tĂ©moignage d’un de ses acteurs, le menuisier Lojka Mitrovic, que nous allons y vivre un instant. Nous allons faire comme lui et bien d’autres, des gens d’ici et d’ailleurs, ou ni vraiment d’ici, ni vraiment d’ailleurs, mais qui sont devenus des rĂ©sidents pour un temps ou pour toujours du petit quartier des Saints. Lojka Mitrovic est nĂ© en 1952 Ă  Kursumlija, une petite ville de Serbie du district de Toplica. Venu rejoindre son frĂšre, c’est son art du football et son aptitude au sport de haut niveau qui, Ă  vingt ans, vont le faire rester en France, Ă  Aurillac dans le Cantal. Son poste sur le terrain, c’était le numĂ©ro cinq, celui que l’on nomme le libĂ©ro. En complĂ©ment, il trouvera du travail sur place dans une usine de meubles. Par la suite, il sera invitĂ© par son patron au Cap d’Agde, y passer quelques week-end. Mais les choses ne s’arrĂȘtent pas lĂ  car les affaires vont aller bon train. Nos menuisiers dĂ©crochent des chantiers sur place et de fil en aiguille, Lojka Mitrovic devient un vĂ©ritable montpelliĂ©rain. C’est avec son patron, Jean Alba, que commence la carriĂšre de menuisier de Lojka Mitrovic, il y a 30 ans, 10 rue de Metz, au cƓur du quartier des Saints, dans un atelier qui existait dĂ©jĂ  depuis longtemps. Au dĂ©but, on travaillait beaucoup pour le pĂ©trole, pour l’entreprise UIE du chemin de MoularĂ©s, nous explique Lojka. On fabriquait du matĂ©riel pour les plates-formes. Il fallait que ça tienne le coup. On utilisait beaucoup le peuplier qui rĂ©siste bien parce qu’il est flexible. On travaillait aussi pour les forages, dans le dĂ©sert ; lĂ  aussi, il fallait que ce soit Ă  toute Ă©preuve ». C’est arrivĂ© Ă  l’ñge de soixante-dix ans, en 1996, que Jean Alba dĂ©cide de cĂ©der l’affaire Ă  son employĂ©. Aujourd’hui, je ne fabrique plus beaucoup. Je pose des menuiseries industrielles, mais attention, pas n’importe lesquelles et je fais de l’agencement de cuisines, de magasins, des placards. Encore quelques restaurations de meubles, mais peu. J’ai beaucoup de travail dans les quartiers du centre ville oĂč il est obligatoire de poser des menuiseries en bois. Le bois, c’est beaucoup mieux que les nouveaux matĂ©riaux. Bien plus isolant et si c’est du bon rĂ©sineux, du Nord rouge, c’est presque Ă©ternel ! ». Le quartier des Saints, Ă  mes dĂ©buts, Ă©tait peuplĂ© d’artisans, nous explique Lojka en nous promenant dans les rues. Juste Ă  cĂŽtĂ©, un mĂ©canicien, Manogil ; en bas de la rue de Metz, sur la petite place, un autre menuisier ; juste en face de nous, dans l’ancienne Ă©picerie Lacoste, c’était du matĂ©riel pour boulangerie ; plus haut, il y avait MerciĂ©ca, le carrossier ; Tarral le peintre, au numĂ©ro 16 ; Alain Vaillant, le spĂ©cialiste en chaudiĂšres au 23 ; Omnium Chauffage, rue Haguenot un vrai spĂ©cialiste oĂč on venait de toute la ville chercher du matĂ©riel de plomberie ; Alain, le peintre en lettres, rue du PĂšre Fabre. Il y avait bien 5 ou 6 menuisiers dans le quartier, comme Claude Lavezac, rue PagĂ©s. Et tous travaillaient beaucoup ». C’était le Bar des Lilas, place Bouschet de Bernard, et le restaurant voisin, Le Renouvier, qui Ă©taient alors le QG de toute cette fine Ă©quipe. C’est il y a une vingtaine d’annĂ©es, que peu Ă  peu, les artisans ont quittĂ© le quartier. Les habitudes ont changĂ©, il est devenu trĂšs difficile de se garer, d’autres besoins se sont faits sentir. Ce qui Ă©merge aujourd’hui comme traces, c’est le foisonnement associatif, visible au moins sur les boĂźtes aux lettres, ce sont les ateliers d’art Ecole Brousse, Atelier du Nord, etc., les animations alternatives genre couscous de rue ou partie de pĂ©tanque tiens, il y aura un marchĂ© aux puces le dimanche 5 octobre rue du PĂšre Fabre, la persistance de cette tradition de vie sociale en commun qui rĂ©gule autant que faire se peut les dĂ©rives des uns et des autres. Retour 31- Pascal Moisset, Century 21 Natif du Nord-Aveyron, Pascal Moisset est un professionnel de l’immobilier. Son BTS comptabilitĂ©-gestion d’entreprises en poche, il commence Ă  exercer dĂšs 1990 en rĂ©gion parisienne, comme collaborateur au sein d’agences. C’est en 1996 qu’il intĂšgre le groupe Century 21. En 2000, il achĂšte l’agence immobiliĂšre du mĂȘme nom sise 14 boulevard Renouvier Ă  Montpellier Le label Century 21 Eurogestrim, avec ses 950 agences en France, est une franchise, nous explique-t-il ; nous achetons le droit d’image pour exercer sous cette enseigne. De plus, nous bĂ©nĂ©ficions de sa notoriĂ©tĂ© et de ses Ă©normes moyens de promotion TĂ©lĂ©vision, Internet, journaux professionnels, etc. ». Pascal Moisset saura dĂ©velopper son affaire en crĂ©ant de l’emploi et en ouvrant deux autres agences 6 collaborateurs travaillent avec lui Bd Renouvier ; 5 autres dans une deuxiĂšme agence Ă  Lattes et 5 de plus Ă  Mauguio. Pascal Moisset nous explique que chacune de ses agences est une agence de proximitĂ©, qui fonctionne avec son territoire Nous voulons ĂȘtre connus et reconnus sur notre secteur ; nous allons Ă  la rencontre des gens il n’y a rien de mieux que d’aller voir quelqu’un chez lui. Les services que nous offrons sont la transaction, la location et la gestion de biens nous trouvons le locataire et nous occupons de tout ». Vient bien sĂ»r la question du territoire, de son Ă©volution, de ses transformations qui en font un terrain spĂ©cifique et Ă©volutif Le quartier oĂč nous sommes, Figuerolles et ses alentours, connaĂźt de grands changements. L’opĂ©ration Grand CƓur a entrepris une importante rĂ©novation du quartier en rachetant des immeubles, en aidant les propriĂ©taires Ă  ravaler les façades, Ă  refaire les cages d’escalier. Tout ceci amĂ©liore l’image gĂ©nĂ©rale de l’habitat et le quotidien de tous ceux qui y demeurent ». En rĂ©ponse aux protestations que l’on peut entendre ici oĂč lĂ  voir photo au sujet des prĂ©emptions effectuĂ©es par la SERM sur les ventes en cours, Pascal Moisset est rassurant Ce qui est rachetĂ©, en fait, ce sont des appartements insalubres dans des immeubles souvent en mauvais Ă©tat, ou des immeubles complets en trĂšs mauvais Ă©tat, louĂ©s dans de mauvaises conditions. Quand nous avons Ă  la vente des logements de ce type, la SERM nous contacte afin que nous lui fassions visiter ces biens. Toutefois, dans ce type de cas, j’ai vu des ventes se faire sans prĂ©emption aprĂšs que le futur propriĂ©taire se soit engagĂ©, avec un projet bien ficelĂ©, Ă  rĂ©nover son acquisition selon les rĂšgles. Pour donner un chiffre, nous avons en moyenne deux prĂ©emptions pour 50 Ă  60 affaires conclues dans notre agence ». Maison Tarral, 16 rue de Metz L’arrivĂ©e annoncĂ©e du tramway Cours Gambetta s’ajoute Ă  l’attrait qu’exerce ce quartier sur un certain public, nous explique Pascal Moisset. Ce public certain est, depuis dix ans, un public plutĂŽt jeune Les prix sont plus abordables qu’à Boutonnet ou aux Beaux-Arts ; le centre ville est Ă  deux pas ». Toutefois, estime-t-il, les prix n’augmenteront pas en 7 ans, ils avaient doublĂ© ! La tendance est vraiment Ă  la baisse, au rééquilibrage. Les ventes ne se font plus aussi vite qu’avant et demandent de 2 Ă  6 mois de prospection si le vendeur est rĂ©actif, c’est Ă  dire s’il sait adapter son prix aux cours du marchĂ© actuel ». Et les affaires continuent S’il y a 25 pour cent de transactions en moins, certes, la crise annoncĂ©e dans les mĂ©dias n’est pas si grave les prĂȘts sont toujours accordĂ©s, mĂȘme si les taux sont plus Ă©levĂ©s et si les banques demandent un apport personnel plus important. Les prĂȘts relais sont plus difficiles Ă  obtenir parce que le montant estimĂ© de la vente d’un bien n’est pas le montant obtenu Ă  la vente. Il est plus prudent d’attendre d’avoir vendu pour acheter, ce que se rĂ©signent Ă  faire les clients actuels ». Pascal Moisset nous signale Ă©galement le recul, depuis six mois, des acheteurs Ă©trangers de l’Europe du Nord, recul qui va jusqu’à la mise en vente de biens y compris dans l’arriĂšre pays. Par contre, l’attrait du soleil s’exerce toujours fortement pour les gens du centre et du nord de la France, surtout les retraitĂ©s On est l’endroit le moins cher de la cĂŽte
 Au final et contrairement Ă  ce qui est parfois avancĂ©, cette zone est occupĂ©e par une population trĂšs similaire Ă  celle qui occupe les autres quartiers de la ville ». Il nous restait Ă  demander Ă  Pascal Moisset pourquoi plus de la moitiĂ© des transactions et des locations sont confiĂ©es Ă  des agences du type de la sienne Nous offrons un conseil, une analyse comparative du marchĂ©, un accompagnement personnalisĂ© et juridique. Nous avons de vĂ©ritables acheteurs, titulaires d’un budget, qui ne sont pas de simples curieux. Les visites sont accompagnĂ©es, nous ne faisons pas entrer n’importe qui chez le vendeur, c’est ça la diffĂ©rence ». Contact 14 bd Renouvier 34000 Montpellier. Tel. 04 67 06 13 00 ; E-mail ag750 Internet Retour 32- Dari BoumĂ©dienne Quand les bouchers ont des secrets de famille qui mettent l’eau Ă  la bouche, il faut ouvrir le four en grand ! Le plaisir de la chair et de la bonne chĂšre Figuerolles, Ă  Montpellier, ne manque pas de trĂ©sors. Mais comment ce quartier arrive-t-il ainsi Ă  collectionner les personnages emblĂ©matiques, les artisans exceptionnels, les artistes de talents et les surdouĂ©s de tous poils ? C’est lĂ  qu’est le mystĂšre. Il faut croire que tout le monde y met du sien, parce qu’il a fini par s’y crĂ©er une sorte de champ magnĂ©tique, ou plutĂŽt, y rĂšgne une curieuse loi de la gravitation universelle
 Nous prĂ©sentons cette semaine une institution qui pour beaucoup ne serait pas Ă  prĂ©senter tant sa renommĂ©e est grande. En effet, comme c’est dĂ©jĂ  le cas pour beaucoup d’autres commerçants, nous voilĂ  face Ă  une Ă©choppe qui est frĂ©quentĂ©e par des gens du quartier, certes, mais aussi par des clients qui viennent parfois, Ă©tonnamment, de fort loin. Mais son propriĂ©taire veut rester discret et modeste, soucieux de n’occuper que la place qui lui revient et de ne faire ombrage Ă  personne. Nous sommes donc rue Figuerolles ; une rue qui donne naissance au faubourg du mĂȘme nom. Il y a lĂ  une boucherie halal, qui attire l’attention pour deux raisons la richesse de son Ă©tal mais aussi la queue qui s’y forme rĂ©guliĂšrement jusque parfois loin dans la rue. On se dit immĂ©diatement que la viande ne doit pas ĂȘtre ici seulement belle et appĂ©tissante, mais que vu le public qui s’y presse, elle doit ĂȘtre aussi fort bonne. Il y a des endroits oĂč faire la queue est ennuyeux, tout le monde en convient, mais ici, c’est diffĂ©rent ; on ne voit pas passer le temps. Tout d’abord parce que tout le monde finit par se parler, soit parce que les gens se connaissent, soit parce qu’il est difficile de rĂ©sister Ă  la bonne humeur ambiante. Il faut dire que les serveurs y sont pour beaucoup toujours le mot pour rire, le bon trait d’humour qui dĂ©tend l’atmosphĂšre. Alors soit on participe, soit on Ă©coute avec dĂ©lectation les perles en tous genres que la bonne ambiance gĂ©nĂšre. Le patron, ici, s’appelle M. Dari Boumediene. Un personnage, une fois de plus, qui est presque un monument historique Je suis ici depuis 17 ans, nous confie-t-il ; mais avant, j’avais travaillĂ© 20 ans dans la boucherie de M. Bensoussan, rue de la ValfĂšre. Quand il a pris sa retraite, j’ai dĂ©cidĂ© de m’installer quelque part, Ă  mon compte. J’avais toujours aimĂ© ce quartier. C’est un quartier ambiance », commerçant, avec des gens, du passage. Il s’y passe toujours quelque chose. En y venant, je ne me suis pas trompĂ© c’est un grand succĂšs ». Ce qui est vraiment magique, c’est de voir l’incomparable habiletĂ© de notre boucher dĂšs qu’il a une piĂšce de viande et un couteau entre les mains. Tout va Ă  cent Ă  l’heure, c’est tranchĂ©, dĂ©sossĂ©, parĂ© en un tour de main
 Quelle expĂ©rience ! J’achĂšte mes bĂȘtes directement Ă  un chevillard. Des animaux nĂ©s, Ă©levĂ©s et abattus en France que je choisis personnellement. C’est leur qualitĂ© qui m’assure cette clientĂšle, qui me la fidĂ©lise. Je reçois les carcasses entiĂšres et je les prĂ©pare moi-mĂȘme ». Dari Boumediene me conduit vers son atelier de dĂ©coupe, dans lequel je rentre sur la pointe des pieds tant y rĂšgne un ordre impeccable. J’ai un peu l’impression d’ĂȘtre un Ă©lĂ©phant dans un magasin de porcelaine. Dans la chambre froide, contiguĂ«, s’alignent suspendus, les morceaux de viande apprĂȘtĂ©s et classĂ©s selon l’animal dont ils proviennent, bƓuf, agneau, volailles. Viande Ă  rĂŽtir, Ă  mijoter, Ă  braiser et je vous laisse en trouver d’autres. L’eau m’en vient Ă  la bouche, en bon carnivore que je suis. Mais en plus, il y a ici de vrais secrets de fabrication, inimitables. Vous pouvez par exemple commander un poulet farci. Si vous ne connaissez pas, je vous assure, vous serez surpris. C’est excellent. Plus simple et tout autant secret la kefta, une viande hachĂ©e Ă©picĂ©e, ou tout simplement les merguez. Mais vous n’en saurez pas plus sur la fabrication, c’est un secret de famille, qui ne se transmet que de pĂšre en fils et ne se dĂ©couvre que dans l’assiette. Donc acte. Il nous reste une derniĂšre explication Ă  obtenir, au sujet de la viande halal. M. Dari Boumediene nous explique Pour nous, il ne doit pas rester de sang dans le corps de l’animal. Les bĂȘtes sont toujours toutes saignĂ©es selon la coutume musulmane et sacrifiĂ©es par un religieux musulman, quelqu’un qui pratique et respecte les rĂšgles de l’Islam. Par exemple, moi, je suis habilitĂ© pour le faire et je l’ai fait trĂšs souvent. J’ai mĂȘme officiĂ© jadis aux anciens abattoirs qui se trouvaient dans ce que l’on appelle maintenant le quartier des Beaux-Arts depuis les annĂ©es 80 ». C’est que notre boucher est nĂ© en 1953, et c’est en 1972 qu’il a commencĂ© Ă  exercer son mĂ©tier. Aujourd’hui, c’est pas moins de sept personnes qui travaillent avec lui rue Figuerolles. Toute une petite famille trĂšs frĂ©quentable, unie pour le meilleur de nos repas les plus carnassiers
 Contact Boucherie Dari Boumediene, 13 rue du faubourg Figuerolles, Montpellier. Tel. 04 67 92 34 21 Retour 33- Madame Plume d'or Madame Plume d’Or est nĂ©e le 6 janvier 1922. Eliane Cardonnet, car c’est d’elle qu’il s’agit, a Ă©tĂ© ainsi surnommĂ©e par ses anciens clients qui l’apostrophent amicalement de la sorte quand ils la croisent dans les rues du quartier Figuerolles. Aujourd’hui, Madame Plume d’Or fait encore ses promenades, tous les aprĂšs-midis, en compagnie de la jeune et dĂ©vouĂ©e Emilie, qui l’accompagne dans les rues. Le quartier des Saints et le Parc de la Guirlande sont ses lieux prĂ©fĂ©rĂ©s. Le quartier des Saints avec la cĂ©lĂšbre Rue Saint Antoine, celle lĂ  mĂȘme qui a vu naĂźtre Eliane Cardonnet, il y a aujourd’hui
 87 ans et le Parc de la Guirlande, un lieu remarquablement reposant, avec son buffet d’eau, son cadre de verdure et ses allĂ©es fleuries », nous explique-t-elle. Mais alors, pourquoi ce surnom ? Explications, de la bouche mĂȘme de la surnommĂ©e La Plume d’Or, c’était une librairie-Papeterie que j’ai créée dans le faubourg Figuerolles parce que je voulais que mes enfants puissent faire des Ă©tudes, je voulais pouvoir les leur payer. Aujourd’hui, cette boutique est devenue un taxiphone, mais le propriĂ©taire a laissĂ© sur la porte d’entrĂ©e, qui est vitrĂ©e, la poignĂ©e, en forme de plume d’or, que j’avais faite faire spĂ©cialement ». Magique, non ? Il fallait savoir que cette Plume d’Or existait toujours, porteuse de toute cette belle histoire, prĂ©cieux objet de mĂ©moire passĂ© entre tant de mains
 Mais alors, vos enfants, Madame Cardonnet, que sont-ils devenus ? J’en suis trĂšs fiĂšre mon fils GĂ©rard occupait un poste important Ă  la Caisse d’Allocations Familiales du Gard il est Ă  la retraite depuis peu, ma fille Muguette est orthophoniste Ă  Montpellier, mon autre fille Marie est professeur agrĂ©gĂ©e de physique chimie, et j’ai encore une autre fille, Evelyne qui construit sa maison dans les PyrĂ©nĂ©es. Ils ont tous trĂšs bien rĂ©ussi ; j’ai eu quatre enfants et maintenant j’en suis Ă  sept petits enfants ! ». Eliane Cardonnet rassemble alors ses souvenirs personnels, dispersĂ©s par le temps et les Ă©preuves, pour nous parler de sa vie, des diffĂ©rentes pĂ©riodes qu’elle a traversĂ©es Quand j’étais jeune, j’aidais ma mĂšre Ă  porter le pain chez les gens qui en avaient commandĂ©. On allait le chercher Ă  la boulangerie de la place Salengro chez Mme Peyre, boulangerie qui existe toujours, Ă  cĂŽtĂ© de la poissonnerie La PĂȘcherie, et je l’aidais Ă  pousser la voiturette.. Puis, j’ai travaillĂ© Ă  la pharmacie populaire, avant d’avoir un poste de secrĂ©taire Ă  la caserne Grossetti le couvent des Ursulines. Ensuite, j’ai travaillĂ© longtemps Ă  la fonderie montpelliĂ©raine qui se trouvait lĂ  ou s’est Ă©tabli Epsedance, au numĂ©ro 54 du faubourg Figuerolles, dans une petite impasse juste avant le pont en montant Ă  droite. Il y avait lĂ  beaucoup d’ouvriers qui travaillaient la fonte. Ils fabriquaient des bouches d’égout. Il paraĂźt qu’on en voit encore sur les trottoirs, dans les rues. Moi, je travaillais Ă  l’étage, dans les bureaux, comme secrĂ©taire. Mon nom de jeune fille, c’était Voindrot, et je me suis mariĂ©e avec Fernand Cardonnet, mon mari donc, qui Ă©tait coiffeur dans la Grand Rue. Mais il est dĂ©cĂ©dĂ© en 2001». Il faut donc parler de la grande Ă©poque ; celle de la librairie papeterie, qu’Eliane Cardonnet tiendra de la fin des annĂ©es 1960 jusqu’en 1987. Tous les anciens habitants s’en souviennent parfaitement. Aline, l’institutrice Ă  la retraite, y Ă©tait une habituĂ©e On venait y acheter beaucoup de choses, pas seulement de la papeterie. Les livres, mais aussi les cadeaux pour les fĂȘtes de fin d’annĂ©e, les anniversaires. C’était l’époque des romans d’aventure du fameux Bob Morane, et mon petit frĂšre en lisait beaucoup. C’est lĂ  qu’on les lui achetait. Il y avait aussi des petits objets et bien sĂ»r de beaux stylos Ă  la plume en or
 ». Mais Madame Plume d’Or a gardĂ© le meilleur pour la fin. En effet, elle nous a prĂ©parĂ© une Ă©norme surprise Vous savez, quand j’étais petite, nous dit-elle, j’ai bien suivi Ă  l’école, mais sans plus. Alors figurez-vous que je me suis Ă©tonnĂ©e moi-mĂȘme je me suis mise Ă  Ă©crire des poĂšmes. C’est sorti de moi, comme ça, tout seul ! Tenez, je vais vous en donner un ! ». Et Eliane Cardonnet nous fait un cadeau. C’est la premiĂšre fois qu’un de ses poĂšmes est publiĂ©. Je vous le laisse lire. Il s’intitule Entre les pages de mon cƓur. Entre les pages de mon cƓur, parmi mille feuillets jaunis, petites joies et grands bonheurs. J’ai retrouvĂ© tous mes amis, et dĂšs lors, j’ai fait l’inventaire de mes souvenirs les plus chers. De tous les autres, qu’ai-je Ă  faire s’ils ont pour moi un goĂ»t amer. J’ai choisi de mettre au secret tous mes chagrins, toutes mes peines de ce qui hier m’a pu blesser pour que mon Ăąme soit sereine. Mais l’oubli d’une seule chose dĂ©pendrait-elle de notre heur ? Puis-je ne garder que les roses entre les pages de mon cƓur ? » Retour TICOIN TRANKIL' est un salon de coiffure situĂ© au Adrin CĂ©line4 rue Commerce Ă  Saint Georges lĂšs Baillargeaux (86130) dans la Vienne. Lire ou dĂ©poser un avis sur ce salon . Recherchez votre coiffeur ou salon de coiffure. Nom du salon / coiffeur. La ville* Accueil; Rechercher un coiffeur; DĂ©poser des avis; Contactez-nous; Ajouter un salon de coiffure;

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